605 visiteurs en ce moment
Acte 3 : Assassinat de Sylvanus Olympio
Sylvanus Olympio a été tué dans la nuit du 12 au 13 janvier 1963. Un groupe de 6 hommes l’a d’abord attaqué le 12 janvier vers 23 heures devant sa résidence. Mais il a réussi à s’enfuir vers l’ambassade des Etats-Unis à Lomé. Et le lendemain matin à 7h15, il fut assassiné devant l’ambassade où il pensait avoir trouvé refuge.
Selon les témoignages, c’est l’ambassadeur français Henri Mazoyer, qui aurait prévenu son homologue américain Leon B. Poullada de la situation à l’ambassade américaine dans la nuit, vers 3h30. Ce dernier se serait rendu à son ambassade et aurait effectivement constaté la présence de Sylvanus Olympio. Il aurait ensuite rendu compte à son homologue français. Juste après, à 7h15, trois coups de feu sont entendus provenant de l’ambassade américaine où Sylvanus Olympio a été retrouvé assassiné.
Mais qui avaient de raisons suffisantes au point d’en vouloir à la vie de Sylvanus Olympio ?
De nos recoupements, il se dégage deux hypothèses : sa distance d’avec la France et l’instauration d’un régime autoritaire après la proclamation de l’indépendance.
En déclarant en 1960 à l’AFP : « Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France. », Sylvanus Olympio était loin d’imaginer les portées d’une telle déclaration. Et les actes qu’il posait concordaient avec ses aspirations.
Malgré la signature d’un pacte de défense, Olympio a commencé par prendre ses distances avec la France et se rapprochait de plus en plus des pays anglo-saxons.
En septembre 1962, un accord est signé qui prévoit la création d’une banque centrale togolaise. Ses actions autonomistes, dont sa volonté affichée de rompre avec le franc et d’adopter une monnaie nationale, provoquent de grandes inquiétudes de la part des Français.
Mais à côté de cette distance vis-à-vis de la France, Olympio accroissait aussi le mécontentement de ses compatriotes à l’interne.
Une fois l’indépendance du Togo proclamée le 27 avril 1960, les premières élections législatives et présidentielle eurent lieu le 9 avril de l’année suivante en même temps qu’un référendum constitutionnel.
Ainsi commencèrent les difficultés au plan politique pour Sylvanus Olympio. Il mit fin au multipartisme qui avait jusqu’alors cours dans le pays, organisa des élections exclusives.
En tant que premier ministre et chef de l’Etat par intérim, il empêche ainsi une coalition de partis d’opposition de présenter ses candidats. Son Parti de l’unité togolaise (PUT) remporte ainsi la totalité des sièges en l’absence totale d’opposants. Lui-même, il est élu Président dans les mêmes conditions. Il fit adopter une nouvelle constitution le même jour par référendum pour faire passer le pays d’un régime parlementaire à un régime semi-présidentiel lui octroyant des pouvoirs élargis.
Olympio mit rapidement en place un régime autocratique excluant les élites politiques et interdit tous autres partis que le PUT, ce dernier étant de fait érigé en parti unique, et l’opposition est réprimée.
De plus, il avait refusé d’intégrer dans l’armée togolaise les soldats démobilisés de la guerre d’Algérie.
Autant de frustrations qui, de l’avis des observateurs, pourraient être à la base de l’assassinat du père de l’indépendance togolaise.
Son corps est ramené à Agoué en République du Bénin, où il est enterré non loin de sa maison familiale.
(A suivre)
Romain COKOU
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel