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L’un des fils du Général Mathieu Kérékou sort de son mutisme après les déclarations faites par le ministre de la Communication et de la poste, Alain Orounla au sujet de la résidence « Les Filaos ». Ce dimanche 10 novembre 2019 à son domicile, Frédéric Kérékou a fait quelques confidences au quotidien Matin Libre.
Fréderic Kérékou a jugé bon de clarifier certains points au regard des polémiques autour de la résidence « Les Filaos » où a vécu son père pendant plusieurs années. Selon lui, les héritiers de l’ancien président de la République ont introduit une lettre d’audience après avoir reçu une correspondance le 26 mars 2019 du directeur du Cabinet militaire du Président de la République qui demandait à la famille de vider le domicile au plus tard le 1er avril.
Le chef de l’Etat explique-t-il a reçu une délégation des enfants du Général à son cabinet au palais de la Marina le lundi 1er avril. A cette séance qui s’est déroulée dans une bonne ambiance, les deux parties ont discuté du devenir de la résidence « Les Filaos ». « Il nous a expliqués clairement que son projet de boulevard de la Marina prend en compte tout le domaine et qu’il voudrait y réaliser un jardin moderne au nom du Général et un monument aux morts », a confié Frédéric Kérékou, chef de délégation de cette rencontre en présence du ministre Modeste Kérékou. Au terme des explications du président de la République, une déclaration a été lue. « (…) nous lui avions demandé compte tenu de la visibilité et de l’importance de son projet, de bien vouloir nous concéder le bâtiment, compte tenu de ce qu’il incarne dans l’histoire politique du Bénin. Mieux, nous avons tout le temps honoré les avis d’imposition et nous payons aussi les impôts, relatifs à ce domicile de notre défunt père. Néanmoins, nous avions estimé devant lui, que les autres espaces, devraient suffire largement pour l’implantation du jardin et du monument », a expliqué Frédéric Kérékou.
Lors de cette séance, la famille a également signalé au Chef de l’Etat que leur projet est de transformer le bâtiment en un musée puisque « les effets personnels du Général et toute son histoire, sont encore visibles, dans la maison ». Ce musée annoncé pour être géré par la famille, le président de la République a souligné qu’il « préfère que la gestion de ce musée, soit plutôt confiée à l’Etat et non à la famille puisque l’Etat ne disparaît pas, contrairement à la famille où il peut y avoir des désintéressés ». Le Chef de l’Etat a instruit « son Directeur de cabinet militaire, pour que la délégation s’entretienne aussi avec le ministre du cadre de vie, afin de décider de la manière dont le projet devrait se dérouler (…) », a informé Fréderic Kérékou.
Une rencontre qui évidemment a eu lieu avec le ministre du cadre de vie, Didier Tonato. « A cette séance, il y avait le Directeur de cabinet militaire du Président, le Ministre et quelques-uns de ses collaborateurs. Les débats ont aussi été dans l’ensemble, sans anicroches », a-t-il précisé. Mais l’héritier note que c’est à la suite de cette séance que les problèmes ont commencé.
« C’est juste après cette rencontre que le Ministre de la justice est entré en scène. On nous envoie un avis de sommation et après, ce sont des huissiers et militaires, qui ont débarqué. Il me semble que le compte rendu fait de cette rencontre est porteur des germes de tout ce qui se passe aujourd’hui. Le rapport a-t-il été fidèle aux échanges ou bien a-t-il été tronqué ? C’est à ce niveau qu’il a y a eu manigance. C’est ma ferme conviction. D’autant plus que, c’est suite à cette restitution faite au Chef de l’Etat, que les problèmes ont commencé. Même si je n’ai pas vu ce rapport, la succession des faits montre que les propos de la délégation ont été présentés comme un défi à l’autorité. Je présume qu’ils se sont arrangés là-bas, pour faire croire au Chef de l’Etat que nous n’étions plus disposés à suivre ce qui a été décidé avec lui au palais », a mentionné Fréderic Kérékou.
« Modeste est accusé injustement »
Depuis le début de l’affaire « Les Filaos » et le déguerpissement en phase d’exécution, certains ont blâmé le ministre Modeste Kérékou qui n’aurait pas joué son rôle. Pour Frédéric, « Modeste est accusé injustement ». « Il était à nos côtés lors de la rencontre avec le Chef de l’Etat. Il y était non pas en tant que Ministre mais en tant que fils du Général Mathieu Kérékou. Lors de la rencontre, il a aussi pris la parole et s’est dignement prononcé sur le sujet sans tabou et ce, au même titre que nous, ses frères. Que pouvait-il de plus ? Ensemble, nous avons joué notre partition », a martelé Frédéric.
Il souligne aussi que la famille Kérékou n’a aucun problème avec le Chef de l’Etat dans ce dossier. « (...) Mieux, Patrice Talon est l’oncle maternel de notre frère Modeste. Donc nous le considérons également comme notre oncle. Nous n’avons aucun problème avec lui et au palais, nous avions discuté librement. Pour déplacer les effets de notre papa en attendant la construction du musée, j’ai même demandé au Président de mettre à titre personnel à notre disposition, quelques conteneurs. Ce qu’il a accepté d’ailleurs avec joie. A l’issue de cette rencontre, il nous a même invités à prendre des photos avec lui, loin de tout regard extérieur. Nous nous sommes bien accordés avec le Chef de l’Etat au palais, des suites à donner au projet », certifie Fréderic Kérékou.
S’agissant des images des effets personnels du Général ayant circulé sur les réseaux sociaux la semaine dernière, il clarifie que la famille n’est pas responsable. Les images ont été prises et partagées par les agents venus pour l’opération de déguerpissement. « Certes, nous avons un cousin qui a pris des images. Mais seul Moïse a été destinataire de ces images. Les militaires qui étaient là ont également pris des photos. Ceux qui sont venus exécuter l’ordre aussi. Mais ils ont pris notre proche, en le rendant responsable de ce comportement désobligeant. Toutefois, il a suffi qu’ils se rendent chez l’opérateur téléphonique, pour se rendre compte que ces images qui circulaient ont bien été partagées par les leurs et non notre cousin, qui depuis a été déjà libéré. Pourquoi ne sont-ils pas revenus sur le sujet pour rétablir la vérité dans l’opinion ? », a-t-il lancé. Le fils du Général n’est pas du tout content des propos tenus par le porte-parole du gouvernement sur l’affaire « Les Filaos ». « En effet, il dit que le domaine ne nous appartenait pas. Au même moment, il affirme que nous voulions le morceler et le vendre. Comment est-ce possible ? Si c’était pour l’Etat, allons-nous le morceler et le vendre ? », se désole-t-il. Pour lui, « il faut que ce ministre sache comment aborder certains sujets ».
« Aborder le sujet de cette manière, c’est manquer de respect aux héritiers de Kérékou, dont principalement Modeste, qui est à la fois son collègue et son doyen au gouvernement », affirme-t-il tout en ajoutant qu’au « lieu de s’exprimer de ce qu’il ne maîtrise pas, il aurait pu se rapprocher de Modeste, recueillir son avis sur certains aspects du dossier, avant de vilipender notre famille devant tous les béninois ».
A.A.A
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