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Le 24 mars 1991, le candidat Nicéphore Dieudonné Soglo alors fonctionnaire de la Banque Mondiale est élu Président de la République du Bénin. En avril 2016, Patrice Talon qui a prospéré dans les affaires sous le règne du président Soglo est porté à la tête du Bénin.La vision des deux présidents est ancrée dans le libéralisme économique comme mode de gouvernance conformément aux résolutions adoptées à la conférence nationale des forces vives de la nation. Vingt ans après le départ de Nicephore Soglo du pouvoir, la situation socio -politique de notre pays sous le régime de rupture, laisse croire qu’ il est reproché au locataire du palais de la Marina ce que nous avions reproché à Nicephore Soglo il y a deux décennies.
Élu en 1991 avec un programme ambitieux et innovant pour le Bénin, le rêve tant chéri du Président Nicéphore Dieudonné Soglo s’est arrêté, de façon inachevé, en 1996 avec le retour de son prédécesseur qui avait gouverné le Bénin auparavant sans partage pendant dix sept ans.
Au lendemain de sa prise de pouvoir, le président Nicephore Soglo avait introduit une série de réformes visant à libéraliser l’économie et à promouvoir l’entreprenariat privé. Les entreprises comme La Béninoise , les Cimenteries et autres sociétés d’Etat, étaient privatisées à tour de bras avec son cortège de licenciement. Le dégraissage de la fonction publique devenue pléthorique sous la période révolutionnaire faisait partie du plan de relance de l’économie nationale conformément au programme d’ajustement structurel signé avec les institutions de Bretton Woods.
Dans son application, le programme de départ volontaire ou de départ volontaire ciblé, a fini par mettre à la rue des milliers de fonctionnaires béninois. À cette époque, les indicateurs au niveau du FMI et de la Banque Mondiale étaient au beau fixe et le Benin fut classé de bon élève de la banque mondiale malgré la grogne sociale et la cherté de la vie induites par la dévaluation du franc du CFA intervenue en 1993.
Les performances économiques engrangées sous le président Nicephore Soglo dans les années 1990 se traduisaient également par une politique d’infrastructures axée sur l’assainissement et la modernisation des grandes villes. A travers le programme des travaux urbains à haute intensité de mains d’œuvre, le pavage et l’assainissement des rues à Cotonou et à Porto Novo étaient effectifs. La ville de Cotonou perdait ainsi son sobriquet de Cototrou. Ce fut un succès fulgurant qui, au plan politique avait permis à la Renaissance du Bénin de régner politiquement sur la ville de Cotonou pendant trois décennies.
De 1991 à 1996, la vision libérale du président Nicephore Soglo, était critiquée par l’opposition d’alors. Tout comme Patrice Talon, il était reproché à Nicephore Soglo le manque d’une politique sociale. À la croissance économique, les contradicteurs du régime opposait le panier de la ménagère : Croissance économique d’accord, mais le panier de la ménagère d’abord ou encore nous n’allons pas manger les pavés .
La suite est connue . Aux élections présidentielles de 1996, le président Nicephore Soglo fut battu par Mathieu Kérékou par une coalition de partis politiques et mouvements conduite de mains le maître par feu Professeur Albert Tevoedjré ancien fonctionnaire du BIT. Malgré son bilan très positif, le natif de Houawé encore appelé HERCULE ou MAÇON à cause des grands travaux entrepris , à la tête de l’Etat, n’a pu achever son rêve : Celui de paver ou asphalter toutes les villes du Bénin, continuer les grands travaux et lutter efficacement contre la corruption.
A l’instar de Nicephore Soglo, le Président Patrice Talon a engagé des réformes majeures au sommet de l’Etat . Le programme d’action du gouvernement a impacté tous les secteurs d’activités . La modernisation de la fonction publique à travers la digitalisation et la dématérialisation des procédures, les réformes dans le secteur de santé ,de l’éducation en l’occurrence les cantines scolaires, sans oublier les programmes d’urbanisation et d’assainissement des villes, l’accès à l’eau potable , les réformes dans le secteur judiciaire etc…. suscitent respect et admiration dans la sous région.
Sous Nicephore Soglo, les relations entre le Bènin et ses voisins étaient également tendues. Eyadema du Togo, Sanny Abacha du Nigeria et dans certaines mesures Blaise Compaoré du Burkina Faso ,voyaient d’un mauvais œil les succès économiques du Bénin. Avec Patrice Talon, les mêmes faits ( le cas actuel du Niger) semblent se reproduire. Le fait qu’en Afrique de l’Ouest francophone, à part le Sénégal et la Côte d’Ivoire, aucun autre état ne dispose d’une notation des agences internationales pour lever des fonds à des taux plus préférentiels que le marché de l’UEMOA, n’est pas de nature à réjouir les uns et les autres.
Dans les mêmes conditions tout porte à croire que nous reprochons à Patrice Talon ce que nous avions reproché à Soglo il y a 20 ans . Mais contrairement au Président Soglo, le Président Patrice Talon a plutôt opté pour l’impopularité. Une approche qui lui permet d’avoir des résultats tangibles au grand dam des humeurs et grincements de dents.
Judicaël ZOHOUN
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