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L’école primaire publique de Cogbo campement dans l’arrondissement de Damè, commune de Toffo est une l’une des écoles bénéficiaires du Programme national d’alimentation scolaire intégrée (Pnasi). Dans cet établissement, l’engagement de la communauté à la base autour de la cantine scolaire reste encore très faible. Or la réussite du Programme passe par son appropriation par les communautés à la base et les élus locaux.
« Ma mère ne me donne pas tous les jours ma souscription journalière de la cantine », a déclaré Rodolphe Tchégbéli, écolier à l’Epp Cogbo campement et résidant à près de 4km de l’école.
« Mes parents disent que l’accès à la cantine est gratuit et ne donnent pas la souscription journalière à mes trois frères et moi tous les jours de classe », informe une autre écolière Denise Azandoté.
Les témoignages de ces apprenants rencontrés à l’Epp Cogbo Campement montrent que les parents d’élèves de cette école, 4 ans après la mise en œuvre du Programme national d’alimentation scolaire intégré (Pnasi) ne perçoivent pas encore leur rôle dans la gestion et la pérennisation du programme d’alimentation scolaire dans le pays. Un constat que Conforte Akpa, parent d’élèves, confirme par son récit.
« Moi, je ne pense même pas à la souscription. J’envoie mes enfants au moins trois (03) jours sur cinq (05) à l’école sans la souscription journalière parce qu’on nous a dit que le gouvernement donne à manger aux enfants et nous savons qu’avec le gouvernement, c’est gratuit. Pourquoi le directeur nous demande encore d’envoyer 50 f chaque jour de classe par enfant alors que le gouvernement donne déjà tout ? » lâche-t-elle toute révoltée.
Pnasi pas sans l’accompagnement des parents et élus locaux
Dans le cadre de la mise en œuvre du Pnasi, le gouvernement à travers le PAM fournit riz, maïs, niébé et pois jaunes aux écoles bénéficiaires du programme. Du coup, les condiments et les autres dépenses liés à la gestion et au bon fonctionnement de la cantine sont à la charge de chaque école.
C’est fort de cela que le Programme alimentaire mondial (PAM) et tous les acteurs impliqués dans la gestion appellent à la mobilisation communautaire autour de la cantine en vue de sa pérennisation.
« Pour que le programme soit durable, il faut nécessairement l’implication de la communauté à la base. Leurs apports en souscription, en dons divers, leurs disponibilités à assurer la sécurité des magasins de stockage et à accompagner la mise en place des jardins et champs scolaires et la construction de cuisine sont entre autres attendus d’elle », a expliqué le représentant résident du PAM au Bénin. M. Guy Adoua invite les élus locaux à s’approprier le programme d’alimentation et à sensibiliser les populations pour susciter leur adhésion autour des cantines scolaires.
Pour relever ce défi à l’Epp Cogbo Campement, les élus locaux, contrairement aux parents d’élèves, s’impliquent dans le fonctionnent de la cantine scolaire à travers des actions individuelles et communes.
Aux dires du directeur de l’école, Robert Dossou Azohou, le Chef de l’arrondissement de Damè et président de la Coopérative d’aménagement rural (Car-Agon), Antoine Cohou, le chef de village de Cogbo Campement et certains parents d’élèves de cette communauté appuient la cantine en la gratifiant d’œufs, de noix de palme et de ressources financière. Aussi a-t-il précisé que la Coopérative d’aménagement rural d’Agon leur avait fait un don de 50 000 francs et de noix de palme en mars dernier pour soutenir la cantine.
Selon le CA Antoine Cohou, un projet de culture de champignons est en train d’être planifié avec le directeur pour faire de l’Epp, une école modèle dans ce domaine.
Cependant, ces efforts d’engagement quoi que louables restent encore faibles. Pour inverser la tendance, Albert Cakpo, Chef du village d’Agon a, après avoir rappelé le rôle de la cantine scolaire dans la réduction du taux de déscolarisation dans la zone, invité ses pairs à aller à l’école de la commune de Kandi, où les producteurs de coton sur un kilo de coton prélèvent un franc pour permettre au maire de soutenir les cantines scolaires de sa commune.
« La Coopérative est pour nous et sert à gérer les affaires de la zone. On peut donc aller à l’école de Kandi en investissant une partie des ressources financières issues des activités de la coopérative sur nos enfants qui vont demain aider notre milieu », a-t-préconisé. « L’Etat a déjà fait l’essentiel et il revient donc aux parents et aux élus locaux de jouer leur partition en cotisant pour la sauce et en faisant des dons de quelques natures à l’école en vue de sa durabilité », a ajouté Albert Cakpo.
Juliette Mitonhoun
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