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Le lait en poudre européen inonde les marchés ouest-africains. Ce produit importé vendu à bas prix, concurrence le lait local. L’émission 7 milliards de Voisins du 16 septembre 2020 présentée par Emmanuelle Bastid s’est penchée sur la question avec des invités comme l’agroéconomiste Bio Goura Soulé, le responsable plaidoyer et genre à l’APESS Hindatou Amadou et le co-fondateur de La laiterie du Berger Bagoré Bathily.
Selon Claire Fages, journaliste au Service économie de RFI, présentatrice de ‘’La Chronique des Matières Premières’’, le marché du lait s’est mondialisé au fil des années.
En 2015, l’Europe explique-t-elle est rentrée dans la mondialisation laitière qui est dirigée par La Nouvelle Zélande (grand exportateur du lait dans le monde).
La surproduction du lait a nécessité l’exportation dans les pays qui en ont besoin dont ceux de l’Afrique de l’Ouest. Ces importations constituent une menace pour les producteurs locaux.
Une vache européenne produit en moyenne 28 litres de lait par jour alors qu’une vache africaine ne donne que 2 à 4 litres de lait par jour.
Pour M. Bio Goura Soulé, agroéconomiste, assistant technique sur les questions d’élevage, transhumance et pastoralisme pour le compte de la CEDEAO, un tel écart s’explique à trois niveaux : l’alimentation, les questions de santé animale et la génétique.
« Tout cela ne favorise pas le développement (...) ça fait que la productivité tourne autour de 2 litres par vache », a-t-il indiqué. A l’en croire, même le plus grand problème se situe au niveau de la collecte.
Selon Bagoré Bathily, co-fondateur de La laiterie du Berger, il faut relier la collecte à la transformation et la mise en marché. Le lait en poudre importé d’Europe coûte moins cher que le lait local (30 % moins cher). Il est donc consommé par plusieurs familles de l’Afrique de l’Ouest en dépit de sa composition.
Mauvaise qualité du lait européen
Selon la journaliste Claire Fages, il s’agit de poudre de lait ré-engraissée avec des matières grasses végétales. « C’est un produit fait en Europe qui depuis quelque temps a été interdit à la vente en Europe. Pourquoi ? Parce que c’est considéré comme pas tout à fait du lait. C’est de la tromperie aux consommateurs et puis c’est mauvais pour la santé », déclare-t-elle. Beaucoup moins nutritif que le lait de vache, le lait importé est parfois remplacé par du lactosérum (servant normalement à faire des biscuits).
Hindatou Amadou, responsable plaidoyer et genre à l’APESS (Association de promotion Élevage au Sahel et en Savane), et coordinatrice de la campagne "Mon lait est local" basée au Burkina Faso, déplore le fait que les consommateurs en Afrique ne comprennent pas cette différence. « Ils voient seulement au niveau des prix donc étant moins cher (le lait importé) ils consomment », a-t-elle notifié.
La campagne ‘’Mon lait est local’’ permet donc d’informer les consommateurs pour qu’ils puissent faire des choix raisonnés. Aussi, souligne-t-elle que l’étiquette du lait importé ne renseigne pas sur tous les composants. Elle note également le faible taux de taxation du lait en poudre.
Face à cette situation, la CEDEAO doit songer à « l’augmentation de cette taxe pour pouvoir développer la production locale ».
« C’est envisageable parce qu’on est dans un processus de révision du tarif extérieur commun de la CEDEAO. De plus en plus, il est question qu’on puisse adopter des mesures de dépenses qui viennent s’ajouter aux taxes qui sont là et permettre d’ajuster le niveau de l’offre et de la demande selon les besoins de la région », a relevé l’agroéconomiste Bio Goura Soulé. Cette mesure poursuit-il demande une organisation beaucoup plus forte des organisations régionales qui permettent de disposer d’informations et de données crédibles ».
Pour Bagoré Bathily, co-fondateur de La laiterie du Berger, il faut une vision politique et des réformes structurelles à tous les niveaux : transformer le système élevage, quantifier la transformation en améliorant la collecte, organiser le marché et inciter les gens, les consommateurs vers une préférence des produits locaux.
A.A.A
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