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La grève qui perdure dans le secteur de la santé au Bénin était au centre des débats sur l’émission « 90 mn pour convaincre » de la radio nationale Ortb, ce dimanche 15 octobre 2017. Elle a enregistré comme invités Lucien Toko, Directeur de cabinet du ministère de la santé et Théophile Dossou, secrétaire général du Syntra-Unité Cnhu et membre de l’intersyndicale des ressources humaines en santé du Bénin.
Le débrayage qui paralyse le secteur de la santé depuis quatre semaines est encore loin de connaître son épilogue. Pour mieux appréhender les motivations des uns et des autres sur le sujet, l’émission « 90 minutes de la Radio nationale a reçu ce dimanche deux acteurs du domaine. Il s’agit de Lucien Toko, directeur de cabinet du ministère de la santé et Théophile Dossou, secrétaire général Syntra-Unité Cnhu et membre de l’intersyndicale des ressources humaines en santé du Bénin.
Faisant l’état des lieux du système de santé au Bénin, le directeur de cabinet du ministère de la santé évoque plusieurs maux qui minent le domaine. « Le système sanitaire est caractérisé par un taux de morbidité et de mortalité élevé.Le taux de fréquentation dans le secteur public est de l’ordre de 51%, alors qu’il est de 54 % dans le privé », expose Lucien Toko. Cette situation, selon lui, est dûe à une mauvaise organisation du secteur. Au-delà de ces problèmes, il précise que le diagnostic fait par la commission des réformes a révélé d’autres irrégularités au niveau de la gouvernance avec une faible accessibilité financière des populations aux services publics de santé, une absence totale de la réédition de comptes et la redevabilité des gestionnaires, une mauvaise répartition du personnel.
Comme solutions à ces préoccupations, le gouvernement a envisagé des réformes centrées sur deux piliers à savoir la prévention et les soins. « Au niveau de la prévention, il faut mettre en place un conseil soutenu par une agence de soins de santé primaires. Au niveau des soins, mettre en place le conseil des hôpitaux soutenus par une direction nationale des hôpitaux. Ce conseil, explique-t-il, va, dans son organisation concourir à l’élaboration des protocoles et des normes pour une meilleure prestation aux usagers. Selon ses explications, les initiatives du gouvernement visent à améliorer la qualité des services offerts aux populations et à réduire la politisation à outrance de l’administration hospitalière.
Mais pour son vis-à-vis, Théophile Dossou, qui dénonce dans les mesures une privatisation des hôpitaux, la mise en œuvre de ces réformes ne répond aucunement aux réels besoins des travailleurs. « Le problème aujourd’hui est d’abord un problème de gestion. Ce n’est pas remettre nos hôpitaux à des privés. Certains Béninois ont de difficultés pour venir dans les hôpitaux, parce que nos prestations actuelles leur paraissent très chères. Mais remettre le secteur à des privés va les encourager à venir ? Les hôpitaux sont surendettés. Lorsqu’on va les remettre à des privés, comment ça va se passer après ? », s’interroge-t-il, fustigeant la proposition du régime Talon de faire appel à l’expertise de la diaspora pour redynamiser le domaine de la santé. « Le médecin béninois qui réside en France, en Belgique ne connaît pas le traitement du paludisme et on veut le faire revenir à Cotonou pour soigner les gens », se désole-t-il, en invitant « le gouvernement à nommer les gens qu’il faut à place qu’il faut, à payer les dettes des hôpitaux et à motiver le personnel » pour éviter une privatisation déguisée. Pour lui, tant que le gouvernement n’ira pas à une table de négociation avec les travailleurs, la grève va se poursuivre.
Boniface CAKPO