samedi, 23 septembre 2023 -

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Répressions meurtrières au Senegal

Amnesty International demande une enquête




Sénégal : Répression meurtrière lors des manifestations,

Les autorités sénégalaises doivent immédiatement enquêter de façon indépendante et transparente sur la mort d’au moins vingt-trois personnes, dont 3 enfants, lors des manifestations violentes du 1er et 2 juin 2023 et faire la lumière sur la présence de personnes en civil armées opérant aux côtés des forces de sécurité, a déclaré Amnesty International aujourd’hui après avoir recueilli des témoignages et documenté les cas de décès enregistrés lors de ces journées.

Selon le décompte d’Amnesty International, au moins 23 personnes ont été tuées durant les violentes manifestations qui ont éclaté notamment à Dakar et Ziguinchor, depuis le 1er juin, et 390 personnes ont été blessées d’après la Croix-Rouge sénégalaise. Ces manifestations ont été émaillées de plusieurs atteintes aux droits humains et notamment, un usage excessif de la force et des atteintes à la liberté d’expression et d’information, à travers la suspension de l’accès aux réseaux sociaux et à l’Internet mobile.

« Nous appelons les autorités à mener une enquête crédible, indépendante et impartiale sur les circonstances de ces morts et à garantir que les responsables d’homicides illégaux soient poursuivis selon les normes de procès équitables. Conformément au droit international, les forces de l’ordre ne doivent utiliser les armes à feu que dans des circonstances exceptionnelles, en cas de risque imminent de blessure grave ou de mort, et non pour le maintien de l’ordre » déclare Samira Daoud, Directrice régionale du bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Amnesty International s’est entretenu avec 18 personnes, y compris des témoins des cas d’usage mortel de la force et des proches des victimes. L’organisation a aussi documenté les violations de droits humains à travers l’analyse des vidéos et autres documents comme des certificats de décès et rapports d’autopsie attestant notamment de blessures par balles, ayant entraîné la mort de plusieurs manifestants.

Une répression sanglante

Au moins 23 morts, selon nos chiffres, dont plusieurs par balles, ont été enregistrés à Dakar et Ziguinchor, lors des manifestations violentes du 1er et 2 juin. Plusieurs édifices publics et commerces privés ont été saccagés par les manifestants, dont l’université de Dakar et la mairie de Pikine. Amnesty International s’est entretenu avec les proches et familles de blessés et de personnes tuées.

Bassirou Sarr, 31 ans, tailleur et résidant de Pikine Guinaw-Rails (banlieue de Dakar) est décédé à la suite d’un tir à la tête, ce 2 juin. Selon son frère Issa :

« Bassirou avait son atelier de couture près du camp Thiaroye, et ce vendredi 2 juin, il y avait des manifestations spontanées dans la zone. Comme plusieurs autres, il était sorti voir cet attroupement de gendarmes et de manifestants près de leur atelier de travail, lorsqu’il a été atteint d’une balle dans la tête. Il est mort sur le coup et les militaires du camp de Thiaroye ont transporté son corps dans le camp. Ils ont demandé aux gendarmes et aux manifestants qui étaient juste devant leur camp de déguerpir. Nous avons perdu notre frère et nous voulons que justice soit rendue. Depuis vendredi, nous n’avons même pas pu récupérer son corps et l’inhumer convenablement ».

Amnesty International a pu consulter le certificat de genre de mort de Bassirou Sarr, établi par l’hôpital général Idrissa Pouye de Grand-Yoff qui établit que le décès résulte d’un « traumatisme crânien par arme à feu ».

Comme Bassirou Sarr, le rappeur-producteur Abdoulaye Camara dit « Baba Kana », 38 ans, a aussi perdu la vie dans ces manifestations.

« Ce samedi 3 juin, Abdoulaye était parti rendre visite à l’un de ses amis à Ouagou Niayes. Sur le chemin du retour à Niarry Tally, il a rencontré une foule de manifestants et de policiers et a été touché par balles. Dans des vidéos qui ont largement circulé sur les réseaux sociaux, on voit qu’il a ensuite été frappé par les policiers du commissariat de HLM alors qu’il était à terre et trainé dans la rue. Durant toute la journée de dimanche, nous avons fait des aller-retours au commissariat de HLM et de Dieuppeul pour savoir s’il était là-bas, mais c’est au niveau de la brigade des sapeurs de Dieuppeul qu’on nous a dit qu’un corps supposément ‘ramassé dans la rue’ avait bien été déposé là-bas par la police le samedi soir. Finalement, ce lundi nous avons pu retrouver son corps à la morgue de l’hôpital Dalal Jamm à Guediawaye », a déclaré Djiby*, un proche d’Abdoulaye Camara, à Amnesty International.

Amnesty International a pu analyser plusieurs vidéos montrant la police donnant des coups à Abdoulaye Camara alors qu’il était à terre et visiblement mal en point.

Fallou Sall, ouvrier ferrailleur de 17 ans à Thiaroye-sur-Mer, a été atteint par balles le vendredi 2 juin alors qu’il rentrait du travail. Selon son père rencontré par Amnesty International, il a succombé à ses blessures le lendemain. Il avait été blessé par balle au cou et, selon son père, il est resté gisant à l’hôpital toute une journée sans être opéré. Sa famille est en attente de résultats de l’autopsie.

