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La loi N°2019-040 du 07 novembre 2019 portant modification et complétant la constitution du 11 décembre 1990, indique en son article 151 que l’Etat béninois reconnait la chefferie traditionnelle. « L’Etat reconnait la chefferie traditionnelle gardien des US et coutumes dans les conditions fixées par la loi », stipule l’article 151-1 de la constitution béninoise. L’institutionnalisation de la chefferie traditionnelle souhaitée depuis plusieurs années par le haut conseil des rois du Bénin est devenue ainsi une réalité. Cet acte, constate-on, nécessite un véritable travail pour la prise en compte effective des rois au Bénin.
Par Innocent DEGNIDE
La constitutionnalisation de la chefferie traditionnelle, un ouf de soulagement au sein du haut conseil des rois du Bénin
La reconnaissance de la chefferie traditionnelle par la constitution béninoise, apparait aujourd’hui comme un ouf de soulagement. Dignitaires, sages, têtes couronnées du pays et même au sein du haut conseil des rois du Bénin, on se flotte les mains depuis le vote de cette loi portant modification et complétant la constitution du 11 décembre 1990.
Pour le secrétaire général du haut conseil des rois du Bénin, sa majesté Gangorosuambou, roi de Kika, c’est l’un des grands rêves des royaumes du Bénin qui est ainsi réalisé. « Nous avons suivis le dossier de long en large, depuis le dialogue politique en passant par le comité des experts, la rencontre avec les présidents des commissions parlementaires jusqu’au parlement. L’acte a été pris. C’était vraiment un acte de soulagement pour nous les rois. Les impressions sont bonnes. Nous sommes tous heureux d’accueillir qu’aujourd’hui la chefferie traditionnelle a été institutionnalisée et constitutionnalisée. Ce qui fait qu’aujourd’hui nous sommes très heureux, puisse que c’est à vie », a-t-il confié avec un visage plein d’espoir et souri aux lèvres.
« Il y a quinze ans le code de la chefferie traditionnel a été déposé à l’Assemblée Nationale. Mais à ce jour, toutes les mandatures qui se sont succédées, sont restées inerte pour mettre à l’ordre du jour, la chefferie traditionnelle » a rappelé le roi de Kika tout en notifiant que le président Patrice Talon vient ainsi de réaliser l’une des promesses faites au haut conseil des rois du Bénin.
Le courage de Patrice Talon salué
Aucune initiative de projets de révision de la constitution du 11 décembre 1990 n’a abouti depuis le général Mathieu Kérékou à Boni Yayi en passant par l’unique mandat de Nicéphore Dieudonné Soglo de 1990 à octobre 2019. « Ne touche pas à ma constitution », c’est la portion de phrase de résistance que prononçait le peuple béninois à tout président ayant eu l’initiative notamment au général Mathieu Kérékou, à Boni Yayi et également à celui en exercice au début de son initiative. Si les deux premiers, n’ont pas eu le courage de foncer, Patrice Talon après l’échec du projet sous la 7ème législature, a eu les stratégies nécessaires de réviser sans tapage la loi fondamentale du Bénin, malgré sa renonce à la voie référendaire et même au projet à la veille de l’opération.
Selon le roi Gangorosuambou, depuis 1960 à ce jour, seul le gouvernement du président Patrice Talon a pris l’initiative et a eu le courage de réviser la constitution et d’y introduire la tradition. « C’est dire que Patrice Talon a essayé de mettre l’équilibre. Ce qui a permis de nous reconnaitre officiellement. Nous allons constituer désormais une institution de l’Etat. Il aura également des lois ou décrets d’application portant organisation, attribution et fonctionnement de la chefferie traditionnelle au Bénin. C’est hautement appréciable », s’en est-il réjoui. Nous félicitons le président Patrice Talon, poursuit cette majesté, pour son courge et son initiative, et nous remercions également les députés qui ont eu la sagesse et le courage de voter cette loi au niveau de la constitution.
Dans la sous-région, précise le secrétaire général du haut conseil des rois du Bénin, nous sommes les derniers à avoir cet acte au niveau de la constitution. Le haut conseil, souligne le roi Gangorosuambou, et même tous les rois du Bénin, nous félicitons Patrice Talon. Nous le remercions chaleureusement et nous allons prier pour que son règne puisse apporter rien que du bonheur aux béninois.
La chefferie traditionnelle constitutionnalisée, et après ?
« L’être humain n’est jamais satisfait dit-on ». L’Etat béninois reconnaît désormais la chefferie traditionnelle. Cette reconnaissance nécessite certains préliminaires et engendre également d’autres besoins dans les cours royales du Bénin. Mis à part, le décret d’application, d’autres besoins se font sentir dans le cercle du haut conseil des rois du Bénin pour combler l’attente des uns et des autres.
