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Après le temps des sensibilisations, l’Institut National de la Femme (INF) entame la phase de répression des VGB (Violences Basées sur le Genre) en milieu universitaire. Au terme des investigations menées, dans cette croisade contre les pourfendeurs de la loi, les statistiques révèlent l’acuité du fléau dans les académies de santé.
Les facultés de médecine apparaissent comme étant des milieux très hiérarchisés avec les enseignants appelés « les maîtres » au sommet et les étudiants en bas de la pyramide. Dans ce milieu, l’usage de la violence dans les relations interpersonnelles est de plus en plus préoccupant. Ainsi dit, pour reprendre les conclusions de l’article “Harcèlement et discrimination dans la formation médicale : revue systématique et méta-analyse” paru en mai 2014 dans la revue scientifique National Library of Medecine. En effet, d’autres agissements probants et avérés viennent corroborer ces faits. Par ailleurs, selon une étude intitulée “Maltraitance des étudiants et facteurs associés au sein de la Faculté de Médecine de Parakou (FM/UP)”en 2018, environ 10% des étudiants ont subi un harcèlement sexuel. Les auteurs de ces comportements de maltraitance subis par les étudiants étaient d’abord les médecins/enseignants, et les infirmiers puis les internes. Les étudiantes étaient trois fois plus harcelées sexuellement que leurs camarades du sexe opposé (p=0,0069). Plus les étudiants étaient âgés et inscrits au deuxième cycle des études médicales, plus ils subissaient l’humiliation (p=0,0001 pour l’âge et p<0,0001 pour le niveau d’étude) et la violence verbale (p=0,0007 pour l’âge et p<0,0001 pour le niveau d’étude).
Dans sa croisade, Me Huguette BOKPE GNACADJA a souvent pour alliées le Ministre de la santé, Professeur Benjamin HOUNKPATIN et son homologue des Affaires sociales et de la microfinance, Mme Véronique TOGNIFODE ainsi que Mme Eléonore YAYI LADEKAN de l’enseignement supérieur. Qu’il vous souvienne, il y a quelques mois, le jeudi 12 avril 2024, cette armée valeureuse a procédé à une campagne de sensibilisation du corps enseignant et des apprenants du secteur des sciences de la santé à propos des VBG en milieu universitaire et hospitalier. La Faculté des Sciences de la Santé (FSS), l’Institut National Médico Sanitaire (INMES) et d’autres académies de santé, ont été amenés à une prise de conscience du phénomène. A fortiori, un “Manifeste’’ a été adopté à la fin de cette campagne avec comme pour mots d’ordres : l’éthique de l’enseignant éducateur et le devoir de dénonciation de l’apprenant harcelé.
A cet effet, force a été de constater que ce crédo est demeuré une lettre morte. Ainsi, lors d’un plateau spécial focus consacré « au harcèlement sexuel en milieu universitaire » le 02 août 2024, le crédo est monté d’un ton : la peur change de camp, voici venu le temps du bâton pour les bourreaux.
La peur d’en parler et de subir des représailles ! La psychose est dans les rangs des apprenants comme le témoigne cette étudiante qui s’interroge : « Comment voulez-vous faire votre lutte, puisque les loups ne se mangent pas entre eux ? Est-ce que vous nous voyez dénoncer un enseignant auprès d’un autre enseignant, avec l’espoir que quelque chose va se passer pour nous » ? Moult cas conduisent les étudiantes à mettre fin à leur carrière, à voyager ou à débrancher le cas échéant. Tant les enseignants usent abusivement de leur pouvoir pour accabler les étudiantes qui ne cèdent pas aux avances.
« Le harcèlement sexuel ne concerne pas le sexe, mais le pouvoir. Il s’agit d’une personne exerçant un pouvoir sur une autre d’une manière qui humilie et dégrade » selon l’experte en droit Catherine A. Mackinnon. Peut-être arriverait-on comme le suggère le rapport final de l’Observatoire de la Famille de la Femme et de l’Enfant (OFFE) en 2022 : “intégrer dans les curricula de formation, les enseignements sur les droits et les lois existants en matière de lutte contre les VBG et sur les règles de morale et de civilité pour un meilleur vivre ensemble’’.
Par Ubrick François QUENUM
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