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L’hôtel Golden Tulip de Cotonou abrite depuis ce mercredi 29 mai 2019, un atelier régional sur le thème : « L’extension de la couverture retraite aux travailleurs du secteur informel en Afrique ».
La cérémonie d’ouverture officielle a été présidée par le ministre d’Etat chargé du Plan et du Développement, Abdoulaye Bio Tchané accompagné de son homologue, Mme Bintou Chabi Adam Taro, ministre des affaires sociales et de la micro finance. L’événement a également connu la présence de la représentante résidente de la Banque Mondiale au Bénin et des participants venus de 15 pays.
Organisé par la Banque mondiale en collaboration avec l’Unité de Coordination du Projet Assurance pour le Renforcement du Capital Humain au Bénin (ARCH), du 29 au 31 mai, l’atelier régional réunit les responsables gouvernementaux des institutions de retraite, les ministères et les agences de surveillance des pays tels que : Bénin, Côte d’Ivoire, Ghana, Ethiopie, Inde, Kenya, Libéria, Namibie, Nigéria, Rwanda, Sénégal, Sierra Léone, Togo, Afrique du Sud et Ouganda. L’atelier compte également la participation des représentants des organisations régionales de réglementation en Afrique de l’Ouest (CIPRES : Conférence interafricaine de la Prévoyance Sociale et CREPMF : Conseil Régional de l’Epargne Publiques et de Marchés Financiers).
Selon la représentante résidente de la Banque Mondiale au Bénin Katrina Sharkey, « l’objectif premier est qu’ensemble en unissant nos diverses ressources nous participerons à améliorer les systèmes de retraite des pays africains ».
« La couverture des systèmes de retraite dans la région continue d’être limitée au petit segment de la population du secteur formel qui peut contribuer aux systèmes de retraite existants (...). En conséquence, l’extension de la couverture de retraite au vaste secteur informel reste un défi pour l’Afrique », a expliqué la représentante de la Banque Mondiale au Bénin.
Elle affirme que l’informalité pose des « problèmes particuliers en ce qui concerne la fourniture d’un revenu de retraite qui ne peut pas être résolu simplement en étendant les systèmes de retraite conventionnels aux travailleurs du secteur informel ». De ce fait, souligne Katrina Sharkey, différentes solutions sont nécessaires pour remédier aux caractéristiques uniques de ce groupe.
Par ailleurs, la représentante résidente de la Banque Mondiale au Bénin souligne qu’aujourd’hui l’Afrique reste le leader mondial en matière d’utilisation de l’argent mobile, ce qui « constitue un avantage considérable pour l’extension de la couverture de retraite au secteur informel en termes de soutien aux transactions financières ». « De plus, de nombreuses plateformes de haute technologie émergent dans la région pour soutenir l’administration de régime de retraite pour le secteur », ajoute-t-elle.
D’après Katrina Sharkey, « les pays doivent prendre en compte de nombreux aspects lors de la planification de la mise en place du régime de retraite pour le secteur informel allant de la viabilité à la politique et à la réglementation de l’investissement ». Il faut aussi un travail de sensibilisation à l’épargne pour la vieillesse à l’endroit des travailleurs du secteur informel.
« A la Banque mondiale, nous serons très heureux de travailler avec vous tous, pour renforcer les systèmes de protection sociale dans vos pays notamment en développant des régimes de retraite pour le secteur informel. La protection sociale est l’un des domaines prioritaires du groupe de la Banque mondiale pour la région Afrique. Et nous espérons pouvoir vous apporter une aide dans le domaine de retraite, pilier important de la politique sociale », a déclaré la représentante résidente de la Banque Mondiale au Bénin.
Renforcement du capital humain à travers le projet Arch
A l’ouverture officielle de l’atelier, le ministre d’Etat chargé du Plan et du développement a souligné que comme dans la plupart des pays d’Afrique, l’informalité est élevée au Bénin. « Sur une population d’environ 11 millions d’habitants, le secteur informel représente près de 94% de la population active. De ce fait, fournir une protection sociale à ces millions de nos compatriotes reste pour nous, gouvernement du Bénin, une préoccupation de tous les jours. Malheureusement, les mécanismes au niveau national sont presque inexistants, de moins il l’était », a exposé Abdoulaye Bio Tchané.
