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Avant la guerre, Anastasiia Minchukova enseignait l’anglais. Aujourd’hui, munie de son détecteur de métaux et enveloppée dans sa tenue de protection antimine, elle enlève les explosifs posés par l’armée russe, et tente ainsi de rétablir la sécurité dans les jardins d’enfants, les champs cultivables et les rues.
« Il y a une énorme demande de personnes capables de déminer », explique Anastasiia dans une interview à l’Associated Press sur ce qui l’a poussée à se porter volontaire. « Il y a beaucoup de travail à faire, et je pense que je serai utile. »
Jusqu’à il y a quelques années, le déminage faisait partie des centaines d’emplois interdits aux femmes en vertu de lois héritées de l’Union soviétique. Mais un nouveau texte adopté en 2018 a accordé aux Ukrainiennes l’égalité de droit dans l’exercice de professions qui étaient considérées légalement comme « dangereuses ». Petit à petit, les femmes se sont mises à occuper des postes de combat dans l’armée.
Depuis le début de l’invasion totale de l’Ukraine par la Russie, les États-Unis ont affecté 182 millions de dollars à l’aide humanitaire au déminage* dans le pays, et aujourd’hui, 36 % des démineurs et autres personnels sont des femmes.
Mais le déminage est loin d’être le seul secteur qui a connu un bouleversement du rôle des Ukrainiennes depuis le début de l’invasion russe, a fait remarquer Tetiana Yehorova-Lutsenko, la présidente du conseil régional de Kharkiv, dans une allocution à l’Institute of Peace, en mars 2023.
Les femmes surmontent des difficultés inimaginables pour préserver la société ukrainienne et répondre aux problèmes qu’apporte la guerre, a-t-elle souligné.
En fait, le dernier rapport du Service national ukrainien de l’emploi (SES) révèle que le nombre de femmes occupant des postes dans le bâtiment et l’exploitation minière a presque doublé depuis 2021.
L’une de ces femmes, Krystyna, originaire de la ville de Pavlograd, travaille à 500 mètres sous terre, dans une mine de charbon de la région de Dnipropetrovsk. C’est sa mère qui s’occupe de son fils de 4 ans pendant ce temps.
La mine fournit un combustible vital aux Ukrainiens frappés par les pénuries d’énergie depuis l’invasion par la Russie. Après le début de la guerre, le besoin de main-d’œuvre pour l’exploitation minière était immense, de nombreux mineurs — y compris le frère de Krystyna — s’étant enrôlés dans l’armée pour défendre leur pays.
Krystyna confie qu’elle a voulu travailler à la mine par sens du devoir. « On ne peut pas tout laisser tomber pour aller chercher du travail ailleurs, et lâcher nos hommes », a-t-elle déclaré à Reuters.
Le fait que les femmes sortent de leur rôle traditionnel témoigne non seulement de leur courage, mais aussi de leur profond engagement envers l’avenir de leur pays, s’est félicitée la Première dame de l’Ukraine, Olena Zelenska, lors du 7e Congrès des femmes ukrainiennes en novembre 2023.
« C’est difficile de vivre dans les pages d’un manuel d’histoire, mais c’est ce que nous faisons. (…) Ce n’est pas ainsi que nous souhaitions briser les stéréotypes », a-t-elle lancé.
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