À Ziguinchor, Souleymane Sano (25 ans) et Ousmane Badio (17 ans) ont été victimes de tirs par les policiers lors des manifestations du 1er et 2 juin.

Issa, ami de Souleymane Sano, a rapporté à Amnesty International : « J’étais avec Souleymane Sano près du complexe CIA lorsqu’un policier a mis un genou à terre et lui a tiré dessus. Nous avions quitté notre quartier Lindiane vers 17h ce 2 juin pour manifester. Vers le complexe CIA, les policiers ont appelé du renfort et ont tiré des grenades lacrymogènes pour nous disperser, ce qui nous a fait fuir. Souleymane s’est retrouvé dans une impasse et s’est caché derrière un lampadaire lorsque le policier est descendu de la voie principale, l’a visé et lui a tiré dessus. Il a été blessé sur le flanc. Je suis allé vers lui, je l’ai secoué mais il ne répondait pas. Avec d’autres manifestants, on l’a mis sur une moto Jakarta pour l’hôpital régional, où il a été déclaré mort ».

Amnesty International a pu consulter le certificat d’inhumation de Souleymane Sano qui conclut à une « mort violente par traumatisme thoracique dû à un impact d’un projectile d’arme à feu ».

Ousmane Badio, 17 ans, a également été victime d’un tir mortel le 1er juin à Ziguinchor, lors des manifestations. Selon son oncle et son grand-père, Ousmane a été atteint par balles à 200m de chez lui à Korentas (quartier de Ziguinchor), où des manifestations avaient lieu. « Ousmane est sorti à 17h de la maison ce jeudi 1er juin. 15 minutes après, les gens sont venus nous dire qu’Ousmane était tombé. Il n’a pas duré dehors. Il a été atteint à la poitrine et perdait beaucoup de sang. On l’a conduit à l’hôpital Silence mais il perdait beaucoup de sang en cours de route. À notre arrivée, il a été déclaré mort. Il y avait des manifestations près de chez nous ; les jeunes lançaient des cailloux et les policiers ripostaient par des grenades lacrymogènes. Les témoins nous ont dit que c’est un de ces policiers qui a tiré sur Ousmane et qu’après lui, un autre individu, Souleymane Sarr, a été victime d’un tir par balles, par ces mêmes policiers. Depuis ce jour, son père est en état de choc et ne peut pas parler ; Ousmane était son fils ainé. »

Hommes armés habillés en civil aux côtés des forces de l’ordre

L’organisation a aussi constaté la présence d’hommes armés, habillés en civil, aux côtés des forces de l’ordre. Ces hommes tenant des armes et s’en prenant violemment aux manifestants étaient visiblement identifiés dans des vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux et qu’Amnesty International a pu analyser. Lors d’une conférence de presse tenue ce dimanche 4 juin, le Commissaire divisionnaire Ibrahima Diop, directeur de la Sécurité publique, a nié la présence de membres des forces de défense ou de sécurité habillés en civil et a incriminé des éléments de « forces occultes » venant de l’étranger, ayant infiltré les manifestants.

Amnesty international rappelle que les Lignes directrices de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) stipulent que les agents déployés dans le cadre des manifestations doivent porter des marques d’identification individuelle visibles en opération.

«  L’Etat ne doit pas permettre la présence d’individus non identifiés comme faisant partie des forces de l’ordre pour des opérations de maintien de l’ordre, ni l’usage de la force. Ce sont des évidentes violations du droit international. Les autorités doivent faire la lumière sur le rôle et la fonction de ces personnes et les poursuivre pour les violations commises  » déclare Seydi Gassama, Directeur exécutif d’Amnesty Sénégal.

Atteintes au droit à la liberté d’expression
Entre le 4 et le 6 juin, les autorités ont décidé de suspendre l’accès à internet via les données mobiles. L’accès aux réseaux sociaux a été suspendu entre le 2 et le 7 juin. Le 1er juin, le signal de la chaîne Walf TV avait été coupé, sans notification préalable comme le prévoit pourtant l’article 192 du Code de la Presse, interrompant leur couverture des manifestations. Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a nié toute responsabilité dans cette coupure, la troisième depuis mars 2021. La chaîne YouTube de Walf TV, sur laquelle la chaîne avait tenté de diffuser ses programmes après la suspension, a également été perturbée.
En 2020, la Cour de Justice de la CEDEAO, dans une décision concernant le Togo, jugeait que la restriction volontaire de l’accès à l’Internet lors de manifestations violait le droit à la liberté d’information et d’expression.
“Ces restrictions au droit à la liberté d’expression et à l’information constituent des mesures arbitraires contraires au droit international, et ne sauraient être justifiées par des impératifs de sécurité. Nous invitons les autorités à rétablir le signal de la télévision Walf et s’abstenir de restreindre l’accès aux réseaux sociaux” déclare Samira Daoud.
Complément d’information
Le jeudi 1er juin, l’opposant politique Ousmane Sonko a été condamné à une peine de 2 ans ferme d’emprisonnement pour “corruption de jeunesse”. Des manifestations spontanées et violentes ont éclaté le même jour dans de nombreuses villes notamment à Dakar, Ziguinchor et Kaolack.

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