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L’histoire politique du Bénin durant l’année 2018 n’a pas été moins riche que celle des années antérieures. Elle a été marquée par plusieurs faits. L’un des plus importants, reste le rejet de la proposition de loi portant révision de la constitution le 05 juillet 2018. Sur l’initiative de quelques députés de la majorité parlementaire, une proposition de loi portant toilettage de la constitution du 11 décembre 1990 a été introduite au parlement. A l’issue du vote du 05 juillet, cette nouvelle tentative de révision de la loi fondamentale a été rejetée par une minorité de 19 députés et une abstention. Ce deuxième rejet de révision de la constitution fait suite à la première tentative portée par le gouvernement du Nouveau Départ et de la Rupture dont l’ancien ministre de la justice, actuellement président de la Cour constitutionnelle, a présidée la commission.
En dehors de la révision constitutionnelle, l’actualité politique au Bénin a été secouée par l’adoption à l’Assemblée nationale, de deux textes fondamentaux. Il s’agit de la loi portant code électoral et la nouvelle charte des partis politiques. Par l’adoption de ces deux textes, les députés de la 7ème législature ont insufflé une nouvelle dynamique au système politique béninois. Des partis régionaux, on est passé aux grands regroupements politiques. L’animation de la vie politique nationale, ne sera plus le fait d’une multiplicité de partis régionaux ou claniques, mais plutôt de grands regroupements mus par une idéologie et une vision bien définie. Abordant ces réformes dans son discours sur l’état de la nation le 27 décembre dernier, le chef de l’Etat Patrice Talon a souligné qu’elles ne sauront remettre en cause le multipartisme intégral cher au peuple béninois, mais juste en l’encadrant de conditions objectives de représentativité.
Dans la perspective de ces réformes, plusieurs groupes se sont déjà constitués au niveau des formations et mouvements politiques soutenant les actions du gouvernement. L’opposition malgré ses difficultés, entend également s’y conformer.
La lutte contre la criminalité financière et la poursuite des fossoyeurs de l’économie nationale ont aussi marqué l’actualité politique en 2018. En effet, déterminé à assainir les finances publiques, le gouvernement du Nouveau Départ a engagé des procédures pour faire rendre gorge aux responsables à divers niveaux, des finances publiques. Ainsi, des anciens ministres et députés impliqués dans diverses malversations, ont été poursuivis. Nombre de députés ont vu leurs immunités levées. A noter les cas des députés Idrissou Bako, Valentin Djènontin, Simplice Codjo Dossou et Mohamed Atao Hinnouho cités dans une affaire de gestion de campagne cotonnière de la période de 2012 à 2016 ou autres malversations. Chose inédite dans l’histoire politique du Bénin. Toutes les tentatives engagées jusqu’alors par les anciens présidents de la République s’étant toujours soldées par un échec ; les députés du fait de la solidarité parlementaire qui les caractérise, ayant toujours su contourner la demande de l’exécutif, à lui livrer un des leurs. Ce mythe, pourrait-on dire, a été brisé sous le régime du Nouveau Départ et de la Rupture. Une autorité quel que soit son rang, pourra désormais répondre devant la justice des faits passés ou présents, dont il serait auteur. L’Assemblée nationale sous le gouvernement de la Rupture, a cessé d’être le refuge des gens qui, impliqués dans des affaires, vont s’y cacher afin d’échapper à la justice.
L’une des preuves incontestables, est l’interpellation du député Mohamed Atao Hinnouho. Malgré son statut de député, il n’a pu échapper à la sanction des personnes inculpées dans l’affaire de faux médicaments. Son procès a eu lieu et il a été condamné.
En vue de punir les infractions économiques et lutter contre le terrorisme, la loi portant création de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a été votée.
Juste après son installation, cette nouvelle juridiction a vite fait de se saisir du dossier des 18 Kg de cocaïne dans lequel Sébastien Ajavon, président du patronat et candidat venu en 3ème position lors de la présidentielle de 2016 a été cité. Convoqué pour donner sa version des faits le 18 septembre 2018, ce dernier à l’instar des députés et anciens ministres impliqués dans diverses affaires, s’est exilé en France. La CRIET, depuis quelques jours, fait encore parler d’elle à travers la saisie du dossier Icc-Services. Une vaste escroquerie orchestrée de complicité, a-t-on dit, des gouvernants du régime défunt. Dans cette affaire, des milliers de Béninois se sont faits spoliés. Dix ans après, la CRIET s’en saisit pour rendre justice aux épargnants. La CRIET a aussi déclenchée une lutte inlassable contre la cybercriminalité.
On ne saurait évoquer les faits politiques ayant marqué l’année 2018 sans parler de l’arrestation à Madrid en Espagne, de l’ancien ministre d’Etat chargé de l’économie, des finances et des programmes de dénationalisation, Komi Koutché interpellé par la justice béninoise pour répondre des faits qui lui sont reprochés lors de son passage au Fonds national de microfinance (Fnm).
Au regard de ces différents faits qui ont marqué 2018, l’année 2019, pourrait-on dire, sera encore plus agitée et plus marquée politiquement. Et pour cause, le rendez-vous important des élections législatives que les différents acteurs ne voudront pas manquer.
F. A. A.