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« Septembre arrive, l’air se rafraîchit, les vacances finissent, l’école s’apprête à revivre ! ». Dans deux semaines (le 16 septembre, ndlr), c’est la rentrée scolaire 2024-2025 au Bénin. A Toyoyomê et à Ladji des quartiers du 6e arrondissement de Cotonou, on vit dans la crainte de l’envahissement des eaux.
« Nous sommes dans un zone proche de la lagune, ce qui fait que la montée des eaux se sent farouchement dans cette zone. La crue commence déjà vers mi-septembre et fin septembre ; on voit l’eau avancée au niveau des berges ; et en octobre c’est plus la joie […] Parfois nous qui sommes enseignants, on décrète des mesures d’urgence et les enfants sont obligés de rester à la maison », explique avec tempérance Ahounou Justin, instituteur à l’EPP (Ecole Primaire Publique) de Ladji, groupe B où il est en charge de la classe CP (cours préparatoire). Il continue son exposé de la situation oh que combien catastrophique en donnant la mesure des dégâts : « Les parents d’élèves voyant l’ampleur de la montée des eaux préfèrent garder leurs enfants à la maison. Beaucoup se disent même, si mon enfant meurt, il va apprendre quoi ? ». Selon ses estimations, la crue s’étale sur une période de deux semaines à un mois. Dans cette période, pour accéder à l’école, le moyen de déplacement le plus indiqué est la pirogue. Toutefois, les enfants issus de familles très modestes sont obligés de braver l’eau avec tous les risques potentiels que cela comporte.
Depuis les travaux d’asphaltage réalisés dans le quartier de Ladji (dans la cadre du PAG 2), les populations s’impatientent de l’arrivée des crues pour apprécier l’efficacité des canaux d’écoulement d’eau et des appontements. Cependant, cette parente d’élève craint une crue record cette année. « Normalement la crue (« zo » en langue locale) a accusé de retard cette année. Or quand c’est le cas, la montée des eaux est nettement plus prononcée. Les eaux stagnent jusqu’à trois mois alors et nous souffrons énormément. Des cas de noyade d’enfant ne sont rares ».
Prolifération des maladies hydriques et accessibilité
Les maladies dites hydriques sont généralement transmises par la consommation d’eau non-potable et par le contact avec de l’eau contaminée. L’eau contaminée et le manque d’assainissement entraînent la transmission de maladies comme le choléra, la diarrhée, la dysenterie, l’hépatite A, la fièvre typhoïde, la schistosomiase…Des agents comme les bactéries, les virus, les parasites ou des produits chimiques présents dans l’eau contaminée favorisent alors la contamination. Pour Djego Joel, Chef Service des Affaires Scolaires et Sportives à la Direction du Développement Local et de la Planification (DDLP) de la Mairie de Cotonou, la ville pendant cette période, essaye d’organiser le déplacement des écoliers pour éviter autant que se peut, les cas d’incidents graves et de contamination aussi. Car dans cette période, il est impossible de pratiquer les activités sportives.
Pour faciliter l’accès à l’EPP de Toyoyomê, une banque de la place a offert gracieusement deux barques à cette école construite entièrement sur pilotis et dont la cours de création est une plateforme de bois flottante et défectueuse par endroit, présentant des risques d’accidents accrus. Joel Hounsavi, un instituteur déplore surtout les tas d’immondices et l’insalubrité criarde dans cet environnement qui n’est autre qu’un pôle d’éducation des enfants.
Les impacts de la variabilité du climat sur le programme scolaire
« Quelle valeur aurait le programme si les enfants meurent dans l’eau ? ». Cette interrogation d’un enseignant interpelle à plusieurs égards. « Naturellement que ça doit impacter sur le programme parce que celui-ci est élaboré compte tenu de la période de l’année scolaire », continue-t-il. Quand on perd deux à trois semaines voire un mois dans ce chronogramme, les impacts sur les apprenants se font ressentis. Ce sont des programmes de cours inachevés. Conséquence logique de cet état de chose, les écoliers présentent beaucoup de lacunes dans la maîtrise des Situations Apprentissage (SA). « Quand l’eau atteint certains niveaux, nous nous trouvons dans la triste obligation de congédier les petits enfants, c’est-à-dire du CI au CE1. », se confie Ulrich Lokossou, le directeur du groupe EPP Ladji A. Depuis la terrible crue de 2010 qui reste encore dans toutes les mémoires, il affirme ne pas remarquer personnellement une augmentation du niveau d’eau d’année en année au point de parler de changement climatique. Dans la norme, il faudrait une observation de la variabilité des propriétés du climat qui persiste durant une période d’au moins 30 ans pour parler de changement climatique.
Par Ubrick François Quenum
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