Le secrétaire général du haut conseil des rois du Bénin, sa majesté Gangorosuambou, se dit être doublement satisfait mais souligne que les attentes ne sont pas comblées.
« C’est un acte qui nous permet d’être juridiquement et officiellement reconnus par l’Etat. Ce qui suivra, il nous faut par exemple un siège ou à tout moment si on a besoin des rois on peut les retrouver. Il nous faut également quelque chose de fonctionnement, de véhicules, ce qu’il faut pour qu’au moins on puisse jouir véritablement de notre pouvoir », a-t-il fait savoir avant d’avancer l’exemple d’autres pays de la sous-région.
En Côte d’Ivoire par exemple, précise-t-il, le président Ouattara a créé la maison de la chefferie traditionnelle et là, les chefs traditionnels ont des bureaux et quand on a besoin des rois, c’est là il faut aller. « Les pays anglophones sont très en avance en la matière par rapport aux pays francophones. L’administration a été calquée dans ses pays à base de la chefferie traditionnelle, si bien que les rois sont puissants. Ils sont en avance par rapport à nous » a ajouté le roi de Kika.
La pléthore des rois, un handicap pour la reconnaissance du pouvoir traditionnel au Bénin
Depuis environ quinze ans que le code de la chefferie traditionnel a été déposé à l’Assemblée Nationale, aucune des mandatures qui se sont succédées n’a y pensé. Cet état de chose s’explique selon le secrétaire général du haut conseil des rois du Bénin, par le fait que les rois sont en pléthore au Bénin.
« Je comprends nos parlementaires. Ils craignaient par ce qu’on est en pléthore. Il faut le reconnaitre. Au Bénin on est effectivement en pléthore. Donc ça fait certainement peur aux décideurs », a-t-il soutenu.
Je crois qu’il fallait ce que le chef de l’Etat vient de faire, martèle-t-il. Il faut oser. Oser le faire et le nettoyage ou le toilettage va se faire au fur et à mesure.
Nécessité d’un toilettage au niveau des cours royales pour la prise en compte effective des rois au Bénin
A part les royaumes qu’enseigne l’histoire au Bénin, force est de constater qu’un bon nombre se sont ajoutés. Le nombre de roi s’est accru et les palais royaux se sont multipliés. Pour la prise en compte effective des rois au Bénin, il va falloir un véritable nettoyage au niveau des cours royales, estime sa majesté Gangorosuambou, roi de Kika. Aux dires de ce dernier, les royaumes qui sont arrivés après la colonisation ne sont pas des royaumes.
Pour être valablement roi, explique-t-il, « il faut avoir un royaume, un pouvoir accepté par son entourage et par les populations, et que les sujets que tu gères t’acceptent, te reconnaissent comme chef et que tu aies une ligne lointaine de roi qui ait régné dont tu es la lignée ».
« Il faut donc l’historique des racines de la lignée par ce que les royaumes qui sont arrivés après la colonisation, ne sont pas des royaumes », a-t-il notifié en émettant le vœu de voir le décret d’application qui sera pris, prenne en compte les critères nécessaires afin d’éviter toute frustration.
Une fois que des critères seraient établis et élaborés, annonce-t-il, je crois que tout un chacun se trouvera. Les gens vont se retrouver et voir dès l’établissement de ses critères, s’ils sont dedans ou pas.
Aussi, a-t-il renseigné, que le haut conseil des rois du Bénin a pris des dispositions en la matière et dès que l’autorité sera prête, des propositions lui seront faites pour la prise en compte effective des vrais rois du Bénin. D’autres initiatives y sont également prises en 2008 par les historiens où un nombre de royaume a été défini, a-t-on informé.
« Je crois que là c’est déjà une base qui nous permet de lutter et de balayer nos cours royales. Là où il y a des déchets et les brebis galeuses, il faut les enlever pour que l’Etat puisse s’occuper des rois qui sont authentiques », a signifié le secrétaire général du haut conseil des rois du Bénin.
Faudra-t-il découronner des rois et supprimer certains palais royaux ?, la question reste posée. Il ne servira à rien de torpiller l’histoire, insiste le roi Gangorosuambou.
Comment se fera la hiérarchisation du pouvoir de la chefferie traditionnelle ?
L’Etat béninois pourra-t-il doter effectivement tous les rois de véhicule et faire également face à leur fonctionnement ? …, les solutions à ces interrogations, faciliteront la prise des dispositions nécessaires pouvant permettre aux rois du Bénin de jouir véritablement de leurs pouvoirs.