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D’ici au 31 décembre 2022, le Bénin, conformément à ses quatre nouveaux engagements pris de manière inclusive avec les Osc, il y a un an, pour promouvoir la planification familiale devrait rendre gratuits les services à toutes les filles et femmes en âge de procréer. A quelques jours de cette échéance, ce résultat est loin d’être atteint avec un taux de prévalence contraceptive estimé à 12,4% (EDSB V).
Âgé de 12 ans, Alain B. est orphelin de mère avec 8 frères et sœurs. Leur maman, feue Agathe Z., la quarantaine, très féconde a rendu l’âme, deux jours après avoir donné naissance à son neuvième enfant. N’ayant pas les moyens pour s’offrir les services de la contraception moderne, la défunte avait opté pour la contraception traditionnelle notamment les graines de Ricin. Une méthode inefficace qui ne lui a pas permis de contrôler ses naissances et de réaliser ses rêves. Comme elle, des milliers de filles et femmes vulnérables meurent chaque jour des suites d’un accouchement difficile parce que ne pouvant pas s’offrir les services de la contraception moderne.
Selon, les résultats de l’Enquête démographique de santé (EDS) réalisée en 2017, 4 femmes sur 10 meurent chaque jour de causes liées à la grossesse au Bénin. Or, la planification familiale constitue l’un des piliers de réduction de la mortalité maternelle et infantile. Elle représente également un facteur déterminant dans la réduction de la pauvreté.
C’est donc en raison de ses avantages, que le Bénin depuis quelques années a fait de la question de la planification familiale une priorité en prenant le 21 décembre 2022, quatre nouveaux engagements pour le bien-être des adolescents et jeunes.
Dans son deuxième engagement, le gouvernement a fait la promesse d’assurer la gratuité de la planification familiale à toutes les filles et femmes en âge de procréer d’ici à fin décembre 2022. Se basant sur la volonté de l’Etat de réduire le taux de mortalité maternelle à travers la modification et l’amélioration de loi Sr (Santé de la reproduction) et les activités de la semaine de survie de l’enfant, le Directeur exécutif de l’Ong Grafed, M. Jérôme Chatigre, a, au cours d’une séance d’échange avec les journalistes, indiqué que les lignes ont bougé en matière de la santé de la reproduction au Bénin. Mais sur le terrain, les choses semblent ne pas trop bouger
D’ailleurs, à 7 jours de la date fixée pour offrir gratuitement les services de la Pf aux filles et aux femmes, le gouvernement malgré les actions accomplies par les Organisations non gouvernementales et les partenaires techniques et financiers, peine toujours à rendre effective cette promesse. Tout service de Pf en dehors des périodes de campagnes est payant. Isabelle Z. est en fait l’amère expérience. « J’ai adopté en 2021, au cours d’une campagne d’offres gratuits de produits contraceptifs, organisée par l’Association béninoise pour la promotion de la famille dans le cadre de la journée internationale de la femme, une méthode contraceptive. Mais trois mois après, je saignais abondamment et quand je suis repartie à la clinique pour signaler, on m’a demandé d’aller payer à la caisse et depuis ce temps, je ne vais plus là-bas pour les contrôles ou même quand j’ai de petits problèmes. Je sais que Dieu connait ma situation et va bien fixer le dispositif pour que rien de grave ne m’arrive » a-t-elle confié d’un ton résignant.
Selon l’EDS V, environ 13 femmes sur 100 adoptent une méthode de contraception au Bénin, alors que l’objectif visé d’ici à 2026 est de 20 femmes sur 100. Pourtant, « le Bénin à l’instar des Etats membres du Partenariat de Ouagadougou (PO) s’était engagé pour la promotion de la PF en Afrique de l’Ouest francophone. Si des efforts louables ont été enregistrés au niveau des autres pays, notre pays avec un taux de prévalence contraceptive de 12,4% (EDSB V) occupe une place non confortable juste avant la Guinée Conakry (11%) » a alerté Jérôme Chatigre qui invite le gouvernement a honoré ses engagements pour sauver la vie des filles et des femmes de la mort.
La volonté politique exprimée…mais nécessité de passer à l’action
En Décembre 2013 le Bénin avait pris à Addis-Abéba, l’engagement de rendre gratuits les services de PF à l’endroit des adolescents et jeunes. Cet engagement a été renchéri en 2017 à la conférence de Londres avec la généralisation de la gratuité des services de PF. Ayant pour vision de faire du Bénin un pays où la population en particulier les personnes vulnérables bénéficient d’un accès équitable aux services de Planification Familiale de qualité contribuant ainsi à son développement harmonieux à l’horizon 2030, le gouvernement a décidé, le 21 décembre 2021 de passer à la vitesse supérieure en prenant l’engagement, d’assurer la gratuité de la planification familiale à toutes les filles et femmes en âge de procréer d’ici à fin décembre 2022. Mais si une chose est de promettre, l’autre chose est de tenir sa promesse. Le principal goulot d’étranglement reste donc la concrétisation de cette promesse. Il est donc attendu que le gouvernement fasse de la jouissance complète des droits en matière de la santé de la reproduction en particulier des filles et des femmes une réalité à travers un accès gratuit aux services de la Pf. La grande partie des actions est financée par les partenaires techniques et financiers. Or beaucoup d’efforts restent à faire pour zéro décès maternel et la réduction de la pauvreté. Si le Bénin veut atteindre ses objectifs en matière de planification familiale, contribuer significativement à la réduction de la mortalité maternelle et faire de la planification familiale, l’une des stratégies efficaces pour son développement durable, il doit œuvrer pour une utilisation accrue des produits contraceptifs en les rendant gratuits à toutes les filles et femmes en âge de procréer. Le décaissement de ressources financières pour l’approvisionnement et la sécurisation des produits contraceptifs par le gouvernement s’avère donc nécessaire pour rendre effectif son engagement d’assurer la gratuité de la planification familiale à toutes les filles et femmes en âge de procréer d’ici à fin décembre 2022. La Direction de la Santé de la mère et de l’enfant et des Soins infirmiers et obstétricaux (Dsme-Sio) doit intensifier son plaidoyer afin d’obtenir la généralisation de la gratuité des services de la Pf dans 7 jours au plus tard. Aussi, l’intervention du ministre de la santé est sollicitée pour La sécurisation et la disponibilité des produits contraceptifs afin de rehausser le taux de prévalence contraceptive pour enregistrer moins de décès de femmes et de filles en couche à l’horizon 2030.
J.M.