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Le fromage du soja, très riche en protéine et autres vitamines nécessaires pour le bien-être humain aurait des effets néfastes sur la santé du consommateur. Des universitaires au terme d’études avaient alerté sur des risques de la maladie du cancer. Dr Sam BODJRENOU, chercheur à Alliance entre Biodiversity International et CIAT de l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA), apporte quelques explications.
S’expose-t-on à des risques de maladies lorsqu’on mange le fromage du soja, communément appelé ‘’Amon soja’’ en langue locale fon ? De l’avis du nutritionniste, la réponse c’est non. Cette source végétale de protéine très courante dans les ménages, ceux à faible revenu notamment, n’a aucun impact négatif sur la santé humaine. Le coût réduit, 25 francs CFA l’unité, fait de lui, « un aliment bon marché » pour remplacer le poisson ou la viande. Mais pour des raisons spécifiques, la consommation du fromage du soja pourrait nuire à la santé. Dr Sam BODJRENOU, chercheur à Alliance entre Biodiversity International et CIAT de l’IITA, clarifie.
Selon le spécialiste des questions de nutrition, le fromage du soja est un aliment riche en minéraux (potassium, fer, zinc, etc), des vitamines, avec un bon apport de protéine. Certaines personnes après avoir consommé cet aliment, pourraient développer des allergies. Il s’agit de cas vraiment rares, mais qu’on peut rencontrer. Et pour ces cas spécifiques relatifs aux allergies, une consultation auprès d’un médecin spécialiste est recommandée.
En dehors des cas d’allergie, le nutritionniste distingue deux principaux problèmes qui feraient du fromage du soja, une source de pathologies. Il a évoqué un véritable problème d’hygiène au sein des unités traditionnelles de production, et l’introduction de substances chimiques visant à augmenter le rendement et faire des bénéfices.
Les règles d’hygiène foulées au pied
Les transformatrices au sein des ménages ne respectent pas souvent les règles d’hygiène. Ce qui amène à remettre en cause la qualité du fromage qu’elles produisent. « Dans la plupart des villages, lorsque vous voyez la manière dont le fromage de soja est produit, vous n’avez pas envie de manger », c’est ce qu’a confié le Dr évoquant une étude réalisée à la Faculté des sciences agronomiques (FSA) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC), et consacrée à « La qualité sanitaire du fromage de soja ». Cette étude selon le nutritionniste, a révélé qu’à la fin du processus de production, la plupart du temps, qu’il y a beaucoup de fromages de soja qui peuvent nuire à l’organisme humain. Et ce, à cause de la présence de microorganismes toxiques, relevant des ‘’conditions insalubres’’ dans lesquelles le fromage est produit. La production du fromage de soja selon Sam BODJRENOU, requiert une bonne formation. Faute de formation adéquate, certaines transformatrices ne respectent un certain nombre de mesures ; ce qui peut amener à remettre en cause la qualité du fromage produit.
L’autre facteur de risque que le chercheur identifie est relatif à l’exposition à l’air libre chez les détaillantes. Des revendeuses de fromage de soja ne prendraient aucune mesure de protection, exposant l’aliment aux mouches et autres insectes, vecteurs des nombreuses pathologies.
Aux conditions hygiéniques ‘’malsaines’’ observables dans les ménages pendant la production et l’exposition à l’air libre chez les détaillantes, l’usage de substances chimiques nuisibles par des transformatrices constitue un autre facteur de risque.
L’usage de substances chimiques, un autre facteur de risque
En quête de profit, certaines transformatrices feraient usage de substances chimiques destinées à augmenter le rendement et réduire le temps de cuisson. Le formol, a cité en exemple le Dr. L’accumulation de ces substances dans l’organisme fait-il savoir, va se révéler sur le long terme par des maladies telles que le cancer. Mais sur le terrain, des Organisations non gouvernementales (ONG), des institutions et autres associations aident les transformatrices à améliorer l’ensemble du processus pour qu’en fin de compte, on ait un produit de bonne qualité et sans effet néfaste sur la santé, a informé le chercheur à Alliance entre Biodiversity International et CIAT de l’IITA.
Sur la consommation du fromage de soja, les avis des consommateurs divergent.
Des avis partagés de consommateurs
Nathanaël, technicien du froid et de la climatisation résident à Abomey-Calavi aimait bien manger le fromage du soja, mais il a fallu qu’il découvre une transformatrice à l’œuvre pour renoncer à la consommation du ‘’Amon soja’’. « C’est un aliment que j’aimais bien manger. Mais une fois, j’allais à Cocotomey, et avant de monter sur la digue de Aglouza-carrefour en quittant Womey, j’ai vu une dame en train de préparer le fromage du soja sous un petit manguier. Ce n’est pas la peine. On ne peut pas préparer un aliment que tout le monde va manger dans ces conditions. C’était dans l’insalubrité totale, à côté des eaux sales du marécage, des tas d’ordures par ci et par là, des porcs déambulant dans l’environnement immédiat après un bain dans les eaux souillées, bref, c’était dans un environnement très sal et puant », a-t-il rappelé. Cette scène qu’il a observée il y a plus de 05 ans selon ses explications, est restée gravée dans son esprit, et changé son habitude.
Norbert, Richard et Rogatien sont trois jeunes apprentis menuisiers à Maria-Gléta. Le fromage de soja est très courant dans leur alimentation. Quel que soit le repas, il suffit de recourir à ce qu’ils appellent « madriers » ; et le tour est joué. Au sujet des risques éventuels de maladies auxquels l’aliment expose son consommateur, ils n’en savent rien. « Depuis toujours, on mange ça, mais personne n’a jamais eu de problème », confie l’un d’entre eux l’air très amusant.
Gaël, jeune étudiant dans une université privé n’en consomme pas. Aucun motif réel ne justifie le rejet du fromage de soja dans son alimentation. « C’est un choix volontaire », a-t-il laissé entendre.
En dehors du poisson, les œufs, la viande, et la saucisse servis aux clients, Philomène, jeune gargotière, sert également le fromage de soja. « Il y a certains clients qui aiment ça, et pour satisfaire leur demande, j’essaie de m’en procurer », a-t-elle confié.
« Je ne peux pas supprimer le fromage de soja dans mon alimentation. Ça aide beaucoup. Avec un peu d’argent, tu as déjà fait ta sauce. Le défaut de viande ou de poisson n’est même pas remarqué », déclare Pierrette, une revendeuse de divers.
Amon soja est un aliment très prisé des populations béninoises. En milieu rural comme dans les villes, l’on l’utilise pour la préparation de divers repas, les soupes notamment. Mais le non-respect des règles d’hygiène chez les transformatrices, l’introduction de substances chimiques, et l’exposition à l’air libre constituent des facteurs qui exposent le consommateur à des risques de maladie.
F. A. A.
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