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Dans plusieurs communes des départements de l’Atacora et de la Donga, des jeunes ont vu leur quotidien transformé grâce au projet MADE « Maçons de Demain : former et insérer dans l’écoconstruction ».
Âgé de 30 ans, Pierre Welaka a été formé aux métiers de la pierre et de l’écoconstruction à Djougou. Maçon de formation, il a découvert une autre manière de construire à travers le programme MADE. « On nous a donné la formation sur comment tailler les pierres et comment construire avec les pierres. Ils nous aussi ont formé sur la fabrication des briques de terre comprimée (…) et l’élévation des murs », raconte-t-il. Depuis la fin de sa formation, ses compétences sont de plus en plus recherchées. « Ce projet m’a permis de gagner des chantiers dans mon village plus que mes collègues parce que j’ai des expériences », a-t-il confié.
Pierre fait partie des bénéficiaires d’un programme visant à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes dans le secteur du bâtiment et à appuyer le développement des filières territoriales d’écoconstruction. La troisième et dernière phase du programme initié en 2016 et piloté par Acting for Life est consacrée depuis 2022 au projet MADE « Maçons de Demain, former et insérer dans l’écoconstruction. Ce projet cofinancé par l’Agence Française de Développement (AFD) a permis de former les jeunes en situation de vulnérabilité à la maçonnerie et à l’écoconstruction.
Moudachirou Boukari, père de famille, avoue avoir été sceptique au début. « On croyait que c’était de l’amusement. Mais à la fin, j’ai compris que c’était du concret. ». Aujourd’hui, il en tire de vrais bénéfices. « Je gagne mieux ma vie maintenant. J’ai oublié la souffrance que j’ai enduré lors de la formation », a-t-il indiqué. Moudachirou envisage déjà de construire sa propre maison avec des matériaux locaux en 2026.
Avec un diplôme en maçonnerie obtenu en 2019, le jeune Sadji Safinou a lui aussi suivi la formation en écoconstruction en 2020 à Natitingou. « Quand je suis revenu, tout le monde cherchait à voir quelle connaissance j’avais pu acquérir. Effectivement, tout le monde a apprécié le travail que j’ai fait », se souvient-il. Safinou a déjà construit deux bâtiments en matériaux locaux.
Au Centre de formation professionnelle de Djougou, Timothée Aballo, formateur en écoconstruction, est fier des résultats obtenus. « Ils ont eu une formation d’une durée de 6 mois. Ils ont eu un chantier sur lequel ils se sont formés pour mieux prendre la main », a indiqué le formateur.
Une dynamique à renforcer
À la tête de la commune de Ouassa-Péhunco, le maire Orou Maré Koto se réjouit de cette dynamique. Pour lui, l’écoconstruction représente une réelle opportunité locale : « C’est très pratique et l’autre chose encore, c’est la création d’emploi parce qu’à travers cette activité, nos jeunes ont aujourd’hui trouvé de l’emploi », a relevé le président de l’Association des communes de l’Atacora et de la Donga.
Plus qu’un choix écologique, l’écoconstruction offre également une meilleure durabilité que les bâtiments en ciment. A l’en croire, le manque d’information, la réticence au changement, le coût du matériel ou encore l’absence de normes officielles freinent encore l’adoption à grande échelle. Il estime que les collectivités doivent montrer l’exemple. « Si l’administration adopte l’écoconstruction, les particuliers suivront », a-t-il affirmé.
Dans les régions de la Kara et des Savanes (Togo), de Bandiagara (Mali), des centaines de jeunes ont été aussi formés. Face aux défis climatiques, économiques et sociaux, le projet MADE montre qu’une autre manière de bâtir est possible. À condition que les collectivités, les acteurs privés et les citoyens s’en saisissent pleinement, cette dynamique pourrait transformer durablement nos territoires.
Akpédjé Ayosso
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