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En dehors des bars/restaurants, des églises, et autres débits de boissons connus comme principales causes de la pollution sonore dans les villes de Cotonou et environs, plusieurs établissements commerciaux jouent de la musique à fond pour attirer la clientèle.
Que ce soient les boutiques de vente de téléphones portables, des points de distribution de produits Canal+, et autres, les promoteurs font de plus en plus recours au 4ème art (la musique) pour mieux faire connaître leurs produits.
Le phénomène s’est beaucoup accentué en cette période des fêtes de fin d’année.
Des responsables et tenanciers de ces établissements expliquent les raisons de cette nouvelle approche dans les stratégies de vente à Cotonou et Abomey-Calavi.
« Les gens aiment le bruit. Et le bruit permet d’attirer la clientèle. Quand c’est calme, les gens ne viennent pas. Et pour les attirer, nous sommes obligés de mettre un peu d’ambiance », a confié Ezéchiel, responsable d’une boutique de vente de téléphones portables située à Gbodjè-Carrefour dans la commune d’Abomey-Calavi. « Tous les jours, je mets la musique dès l’ouverture à partir de 08 heures. A 12 heures, j’arrête pour la pause », a-t-il expliqué. « Mais à partir de 16 heures, je reprends pour arrêter le soir à 21 heures au moment de la fermeture », précisé le jeune homme indiquant que lors des ventes promotionnelles, c’est ‘’No Stop’’.
La pause autrefois observée à partir de midi, n’est plus respectée.
Mu par le désir d’écouler les produits de promotion, il arrive qu’il dépasse même le nombre de décibels autorisés à certains moments de la journée.
Lors desdites ventes, un DJ (disc jockey) est commis pour l’animation. Avec le microphone mis à sa disposition, celui-ci use de son art oratoire et autres astuces pour attirer l’attention de tous. « C’est l’un des moments, où on vend le plus », a confié Ezéchiel.
Selon Alice T., une jeune fille exerçant dans une boutique de vente de décodeurs Canal+ à quelques mètres de Iita-Carrefour, « grâce à la musique, on parvient à attirer le maximum de clients ». Mieux que la musique, explique-t-elle, le promoteur fait appel parfois à des groupes de chorégraphie qui, à travers leurs démonstrations, attirent plus de monde. Dans le rang de ces spectateurs qui s’agglutinent devant la boutique, il y en a qui se procurent toujours quelques produits, a indiqué Alice.
Les avis de Ezéchiel et de Alice ne diffèrent pas de ceux d’un autre tenancier de boutique de vente de téléphones portables à Agontinkon carrefour, dans la ville de Cotonou. La musique est le meilleur moyen pour faire prospérer les affaires, a déclaré ce dernier. « Dans le calme, c’est vrai, on vend. Mais pas autant que lorsqu’on met la musique », a-t-il expliqué. « C’est vrai, qu’il y a des lois, et on ne doit pas troubler les gens, mais pour gagner, on est obligé de jouer un peu pour attirer les clients », a-t-il poursuivi.
Le phénomène persiste
Conformément aux dispositions de l’article 27 de la constitution du 11 décembre 1990, « toute personne a droit à un environnement sain, satisfaisant et durable, et a le devoir de le défendre. L’Etat veille à la protection de l’environnement ». Cette disposition constitutionnelle est renforcée par la loi-cadre sur l’environnement et le décret N°2001-294 du 08 août 2001 portant réglementation du bruit en République du Bénin. Selon ce décret, « l’usage de tout appareil de communication par voie acoustique (sirène, haut-parleur, avertisseur sonore) nuisible à la quiétude des populations ainsi que l’installation de toutes sources aux abords des écoles, des formations sanitaires et des services administratifs sont formellement interdits ».
Nonobstant toutes ces dispositions, le quotidien des populations de Cotonou reste marqué par divers bruits.
Le phénomène s’est accentué depuis un moment avec les établissements commerciaux, notamment les boutiques de vente de téléphones portables, d’articles vestimentaires, d’appareils électro ménagers, des points de distributions de produits Canal+, et autres qui, dans la perspective d’attirer la clientèle, joue de la musique à fond.
Le procureur de la République près le tribunal de première instance de première classe de Cotonou en collaboration avec les officiers de police judiciaire de la ville, avait engagé il y a quelques mois, une lutte contre le phénomène. Ce qui avait conduit à l’interpellation de quelques acteurs reconnus coupables de pollution sonore dans la ville, et réduit le phénomène. Quelques mois après, les auteurs de pollution sonore semblent revenir à la charge.
Mieux, le ministre de l’intérieur et de la sécurité publique, suite à des plaintes répétées des citoyens, a sorti un communiqué en novembre dernier exhortant les auteurs de pollution sonore au respect des dispositions légales dans le pays. Malgré les injonctions de l’autorité, le phénomène a pris de l’ampleur en cette période des fêtes de fin d’année avec diverses ventes de promotion.
F. Aubin AHEHEHINNOU
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