Il informe qu’au Bénin seulement 8,4% de la population est couverte par l’assurance maladie. Ce nombre très réduit prend en compte les agents du secteur public.
Dans le domaine de la retraite, explique le ministre d’Etat, « on enregistre seulement quelques initiatives de mutuel social qui fonctionnent à l’échelle bien sûr très réduite ».
C’est donc face à ces constats que le gouvernement béninois a fait le choix de nouvelles stratégies intégrées et plus inclusives d’extension de la protection sociale. Ceci dans « une perspective de renforcement du capital humain et de réduction de la pauvreté ».
Le nouveau dispositif de sécurité sociale à pour entre autres principales cibles les acteurs du système formel peu lentille, les populations pauvres et vulnérables du secteur informel et les inactifs démunis.
« Cet ensemble de mesures sera mis en œuvre à travers le projet Assurance pour le renforcement du capital humain (Arch) (...) qui vise à fournir un paquet de 4 services de protection sociale à ses concitoyens : l’assurance maladie, la retraite, la formation, l’accès au crédit », a indiqué le ministre d’Etat. M. Bio Tchané ajoute que nos agriculteurs, commerçants, transporteurs, artisans, artistes et bien d’autres couches du secteur informel sont concernés et pourront profiter de ce paquet de 04 services. L’approche de paquet service a vocation à créer plus de synergie d’action et d’effets entre les différentes interventions visant la réduction de la pauvreté et la vulnérabilité des populations, a-t-il indiqué. Elle améliore non seulement l’équité dans l’accès aux services de base, facilite l’accès aux opportunités pour l’ensemble de la population, mais aussi permet d’accroître la résilience des populations les plus démunies par rapports aux chocs et situations adverses.
Le ministre d’Etat chargé du Plan et du développement précise qu’en « amont à tout ce dispositif, il est envisagé et mis en place un système national d’identification unique pour soutenir et rendre plus efficace l’opérationnalisation du projet Arch ».
Toutefois, il reconnaît que le dispositif actuel de mise en œuvre reste toujours perfectible et reste persuader que les « discussions au cours de cet atelier aideront le gouvernement à concevoir et à mettre en œuvre un régime de retraite adapté à notre secteur informel ».
« Nous sommes d’ailleurs heureux et satisfaits du soutien de la Banque mondiale sur ce volet et dans la même dynamique je ne désespère pas de cet atelier qui va se révéler d’une grande importance pour l’amorçage en Afrique d’un système de retraite pertinent et en lien avec nos réalités nationales et régionales », a-t-il conclu.
Trois jours de partage d’expériences
Le programme de cet atelier régional est subdivisé en 12 sessions avec des sujets pertinents.
Après les présentations des différents participants, des discussions ont été menées dans la matinée de mercredi autour du sujet « Analyse empirique sur le secteur informel : capacité à épargner et mécanismes d’incitation », en prenant pour cas d’études Bénin, Kenya et Ouganda. D’autres sujets tels que « Expériences des pays en matière d’extension de la couverture (Kenya, Ouganda, Bénin) » ; et « Politique d’investissement, réglementation et gouvernance des régimes de retraite du secteur informel », ont été exposés.
Au cours des 2e et 3e journée, les participants à cet atelier régional aborderont entre autres les « Expériences des pays en matière d’extension de la couverture (Ghana, Rwanda, Nigéria) » ; « Rôle des systèmes d’identification dans l’extension de la couverture retraite » ; « Repenser la protection sociale : tirer des technologies de rupture afin de développer des plates-formes régionales destinées aux avantages sociaux en Afrique de l’Ouest » ; et les « Principes fondamentaux des régimes de retraite du secteur informel ».
Akpédjé AYOSSO
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