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On en sait mieux sur le rôle déterminant de la vaccination combinée à d’autres mesures sociales et de santé publique sur la dynamique de la Covid-19 en Afrique de l’Ouest. Les liens ont été dévoilés le 28 octobre 2022 par le Professeur Romain Glèlè Kakaï lors de la grande conférence organisée par l’Académie nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin (Ansalb).
Les mesures sociales et de santé publique prises, dans le feu de l’action, pour faire face à la Covid-19 n’ont pas été vaines. Une étude menée par le Hub International de Recherche sur la modélisation socio-écologique et spatio-temporelle de la Covid-19 en Afrique (Hrh-Semca), dirigé par le Professeur Romain Glèlè Kakaï met en lumière les impacts. Les résultats présentés le 28 octobre 2022 à la communauté scientifique ont été obtenus par l’application d’un modèle non linéaire à retards échelonnés. « Les résultats de l’étude indiquent un effet significatif de la vaccination et des mesures sociales et de santé publique sur l’évolution du nombre quotidien de cas d’infection et du nombre de décès en Afrique de l’Ouest avec respectivement un retard d’effet de 15 et 40 jours. La vaccination a été aussi significative sur l’évolution de la pandémie avec un retard d’effet plus court avec l’augmentation du nombre de sujets vaccinés », a révélé le Professeur Romain Glèlè Kakaï, directeur du Laboratoire de Biomathématiques et d’Estimations Forestières (Labef) de l’Université d’Abomey-Calavi. Il a toutefois précisé qu’un lien de causalité claire entre vaccination et dynamique des infections et de la Covid-19 reste à prouver du fait de l’impact possible d’autres facteurs difficilement quantifiables sur l’épidémie pendant la même période comme l’émergence de nouveaux variants du virus, la médecine traditionnelle ou encore l’immunité acquise.
En effet, la pandémie liée au SRAS-Cov2 a entraîné plus de 600 millions d’infections et plus de 6 millions de décès dans le monde. Le coût humain aurait été plus dramatique si des vaccins n’ont pas été produits à temps et utilisés pour lutter contre cette pandémie. Ces vaccins ont fait objet un peu partout dans le monde d’études menées en milieu réel. Il s’agit d’études cas-témoins, de cohorte ou encore de tendance temporelle.
Évaluer de plus près
Ainsi, le Hub international Semca a voulu comprendre les effets des mesures mises en place sur l’évolution de l’épidémie. Cela s’avère nécessaire dans un contexte où la couverture vaccinale dans les pays africains est relativement faible, du fait des problèmes d’approvisionnement en vaccins et à la réticence des populations. L’étude a porté sur l’impact de la vaccination combinée aux mesures sociales et de santé publique sur la dynamique de l’épidémie en Afrique de l’Ouest et au Bénin. Elle a pris en compte l’évolution du nombre quotidien de cas d’infection au SRAS-Cov-2 et du nombre quotidien de décès dus à la Covid-19, de la date de démarrage de la vaccination au 22 septembre 2022.
Selon Prof. Romain Glèlè Kakaï, en Afrique de l’Ouest, il a été noté que les mesures sociales et de santé publique ont une tendance descendante. Il y a donc eu un relâchement de ces mesures dans la période considérée. Dans le même temps, une tendance à la hausse de la proportion des personnes vaccinées a été observée. En ce qui concerne les nouveaux cas d’infection, une tendance à la baisse a été notée à partir à partir de Février 2022. Pour le nombre de décès, la tendance est pratiquement la même. « Lorsqu’on regarde de plus près les mesures sociales et de santé publique, on note que le retard d’effet est autour de 40 jours. C’est-à-dire que lorsque des mesures sociales et de santé publique sont mises en place avec une certaine adhérence des populations, il a fallu attendre 40 jours pour voir l’effet significatif sur l’évolution de l’infection dans la population », a fait savoir le directeur du Labef.
De même, le retard d’effet est plus court lorsqu’on a atteint 20 % de couverture vaccinale au niveau de l’Afrique de l’Ouest. Quant aux cas de décès, l’effet les mesures sociales de santé publique n’est pas vraiment clair. En ce qui concerne les données du Bénin, elles révèlent « un effet non significatif des mesures sociales et de santé publique et un effet significatif de la vaccination sur l’évolution des cas de décès pour la période considérée ». Ces résultats sont d’une importance capitale pour faire face à de futures épidémies.
La Rédaction