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Au Bénin, le cancer du sein est détecté à un stade très avancé chez 6 (six) femmes sur 10 (dix), minimisant ainsi les chances de survie des patientes. Pourtant, cette ravageuse, qui n’épargne aucune tranche d’âge parmi cette couche et dont le traitement est très onéreux peut être évitée par la prévention et un dépistage précoce.
A 7 ans, Caroline et carole sont orphelines de mère depuis deux ans. Dame A. a été arrachée à l’affection de ses enfants et de sa famille à l’âge de 37 ans à l’hôpital St Jean de Dieu de Tanguiéta suite à un cancer du sein dépisté très tard. Une maladie, qui avant de lui arracher la vie, a ruiné financièrement et psychologiquement le ménage, confie M. Gérard, le veuf, qui pleure toujours la disparition précoce de sa femme.
Comme lui, de nombreux hommes se retrouvent du jour au lendemain veufs du fait du cancer de sein, une tueuse silencieuse. D’après les explications des spécialistes en cancérologie, le cancer du sein naît au niveau du sein mais les cellules cancéreuses peuvent rentrer dans le sang, dans la lymphe, aller au niveau du poumon, le détruire et empêcher le malade de respirer, aller au niveau du foie, empêcher le foie de fonctionner ou aller au niveau du cerveau et peut-être créer le décès du malade.
« Si ma femme avait été dépistée très tôt, elle serait encore en vie à mes côtés (…). Mais malheureusement, le dépistage a été fait à un stade très avancé et ni les médecins, ni moi n’avions pu lui épargner la mort », regrette le veuf en sanglots.
Selon les résultats d’une étude réalisée à la Clinique universitaire de gynécologie et d’obstétrique (Cugo) et au Centre hospitalier universitaire de la mère et de l’enfant-Lagune (Chu-Mel) de 2000 à 2008, le délai de consultation après l’apparition des premiers signes est le plus souvent compris entre un et six mois et pouvait aller au-delà de trois ans. Il est donc clair que le cancer du sein, qui touche la femme non seulement dans son intégrité physique et psychologique mais également dans sa féminité, est curable si et seulement si elle est détectée à un stade précoce.
Le cancer du sein une maladie silencieuse…
Malheureusement, le constat est tout autre sur le terrain. Au Bénin 06 (six) femmes sur 10 (dix) ne font pas attention aux signes qu’émettent leur corps et laissent la maladie atteindre le stade terminal avant de se rendre à l’hôpital pour une prise en charge et cela se solde souvent par la mort comme le cas de dame A., déplore Prof Martial Tiburce Zannou, président de l’Association franco-béninoise de lutte contre le cancer, qui énumère quelques signes annonciateurs de ce mal qui gagne du terrain.
« Les signes annonciateurs du cancer du sein sont diverses et ne sont pas spécifiques car d’autres maladies se manifestent de la même manière et lorsque les signes apparaissent, il est souvent tard. C’est pourquoi, toutes modifications du sein chez la femme, soit un sein plus gros que l’autre, l’apparition de boules dans le sein, l’aspect de la peau d’orange, l’écoulement de liquide par le sein parfois ensanglanté, le changement de couleur d’un sein par rapport à l’autre, des ganglions au niveau des aisselles doivent inquiéter et amener l’intéressée à consulter un médecin », a-t-il étayé.
Pour prévenir le mal, le spécialiste préconise un dépistage précoce de la maladie et exhorte les femmes à se faire consulter par un médecin dès l’apparition des signes annonciateurs du cancer du sein.
« Le dépistage précoce reste le principal moyen de lutte contre le cancer du sein, pour une prise en charge efficace et moins coûteuse », insiste Prof Zannou.
Mme Laurence Monteiro, présidence de l’Association des sages-femmes du Bénin, abonde dans le même sens et aussi met l’accent sur la prévention du mal par l’autopalpation des seins mais surtout par l’adoption de comportements sains.
« Pour lutter contre le cancer du sein, les femmes doivent s’auto-palper tous les mois après les menstruations. Elles doivent éliminer tous facteurs de risques en évitant la consommation d’alcool, en mangeant beaucoup de fruits et légumes, en faisant des activités physiques pour ne pas grossir, en évitant de prendre trop de sucre (…) », a-t-elle conseillé. Aussi, invite-t-elle les femmes chez qui le cancer du sein est déjà détecté à se rendre très tôt à l’hôpital pour une meilleure prise en charge afin de garder leur sein en état normal mais surtout de leur épargner la mort pour le bonheur de tous.
Dans ce cas, il urge de rappeler que la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie sont entre autres les moyens thérapeutiques ciblés et utilisés de nos jours pour lutter contre le cancer du sein. Toutefois, le choix de l’un de ces traitements est personnalisé et adapté à chaque type de patient.
Juliette MITONHOUN