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S’il y a un procès qui a retenu les attentions au Bénin cette année 2021, c’est bien celui de Reckya Madougou, femme politique, ministre de la justice de l’ancien président Boni Yayi. Reconnue coupable de « financement du terrorisme » à l’approche de la présidentielle d’avril dernier, elle a été condamnée au terme d’un procès à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), à une peine de 20 ans de prison ferme, et une amende de 50 millions de francs CFA. Cette sentence des juges de la juridiction spéciale, sauf changement, semble mettre fin aux ambitions politiques de la candidate disqualifiée à dernière élection présidentielle au Bénin.
Au Togo, en tant que conseillère spéciale du président Faure Gnansingbé, Reckya Madougou nourrit l’ambition de relever les défis de développement de son cher, et beau pays le Bénin. L’élection présidentielle d’avril 2021 aura été pour elle, l’ultime occasion de briguer pour la première fois, la magistrature suprême. Contre vente et marrée, elle essaie de se conformer aux nouvelles lois de la République : le Code électoral et la Charte des partis politiques. Deux lois fondamentales qui recadrent toute compétition électorale au Bénin.
Dans la course pour la Marina, Reckya Madougou sera très vite rattrapée par la justice béninoise dans une affaire de financement de terrorisme. Ce qui lui a valu au terme du procès à la CRIET, la peine de 20 ans de réclusion criminelle. Agée de 47 ans au moment de sa condamnation, elle ne pourra sortir de prison qu’à l’âge de 67 ans, si les choses en restaient là. A cet âge, elle pourra toujours se présenter aux élections, si entre temps, les lois n’avaient pas été modifiées. La seule question reste de savoir si le contexte va toujours s’y prêter.
Quelques mots de Reckya Madougou avant sa condamnation
« Une femme qui se bat pour gagner dignement sa vie a été traînée dans la boue et présentée comme une femme aux mœurs légères », avait déploré Reckya Madougou. Citant Eric Zemmour, elle fait savoir que le Bénin dans le dossier « financement de terrorisme » dans lequel elle est poursuivie, n’a pas encore dit « son dernier mot ». « Dans la vie des Nations comme dans la vie des individus, on passe par des phases d’abattement qui précèdent aux redressements par des phases de déclins qui annoncent une renaissance », avait ajouté la candidate du parti Les Démocrates à l’élection présidentielle.
Trente minutes avant son arrestation, elle a rappelé avoir dit à tous les fils et à toutes les filles du Bénin, qu’elle s’offrait pour la démocratie. « Je m’offre pour la démocratie. Si mon sacrifice peut vous permettre, à vous monsieur le Président et à vos collègues de retrouver votre indépendance face au pouvoir exécutif, alors je n’aurai pas souffert inutilement ce calvaire et cette terreur », a déclaré Reckya Madougou.
Les possibilités de sortie de prison
Seul le président de la République, Son Excellence Patrice Talon détient la clé pour une sortie de prison de l’opposante à son régime. Selon les explications du porte-parole du gouvernement lors d’une rencontre avec la presse, le chef de l’Etat, conformément à la constitution, peut accorder une grâce présidentielle aux ‘’détenus politiques’’, et leur permettre de recouvrer la liberté. L’autre possibilité est l’amnistie. Celle-ci, selon Wilfried L. Houngbédji, a la particularité « d’effacer le fait incriminé. L’infraction est sensée n’avoir plus jamais existé même si l’accusé a été condamné ou non ». Et pour y parvenir, il faut que l’Assemblée nationale vote une loi d’amnistie. La grâce, fait savoir le porte-parole du gouvernement, permet de sortir, mais elle n’efface pas l’infraction. « S’il y a des mentions qui sont portées au casier judiciaire du fait d’une infraction commise, ces mentions resteront malgré une grâce présidentielle », a précisé le secrétaire général adjoint du gouvernement.
Le chef de l’Etat conformément aux lois de la République, a la possibilité d’accorder la grâce présidentielle à un détenu, quelle que soit la nature des faits. Mais cette grâce, souligne le porte-parole du gouvernement, obéit à des critères, et à des principes. Elle est accordée généralement le 31 juillet de chaque année, veille de la fête de l’indépendance.
A en croire Wilfried L. Houngbédji, si à l’avenir, Reckya Madougou ou Joël Aïvo, comme tout autre détenu, quel que soit le fait pour lequel il aura été condamné, remplit les conditions pour bénéficier de la grâce présidentielle, et qu’il plait au chef de l’Etat de l’inscrire sur la liste des prisonniers devant en bénéficier de cette grâce, il pourrait recouvrer sa liberté. Il a aussi précisé que la grâce présidentielle ou l’amnistie n’intervient que dans le cadre d’une condamnation définitive.
L’ancien président Boni Yayi, au cours de la rencontre avec son successeur avait plaidé pour la libération des détenus politiques (Reckya Madougou, et Joël Aïvo), ainsi que le retour au pays des exilés politiques. Il avait affirmé à l’occasion, « moi je demande, et c’est à lui de décider ». Tous les regards se trouvent ainsi tournés vers le président de la République.
Entre la grâce présidentielle et l’amnistie, quelle sera l’option de Patrice Talon ?
Fabrice A. AHÉHÉHINNOU
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