vendredi, 4 juillet 2025 -

1046 visites en ce moment

Economie

Vers une révocation du francs CFA

Par Paul O. OJUOLA




« Sortir l’Afrique de la servitude monétaire. À qui profite le franc Cfa ? ». C’est le titre d’un pavé que les économistes africanistes se préparent à sortir. Cette charge qui est un procès en règle contre la monnaie africaine, repose avec acuité le débat sur l’utilité du Cfa

Vendredi 30 septembre2016, lors de la conférence de presse organisée à l’issue d’une rencontre des ministres des finances de la zone franc à Bercy, ministres et gouverneurs de banques n’ont pas voulu trancher le débat sur l’opportunité du franc Cfa. Quelques jours auparavant, c’est le Secrétaire général adjoint de l’Onu et secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, qui avait mis le pied dans le plat.
Selon, Carlos Lopes, cette monnaie utilisée par 14 pays africains « n’est pas adaptée à la conjoncture internationale ». En termes, non-diplomatiques, le franc Cfa appauvrit les économies africaines et ne font pas émerger les pays qui l’utilisent. « Il faut vraiment une discussion sur la zone franc. Aucun pays au monde ne peut avoir une politique monétaire immuable depuis 30 ans. Cela existe dans la zone franc. Il y a donc quelque chose qui cloche », a-t-il déclaré.
Réunis à Paris autour du ministre français des Finances, Michel Sapin, certains ministres africains ont défendu le maintien du franc Cfa . Leurs arguments résident dans la constance et la résistance aux chocs économiques de cette monnaie utilisée par quatorze pays de l’Afrique de l’Ouest et centrale, à laquelle s’ajoutent les Comores. Par contre, de nombreux économistes africains et européens ont plusieurs fois remis en cause le système monétaire du franc CFA et réclamé l’abandon de la monnaie. Parmi eux, l’ancien ministre togolais de la prospective et de l’évaluation des politiques publiques, Kakpo Nubukpo , qui demande l’ouverture d’un débat sur un modèle qui, selon lui, « n’a pas tenu ses promesses et plombe le développement de nos pays ». « Je ne pense pas que nos pays puissent se développer en pratiquant la politique monétaire de l’Allemagne. Or la situation est bien celle-là. Notre arrimage à l’euro nous contraint à pratiquer la politique monétaire d’un pays fort dans des économies faibles. Cela revient à taxer les exportations et à subventionner les importations », confie Kakpo Nubukpo.
Selon l’économiste, le bilan de ces soixante-dix dernières années est dramatique : la productivité des économies africaines demeure très faible. Ainsi, à l’exception de la Côte d’Ivoire qui bénéficie des revenus du cacao, toutes les balances commerciales des pays d’Afrique de l’Ouest sont fortement déficitaires. L’arrimage du franc Cfa à l’Euro, soutient l’économiste togolais, a un effet anesthésiant, car même en gérant mal les économies, les gouvernants sont sûrs que Paris sera toujours là pour couvrir leurs errements.

« Un siphonage des ressources domestiques vers Paris et les autres capitales européennes »
« Cette stabilité monétaire aurait pu permettre de faire des réformes structurelles. Ce n’est pas ce qui s’est produit. Le développement n’est pas là et l’enfermement dans une parité fixe nous contraint à un rationnement du crédit, alors que nous avons besoin d’investir. Entre ce verrou monétaire et les contraintes budgétaires [il existe un objectif de déficit public de 3 % du PIB comme dans la zone euro], le financement de nos politiques publiques repose uniquement sur les flux d’aide au développement. Nous n’avons aucune marge de manœuvre », observe Nubukpo.

Selon, les économistes, le Cfa avantage les grands groupes français qui peuvent opérer dans la zone sans risque de change et en rapatriant sans limites leurs bénéfices. Pour un groupe comme Bolloré par exemple, qui opère dans de nombreux ports africains, on peut imaginer que cela représente des sommes importantes. Il existe une logique de pré carré. Le franc Cfa permet également à Paris d’exercer une forme de « soft control » sur la manière dont ces pays se développent dans un contexte de concurrence exacerbée avec notamment l’arrivée de la Chine sur le continent. Cette dimension est prépondérante, car la réalité économique montre que les principaux partenaires commerciaux de la France ne sont pas dans la zone franc. Ce système entraîne aussi un siphonage des ressources domestiques vers Paris et les autres capitales européennes. Puisque il n’y a pas de limites à la convertibilité, les élites locales ont tout loisir de placer leur argent sur un compte étranger ou d’acheter un appartement parisien.

