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Les résultats catastrophiques obtenus aux examens de fin d’année montrent le vrai visage du système éducatif au Bénin. Ils remettent également en cause la crédibilité des responsables en charge de l’enseignement qui ont laissé la situation pourrir, avant de commencer par livrer les vrais chiffres des examens.
16% au Brevet d’études du premier cycle (Bepc), 39, 26% au Certificat d’études primaires (Cep), en attendant la proclamation des résultats du baccalauréat qui, selon les informations, tournent autour de 10%. Voilà les contre-performances enregistrées aux différents examens de fin d’année au Bénin en 2016. Ces types de résultats obtenus aux examens remontent aux années 70 et 80. Dans les différents commentaires, les uns et les autres soutiennent que c’est le vrai visage de l’école béninoise. On en fait même une lecture politique consistant à montrer que le régime du Président Patrice Talon prime les compétences, car il n’y aura plus de places à la médiocrité. Par exemple, l’actuel directeur des examens et concours, Mahougnon Cakpo, revenu aux affaires à la faveur de l’arrivée au Pouvoir du Président Talon, s’en réjouit sous prétexte que seuls les plus méritants réussiront désormais aux examens. Ces analyses amènent à poser une seule question : pourquoi c’est aujourd’hui que ceux qui avaient organisé les examens à fort taux de réussite soutiennent que les nouveaux résultats montrent la vraie physionomie de l’école béninoise ? La réponse est qu’il y avait, par le passé, des résultats qui étaient en déphasage avec la réalité. Lors de la proclamation des résultats du Bepc hier dans un centre de délibération à Cotonou, un enseignant disait ceci : « On dit que les enfants ne savent ni lire, ni écrire. Ils ne peuvent pas écrire leurs noms. Et pourtant, les mêmes ont obtenu la moyenne pour passer de la 6ème en 5ème, de la 5ème en 4ème , de la 4ème au 3ème . … ». Il se pose alors la problématique des passages en classe supérieure dans les lycées et collèges au Bénin. C’est dire que des élèves sans niveau arrivent miraculeusement à avoir la moyenne en d’année. Pour celui qui connaît un peu le monde éducatif béninois, des notes sont pour la plupart attribuées de manière fantaisiste aux élèves. Ce phénomène est caractérisé par le copinage et le clientélisme. Il faut être la maîtresse du professeur ou son garçon de course pour avoir ses largesses, lors de la correction des copies. En conséquence, les élèves évoluent dans leur cursus scolaire avec un niveau lamentable qui relève aux examens.
Responsables incriminés
Malgré la baisse de forme des apprenants, on enregistrerait de forts taux de réussite aux différents examens. C’est à travers les chiffres de cette année qu’il a été révélé que les résultats encourageants des années antérieures étaient l’arbre qui cachait la forêt. Ils étaient catastrophiques. Mais, les autorités les arrangeaient pour favoriser le taux d’admission au Cep, au Bepc et au baccalauréat à travers des rachats qui dépassent l’entendement. Et pourtant, ce sont ceux qui avaient favorisé ce système qui sont encore au devant de la scène aujourd’hui. L’actuel directeur des examens et concours, Mahougnon Cakpo, avait occupé ce poste pendant quatre ans, sous le régime de l’ancien Président de la République, Boni Yayi. Les mêmes enseignants comme lui donnent des leçons aujourd’hui en soutenant que c’est le vrai visage de l’école béninoise. Un visage qu’ils avaient tous masqué en donnant des diplômes aux non méritants. C’est la conséquence de la mascarade entretenue depuis plusieurs années au Bénin qui révèle ses dessous. On a alors assisté pendant des lustres à un génocide intellectuel. Doit-on laisser impunis les auteurs de ce séisme intellectuel ? Non. C’est le moment de placer les cadres devant leurs responsabilités. C’est facile aujourd’hui de venir dire que c’est le vrai visage de l’école béninoise, alors qu’on a participé à la mascarade qui a régné en maître devant plusieurs années. Des mesures doivent être prises pour mettre fin à ce système qui n’honore pas l’école béninoise.
Jules Yaovi MAOUSSI