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En plaçant Patrice Talon en tête de peloton pour le premier tour de la Présidentielle en cours, les électeurs béninois ont lancé un message fort : le camp de la vraie rupture a obtenu l’onction du peuple et celui de la continuité a été nettement rejeté.
A chaque étape du parcours vers le fauteuil de la Marina, le compétiteur né pose un pas de géant. C’est indéniablement ce qu’il vient de confirmer en s’adjugeant sans équivoque la majorité des voix des électeurs pour le premier de l’élection présidentielle de 2016. Tout le peuple béninois a vu et s’est indigné que Zinsou et Talon n’aient pas mené le duel à armes égales. Le premier s’est emparé du pouvoir FCBE (Forces cauris pour un Bénin émergent) et s’est confortable installé dans la machine exécrable installé depuis 2007, financer avec les moyens de l’Etat et qui a tourné à plein régime. Comble de commodité, Yayi TV a assuré le volet propagandiste de l’aventure Lionel Zinsou. Hélas pour Yayi, Zinsou et leurs affidés : les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Patrice Talon franchit le premier tour sans ambiguïté. Le camp Zinsou, celui de la continuité vers l’abîme a fini d’abattre ses cartes dès ce premier tour. Il n’a plus d’électeurs de réserve alors que Patrice Talon a encore la marge d’obtenir le soutien de près d’une dizaine de candidats du camp de la rupture : de Sébastien Ajavon à Christian Lagnidé, en passant par Abdoulaye Bio Tchané et les autres, le terrain est balisé avant le premier tour du scrutin. C’est le moment pour les talonnistes de grossir leurs rangs en tendant la main à ces « alliés naturels ».
La victoire éclatante du candidat Talon constitue un geste auguste et qui prend toute sa valeur lorsqu’on revisite les conditions difficiles dans lesquelles il a gagné cette lutte épique. Alors qu’il a été le premier parmi les cinq favoris à annoncer sa candidature et à tracer les grandes lignes de sa vision avant de les décliner dans son projet de société « Le Nouveau départ », Patrice Talon a reçu des coups de partout. Il est resté inflexible. Puis, vint cette mémorable soirée au cours de laquelle les formations politiques dites « grands partis » ont procédé à ce que l’honorable Candide Azannaï, jamais en retard d’un humour cynique, a appelé « la location de logos ». Il a soufflé un vent glacial dans la tête d’un certain nombre de sympathisants du candidat Patrice Talon. D’aucuns ont même pensé qu’il venait de recevoir l’estocade. C’était sans compter avec la ténacité de cet homme au mental de guerrier. Car, c’est encore lui-même qui remontera le moral à ses troupes et à ses partisans en prenant son bâton de pèlerin pour sillonner le pays afin de prouver, à contrario des rumeurs les plus loufoques insinuant un doute sur sa candidature, (il n’allait pas encore sur le terrain), et qu’il reste en lice et qu’il reste plus que jamais déterminé à répondre aux cris de détresse du peuple ; mais également pour prouver, sans le dire, que ce qui s’était passé ce 12 janvier n’était qu’une esbroufe.
Ce qui a redonné du punch à tous ses partisans. Le rouleau compresseur talonniste s’est mis en branle. Avec le candidat lui-même comme guide. Méthodiquement et sans bruit, il est allé au contact des populations parcourant le pays du Sud vers le Nord, de l’Est à l’Ouest, avec un objectif invariable : expliquer son programme « Le nouveau départ », très original et novateur à tous les Béninois. Manifestement, le message est reçu comme il sied.
Telle est la conséquence qu’il convient de tirer des tendances issues des urnes au soir du 6 mars 2016. Seul Patrice Talon a gagné et il a définitivement démontré qu’entre les électeurs et les affairistes de la politique il y a une différence notoire. Voilà un candidat pour qui le pouvoir a accordé tous les privilèges, au point d’empêcher systématiquement les autres de battre campagne. Les panneaux d’affichage les plus stratégiques, les lieux publics adaptés aux meetings géants, la quasi-exclusivité d’accès à la télévision du service public… Malgré tout cela, le K.O. obstinément désiré et annoncé ne dépassera pas l’étape du rêve. Tous ceux qui se fourvoyaient en entrevoyant un K.O. à chaque battement de leur cœur, ont recouvré leur lucidité. Et ce n’est pas terminé. Fini ce premier tour qui dissipe les illusions les plus folles, cap sur la lutte finale. Le second tour s’annonce comme un véritable cauchemar pour le candidat du pouvoir et de la continuité. Cap sur le deuxième tour qui finira de convaincre définitivement les incrédules que le candidat Patrice Talon n’est pas un aventurier. Il en a tous les atouts.