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Avortements clandestins ou à risque chez les jeunes

Un drame sanitaire et social




Au Bénin, l’avortement clandestin ou à risque chez les jeunes semble être entretenu au lieu d’être combattu. La poursuite judiciaire de celles qui le pratiquent et de leurs complices renvoie davantage la pratique dans la clandestinité, ce qui la rend encore plus dangereuse. Le constat fait dans certains centres de santé et ménages est ahurissant.

Mardi 11 avril 2017, peu après 13 à Hlacomey à Akpakpa (3ème arrondissement de Cotonou). Doukpè, une élève de 15 ans a été admise en urgence dans une clinique privée du quartier par ses parents des suites d’une hémorragie. Selon les confidences du médecin traitant, Dr Midou M., Doukpè a tenté elle-même d’interrompre une grossesse à domicile. Un comportement qui peut lui coûter la vie, se désole le spécialiste.
<< Je ne suis informé de rien. Sa mère et moi venons d’apprendre de la bouche du médecin qu’elle a tenté un avortement qui malheureusement a échoué. J’ai eu la confirmation en lisant les messages de son téléphone. Elle a préféré se confier à une adolescente comme elle qui lui a conseillé d’enfoncer non seulement un objet pointu dans le vagin mais aussi de prendre une décoction fait à base de plusieurs plantes au goût amer pour se débarrasser de sa grossesse >>, confie Jacques Adomou, le père de la victime. ‹‹C’est horrible. Comment a-t-elle pu arriver à cette extrémité ?››, se demande-t-il.
En Afrique, la problématique de l’avortement est encore une question tabou et la plupart des lois sur la question sont restrictives.
Au Bénin par exemple, l’avortement est aussi un sujet sensible car il est condamné légalement, proscrit par la société et interdit par la religion. Aucun jeune ne peut donc aller délibérément dans un centre formel de santé pour bénéficier de ce service. Alors pour ne pas tomber sous le coup de la loi, de nombreuses adolescentes et jeunes filles à l’instar de Doukpè, qui tiennent absolument à mettre fin à des grossesses non désirées recourent à la pharmacopée traditionnelle ou aux services des « avorteurs » clandestins des cliniques de rue. Certaines utilisent des méthodes rudimentaires et très dangereuses (insertion de tessons de bouteilles et autres objets pointus et tranchants dans le vagin, prise de médicaments en surdosage...) et du coup, mettent leur vie en péril.

Des dispositions législatives qui tuent
Des dispositions législatives permettent exceptionnellement l’avortement en cas de risque pour la santé, de viol, d’inceste ou de malformation congénitale et en cas de danger pour la vie de la femme enceinte. Ces dispositions juridiques restrictives conduisent parfois les adolescentes et jeunes à chercher les services d’avortement en dehors du système formel de santé, où la sûreté n’est pas être garantie.
Ces situations défavorisent l’atteinte des objectifs en matière de santé de la reproduction dans la mesure où elles multiplient la survenance des avortements à risque qui ont pour principale cause les grossesses non désirées.
Selon l’Organisation mondiale de la santé 4,2 millions d’avortement à risque se produisent chaque année en Afrique, entraînant près de 300 000 décès.
D’après les spécialistes, l’avortement est dit à risque lorsqu’il est pratiqué dans une clinique de rue qui ne dispose pas d’équipements adéquats pouvant offrir des services complets d’avortement de qualité. Il en est de même lorsque le prestataire qui offre le service n’est pas qualifié ni formé dans ce domaine.
Les complications d’avortement et leur gravité pense Mme Hélène Hlungbo, championne Pf de l’Association béninoise pour la promotion de la famille (Abpf), sont liées au type de méthodes abortives utilisées. L’insertion d’objets tranchants ou pointus dans l’utérus, l’utilisation de médicaments et de produits chimiques en surdosage ou encore l’utilisation de tisanes ou décoction à goût amer ou acide (…) sont aussi dangereuses que les méthodes chirurgicales pratiquées par des personnels de santé non qualifiés ou dans un environnement sanitaire inadéquat ou médiocre.

L’avortement : une pratique dangereuse
Les avortements provoqués de façon clandestine aboutissent souvent à, des complications graves et constituent un danger permanent pour la santé et la vie des jeunes, rappelle Dr Serge Kitihoun, Directeur des programmes à l’ Abpf. Selon ses explications, la majorité des filles qui optent pour cet acte illégal s’en sortent souvent avec des perforations utérines, des douleurs pelviennes et chroniques, des infections, des hémorragies, des problèmes de stérilité et d’incontinence, des lésions des organes génitaux et même la mort. Même si les statistiques concernant le phénomène sont presque inexistantes du fait de sa clandestinité, l’Abpf estime à 15 % les décès maternels annuels imputables aux complications d’avortement clandestin.
A ces problèmes de santé s’ajoutent les conséquences psychologique, économique et sociale.
Pourtant la planification familiale aiderait à prévenir les grossesses non désirées, principale cause des avortements clandestins et à risque et réduire de façon considérable le taux de mortalité maternelle parmi la couche juvénile.

Que font les acteurs pour extirper le mal ?
Bien que les progrès soient actuellement encourageants, la baisse de la mortalité maternelle au Bénin serait encore plus importante si les femmes pouvaient éviter les grossesses non planifiées, qui sont la cause principale des avortements provoqués.
Dans les pays où l’avortement est dépénalisé, les procédures qui sont réalisées par les professionnels formés et dans des conditions hygiéniques sont extrêmement sûres. Il est donc urgent que les autorités politiques et sanitaires du Bénin révisent les législations (la loi sur l’avortement, le code pénal et la loi de 2015 portant code de l’enfant) qui criminalisent l’avortement compte tenu de ses conséquences. Aussi, pour lutter contre l’avortement clandestin chez les jeunes, est-il nécessaire de lutter contre les grossesses précoces et non désirées.
Pour ce faire, il urge que l’Etat respecte ses engagements envers les jeunes en décrétant la gratuité de la planification familiale pour cette couche.
Le ministère de la santé en collaboration avec les partenaires techniques et financiers doivent à leur tour travailler en synergie pour multiplier les centres conviviaux pour les jeunes. Ainsi, ces jeunes pourront y aller pour poser leurs préoccupations et recevoir en retour les bonnes informations sur la sexualité.
Les ministères en charge de l’éducation et de la jeunesse doivent quant à eux tout faire pour que l’éducation sexuelle soit intégrée aux curricula de formation et pour qu’elle soit aussi réalité en milieu extra-scolaire.
Les organisations de la société civile et tous les autres acteurs intervenant dans la lutte pour l’éradication des avortements à risque chez les jeunes filles doivent impliquer dans la lutte aussi bien les adolescentes et jeunes filles que leurs parents et les jeunes hommes, à travers un véritable travail de sensibilisation et de plaidoyer. Le dialogue parent-enfant est incontournable dans ce combat. Les parents doivent surtout comprendre que l’éducation parentale ne réside pas seulement dans le fait d’assurer une bonne éducation aux filles, mais doit aussi considérer le fait de se rendre disponible et compréhensif en cas de grossesse non désirée. Ce n’est qu’à ce prix que la lutte contre les avortements à risque chez les jeunes qui représentent l’avenir de demain serait une réussite.

Juliette Mitonhoun.

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22 novembre 2018 par La Rédaction




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