Une survivance coloniale
Mais, pour le gouverneur de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (Bceao), Thiémoko Meyhet Koné, « les difficultés que rencontrent les14 pays de la zone ne sont pas liées à la monnaie. Elles s’expliquent par le choc créé par la chute des matières premières. » Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, sur la base d’études régulières réalisées par son institution, a également assuré que le franc Cfa n’était « ni sous-évalué, ni surévalué » et qu’il offrait « une protection contra cyclique à ces pays ». « Le fruit est mûr, il faut le cueillir. Le franc Cfa , en tant que survivance coloniale, est, parmi d’autres éléments, l’un des instruments de maintien en place de régimes ‘hors-sol’, comme suspendus à l’ancienne métropole au-dessus de leurs propres peuples. Il permet aux élites fortunées de bénéficier d’un accès privilégié au marché mondial par une monnaie « aussi bonne » que l’euro. Sans le CFA, l’importation des marchandises dont les classes dirigeantes des PAZF [pays africains de la zone franc] ont besoin pour leur propre consommation et pour se maintenir en position dominante seraient hors de prix. Les élites de ces pays peuvent également valoriser leur fortune en euros très facilement et sans risque de change. Cette monnaie postcoloniale contribue ainsi à entretenir des écarts abyssaux de fortune et de puissance entre les gens ordinaires et les classes dirigeantes », analyse Bruno Tinel,l’un des auteurs de l’ouvrage.

www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel

Abonnez-vous à la chaîne WhatsApp officielle de 24h au Bénin, en cliquant ici, pour suivre les infos.

5 octobre 2016 par La Rédaction




Le port de Cotonou parmi les 5 hubs logistiques


3 juillet 2025 par Judicaël ZOHOUN
Dans un rapport sur la sécurité alimentaire en Afrique, la Banque (…)
Lire la suite

Une nouvelle Autorité pour faire respecter les règles de la concurrence


2 juillet 2025 par Ignace B. Fanou, Marc Mensah
L’Autorité nationale de la concurrence (ANC) a été créée pour faire (…)
Lire la suite

Ce que dit la nouvelle Loi sur la concurrence au Bénin


2 juillet 2025 par Ignace B. Fanou, Marc Mensah
Une nouvelle loi encadre la concurrence au Bénin. Elle a été adoptée le (…)
Lire la suite

La Banque Mondiale salue la croissance record du Bénin en 2024


1er juillet 2025 par Akpédjé Ayosso
Le Bénin confirme sa dynamique économique impressionnante. Selon le (…)
Lire la suite

Parcours de jeunes transformés grâce au projet MADE


30 juin 2025 par Akpédjé Ayosso
Dans plusieurs communes des départements de l’Atacora et de la Donga, (…)
Lire la suite

UBA Bénin affiche des résultats solides et confirme son leadership digital


29 juin 2025 par La Rédaction
Fidèle à son engagement de transparence et de proximité, United Bank (…)
Lire la suite

PRMP et Chef CCMP de la commune de Tori-Bossito suspendus


27 juin 2025 par Marc Mensah
Par décision n°2025-079 en date du 12 juin 2025, l’Autorité de (…)
Lire la suite

Les actionnaires de la LNB S.A. en assemblée générale mixte lundi prochain


27 juin 2025 par Marc Mensah
La Loterie Nationale du Bénin S.A. (LNB S.A.) tiendra une assemblée (…)
Lire la suite

30 milliards F de la BOAD pour appuyer la construction de lycées au Bénin


27 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
La Banque ouest africaine de développement (BOAD), a accordé au cours (…)
Lire la suite

"SanlamAllianz" le géant panafricain de l’assurance se déploie au Bénin


25 juin 2025 par La Rédaction
Les groupes d’assurance Sanlam et Allianz se sont unis en Afrique pour (…)
Lire la suite

Une campagne de plantation de palmier à huile lancée à Adja-Ouèrè


25 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Le site de la Coopérative d’aménagement rural (CAR) de Obèkè-Ouèrè, (…)
Lire la suite

L’ONG Acting for Life en colloque sur le projet MADE ce mercredi


23 juin 2025 par Akpédjé Ayosso
L’ONG Acting for Life organise en collaboration avec ses partenaires, (…)
Lire la suite

Le parc textile de la GDIZ séduit des investisseurs francophones


21 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Arrivés au Bénin dans le cadre de la 6e Mission économique de la (…)
Lire la suite

LA CAPITALISATION BOURSIERE DE LA BRVM PROGRESSE DE 2000 MILLIARDS FCFA (…)


20 juin 2025 par Judicaël ZOHOUN
La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) a franchi ce vendredi (…)
Lire la suite

La GDIZ dévoile ses atouts aux opérateurs francophones


20 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Les politiques incitatives visant à attirer l’investissement étranger (…)
Lire la suite

Plus de 300 entreprises et institutions financières à Cotonou


18 juin 2025 par Marc Mensah
Entreprises et investisseurs francophones se réunissent du 17 au 19 (…)
Lire la suite

1,3 milliard $ appartenant aux compagnies aériennes bloqués par les (…)


18 juin 2025 par Akpédjé Ayosso
L’Association du transport aérien international (IATA) signale qu’à la (…)
Lire la suite

Cotonou au cœur du renforcement des partenariats économiques francophones


18 juin 2025 par Akpédjé Ayosso
Les travaux de la 6e édition de la Mission économique de la (…)
Lire la suite




Derniers articles



Autres vidéos





Les plus populaires