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La ségrégation scolaire fondée sur la race est contraire au principe de l’égalité de tous devant la loi stipulé dans la Constitution américaine : ainsi en a statué la Cour suprême des États-Unis le 17 mai 1954.
Cette décision historique, point d’orgue de l’affaire Brown v. Board of Education, a galvanisé le mouvement des droits civiques aux États-Unis et a eu des répercussions considérables sur la vie des Américains.
Une doctrine de 1896 autorisait la séparation des Blancs et des Africains-Américains dans les lieux publics sous réserve que les lieux de chaque catégorie de personnes soient jugés équivalents. L’arrêt Brown a invalidé cette doctrine et, par conséquent, détruit la base juridique de la ségrégation raciale, non seulement à l’école, mais aussi dans le logement, les transports et d’autres espaces publics.
Il faudra pourtant des années, selon Henry Louis Gates Jr., de l’université Harvard, pour que « l’affaire qui a changé l’Amérique » produise tous ses effets.
Le démantèlement de la doctrine « séparés mais égaux »
« La fin de la ségrégation légale a constitué un changement monumental », a déclaré M. Gates à ShareAmerica. Pour autant, cette décision n’a marqué qu’une étape dans la bataille de longue haleine pour l’égalité. La résistance à la déségrégation est restée farouche, en particulier dans le Sud profond.
« La Cour n’a pas prévu de mesures coercitives, ce qui signifie que beaucoup d’écoles ont traîné les pieds et refusé de procéder à la déségrégation. Il a fallu qu’elles y soient contraintes par une décision de justice dans les années 1960 », ajoute l’universitaire.
En 1957, des soldats fédéraux ont été dépêchés à Little Rock pour faire appliquer l’arrêt Brown, et neuf adolescents afro-américains – surnommés les « Little Rock Nine » – sont allés en cours au lycée Central High School de la ville, jusqu’alors réservé aux Blancs. Il faudra attendre les années 1960 pour que la plupart des écoles publiques américaines soient intégrées.
Une stratégie de long terme
L’arrêt Brown a rendu célèbre Thurgood Marshall, l’avocat de l’Association nationale pour l’avancement des personnes de couleur (NAACP) qui a plaidé l’affaire. Des années plus tard, il sera nommé à la Cour suprême, le premier Africain-Américain à y siéger.
Mais Marshall n’a pas démantelé la doctrine « separate but equal » à lui seul. Dans les années 30 déjà, Charles Hamilton Houston, lui aussi un avocat de la NAACP, avait commencé à jeter les bases juridiques de l’annulation de la ségrégation scolaire, dans les années 1930, explique M. Gates.
Pour faire annuler la doctrine en question et les lois dites « Jim Crow » qui imposaient la ségrégation raciale dans le Sud, Houston et Marshall « ont compris qu’ils devaient se placer dans une perspective de long terme », poursuit M. Gates.
Thurgood Marshall a recruté une équipe brillante, dans laquelle figuraient notamment les avocats Constance Baker Motley et Robert Carter, qui « a gagné des affaires de déségrégation dans l’enseignement supérieur afin de créer un précédent, et a plaidé de nombreuses affaires secondaires devant des tribunaux inférieurs dans la période ayant précédé l’arrêt Brown », ajoute-t-il.
La commémoration de la lutte
Le triomphe remporté dans l’affaire Brown et d’autres a dynamisé le mouvement des droits civiques, qui s’est propagé dans tout le pays dans les années 1950 et 1960. Ce mouvement a abouti à l’adoption du Civil Rights Act de 1964, qui interdit la discrimination dans les lieux publics, et du Voting Rights Act de 1965.
Les États-Unis rendent hommage aux avocats et autres personnes qui ont lutté pour l’égalité raciale. Marshall est commémoré par une statue à Annapolis, dans le Maryland, près du palais de justice où il a plaidé les premières affaires de droits civiques.
Le site de l’ancienne école primaire Monroe Elementary School à Topeka, au Kansas, l’une des quatre écoles ségréguées pour enfants noirs à l’origine de l’affaire Brown, est aujourd’hui un parc historique, le Brown v. Board of Education National Historic Park.
L’United States Civil Rights Trail, qui englobe des sites répartis dans 15 États, commémore les événements marquants du mouvement des droits civiques. Un monument appelé « Testament », situé dans l’enceinte du Capitole de l’État de l’Arkansas, rend hommage aux Neuf de Little Rock qui ont intégré le lycée Central en 1957. Le monument comporte des statues de bronze et des plaques reprenant des citations des élèves.
Les monuments américains rendent également hommage à d’autres icônes des droits civiques, notamment Martin Luther King et Rosa Parks.
« La visite de sites historiques a une valeur éducative, voire édifiante, souligne M. Gates. Les sites historiques nous obligent à confronter le passé et les similitudes qu’il présente avec ce qui se passe aujourd’hui. Ce qui est tout aussi important, c’est qu’ils nous permettent également de célébrer les courageux Africains-Américains qui ont forcé la nation à changer. »
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