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Le grand banditisme transfrontalier que certains appellent abusivement terrorisme, sévit partout où règne le commerce de l’essence frelatée et les trafics de tout genre. Une situation qui impacte le dispositif sécuritaire de plusieurs pays en Afrique au Sud du Sahara, où l’Etat a perdu sa souveraineté sur plusieurs kilomètres carrés de son territoire.
Judicael ZOHOUN
Faux médicaments, trafic de drogues, d’êtres humains et d’essence frelatée règnent dans plusieurs régions enclavées dans bon nombre de pays au Sud du Sahara, où l’Etat a renoncé à ses fonctions régaliennes.
Comment les bandes armées peuvent-elles contrôler d’immenses territoires au point de menacer l’Etat central ? De quelles ressources disposent ces organisations ?
Une analyse approfondie du circuit du carburant frelatée en Afrique permet de se rendre à l’évidence. Les bandes armées qu’on appellent terroristes tirent une bonne partie de leurs ressources du trafic de l’essence frelatée. Cameroun, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Niger, Tchad, Nord Nigeria et Nord Cameroun, le diagnostic est le même.
En effet, dans les zones reculées de ces pays d’Afrique subsaharienne, le code d’identification des points de vente de l’essence frelatée est identique. Le plus souvent, c’est une bouteille, une dame-jeanne ou un bidon disposés sur le côté de la route, comme des objets abandonnés. Parfois, c’est une longue perche au sommet duquel un entonnoir ou un bidon est fixé. Ces signes indiquent aux motocyclistes et automobilistes, les lieux où on peut se ravitailler en carburant, dans des zones dépourvues de stations-services.
Une activité génératrice de revenus pour les populations, mais qui est détenue par de puissantes organisations qui font feu de tout bois pour maintenir leur position.
Un trafic transfrontalier
Au Burkina Faso où elle est appelée "essence par terre", le trafic du carburant frelaté demeure une pratique courante. A Fada, une zone enclavée où sévissent les bandes armées, l’essentiel du carburant provient du Bénin.
La Côte d’Ivoire n’échappe guère à ce phénomène. Selon des témoignages, le pays est approvisionné par voies maritime et fluviale depuis des pays voisins, à travers des circuits frauduleux, surtout à bord d’embarcations artisanales.
La partie septentrionale du Cameroun connaît aussi cette pénétration de carburant frelaté, appelé "zoua-zoua", à partir de pays voisins, en particulier le Nigeria. Ce trafic est également alimenté par des groupes armés.
Tout comme le Cameroun, une partie du Tchad est touchée par le phénomène.
S’il est vrai que le Nigeria est le principal fournisseur de l’essence de contrebande en Afrique l’ouest, il faut reconnaître que ses Etats limitrophes comme le Bénin, le Cameroun, le Niger et le Tchad, constituent la base d’approvisionnement des bandes armées.
De ce fait, la question se pose alors de savoir si la lutte contre le terrorisme ne suppose-t-elle pas la lutte contre le trafic l’essence frelatée ? Bien évidemment, il faut différencier le trafic transfrontalier du trafic domestique du carburant
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