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A l’Ecole primaire publique d’Ouokon-Ahlan, commune de Ouinhi, dans le Zou, un accent particulier est mis sur l’éducation nutritionnelle dans le cadre de la mise en œuvre des activités dans les écoles à cantine scolaire. Cette initiative, développée dans cette école à travers plusieurs activités d’apprentissage dont les jeux et la mise en place de jardins et champs scolaires, a permis non seulement d’améliorer la qualité des repas servis aux apprenants tant à l’école qu’à la maison mais aussi de limiter les cas de malnutrition et de maladie dans leur rang.
Les quatre cuisinières dévouées aux tâches de préparation quotidienne du repas pour les enfants de l’Epp Ouokon-Ahlan à Ouinhi sont désormais outillées sur les bonnes pratiques alimentaires et nutritionnelles. Elles ont appris à faire de chaque menu du jour, un repas sain, nutritif et équilibré pour les enfants. Elles savent les combinaisons d’aliments qu’il faut mettre ensemble pour s’assurer de la présence des meilleurs éléments nutritifs dans le repas proposé par la cantine scolaire.
Pour en arriver là, elles bénéficient de séances d’éducation nutritionnelle, qui favorisent l’apprentissage continu sur les bonnes pratiques de cuisine pour conserver les nutriments contenus dans les aliments. Ces séances d’éducation nutritionnelle sont aussi des occasions pour sensibiliser les mamans cuisinières sur les questions d’hygiène qui restent indissociables des travaux de cuisine.
« Notre application des connaissances que nous recevons à travers ces séances d’éducation nutritionnelle fait que les enfants mangent de bons repas et sont rarement malades dans notre école. Ils sont en bonne santé », commente Constante Gnonlonfin, présidente de la cantine scolaire de l’Epp Ouokon-Ahlan.
« Les séances d’éducation nutritionnelle à l’Ecole primaire publique Ouokon-Ahlan ont permis d’améliorer la qualité des repas servis à la cantine scolaire. Cela a permis à nos enfants d’adopter des comportements hygiéniques adéquats, de manger des repas sains et équilibrés », argumente Hervé Zoungan, directeur de l’Epp Ouokon-Ahlan.
Sur le parcours de l’éducation nutritionnelle, les enfants ne sont pas laissés de côté.
Des outils ludiques pour transmettre des connaissances sur la nutrition
L’éducation nutritionnelle à l’Epp Ouokon-Ahlan n’est pas uniquement dédiée aux femmes de la cuisine. Elle est également orientée vers les enfants pour les éduquer et les orienter vers des choix alimentaires satisfaisants d’un point de vue nutritionnel. En prenant chaque jour des repas à l’école, les enfants apprennent davantage sur la nutrition et l’hygiène en s’amusant.
L’école dispose de suite de jeux éducatifs. « J’apprends la nutrition et l’hygiène en jouant » est conçu pour les apprenants des classes pédagogique, élémentaire et moyen (CP au CM1) des cours primaires publiques bénéficiaires du programme des cantines scolaires.
Cette suite de jeux éducatifs sous format de puzzle d’aliments à arranger et de carte de questions-réponses amènent les enfants à se familiariser avec les catégories d’aliments tout en améliorant leurs connaissances sur les basiques de l’hygiène. L’approche des jeux offre un espace innovant de divertissement où tout en s’amusant, les enfants apprennent à reconnaitre les aliments de croissance, protecteurs, énergétiques et les mettent en relation avec les repas scolaires à l’école et à la maison.
L’éducation nutritionnelle : un gage de bonne santé
Selon des témoignages, les enfants à Ouokon-Ahlan étaient souvent sujets à des maladies infantiles. Cette situation a connu une amélioration depuis l’arrivée de la cantine scolaire. La communauté qui a compris la relation entre une bonne alimentation et le bien-être des enfants ne marchande pas sa participation pour soutenir la cantine.
« Les parents n’attendent pas seulement ce que le gouvernement envoie. Chacun amène ce qu’il peut de la maison. Igname, manioc, patate, haricot…ils amènent ce qu’ils ont produit au champ pour soutenir la cantine. Parfois, ils font des appels de fonds et les bonnes volontés viennent en appui à l’école », confirme le directeur de l’Epp Ouokon-Ahlan, Hervé Zoungan.
Cette participation communautaire offre l’opportunité aux mamans cuisinières de varier les mets en dehors du panier alimentaire du Programme alimentaire mondial. Par exemple, l’apport de la communauté en igname fait qu’à l’Epp Ouokon-Ahlan, les enfants ont parfois des repas du genre ragout d’igname.
L’engagement de la communauté à assurer un bon état nutritionnel aux enfants a donné naissance à l’initiative d’un petit déjeuner offert à l’école chaque jour à 10 h.
« Depuis près de quatre mois, nos enfants prennent de la bouillie enrichie au soja sans payer. A midi, ils prennent le repas chaud de la cantine », témoigne le directeur de l’école.
‹‹ Nous avons décidé au cours d’une réunion de faire un appel de fonds. L’argent issu de cet appel de fonds a permis d’acheter du maïs et du soja et chaque matin nos enfants prennent de la bouillie à 10h ››, ajoute le président de l’association des parents d’élèves, Antoine Amoussou. A l’école, les parents s’accordent sur le point que les enfants sont de moins en moins maladifs grâce aux repas offerts à la cantine.
Toutes les écoles bénéficiaires du programme des cantines scolaires ont des vivres du PAM pour le repas scolaire. Les écoles qui développent un jardin scolaire autour de leur cantine ont quelque chose de plus car elles apportent des compléments d’éléments nutritifs aux repas offerts aux enfants.
Un exemple encourageant pour le PAM
Dans cette école, on mange des aliments équilibrés et riches en nutriments
Le jardin scolaire de l’Epp Ouokon-Ahlan s’étend sur une superficie de plus de 700 mètres carré avec une variété de produits maraîchers et fruitiers. Une variété d’espèces s’y trouvent allant de la grande morelle à l’amarante en passant par le moringa, le gombo, le basilic, la citronnelle, la patate douce, la tomate, le bananier, le papayer… L’école et la communauté sont allées jusqu’à installer un étang piscicole à l’intérieur du jardin pour l’élevage de poisson de type tilapia. Cela assure une source de protéine animale dans le repas scolaire.
Prioritairement, les légumes disponibles dans le jardin sont destinés à l’alimentation des enfants à la cantine. « C’est en cas de surplus qu’une partie est vendue sur le marché et les revenus sont reversés pour le fonctionnement de la cantine », indique Joinville Essey, le superviseur des cantines scolaires dans la commune de Ouinhi. Ces produits frais issus du jardin contribuent à relever la qualité nutritive du repas offert aux enfants à l’école.
En décembre 2021, Julienne et Bachirou, deux écoliers en cours d’initiation (CI) à l’Epp Ouokon-Ahlan avaient été dépistés comme des enfants en situation de malnutrition légère. Cela n’aurait pas été possible si le Programme alimentaire mondial n’avait pas initié la prise de mesures anthropométriques pour surveiller l’état nutritionnel des enfants. Cette initiative spécifique permet de mener des actions pour corriger le plus vite les carences alimentaires chez l’enfant sujet à la malnutrition pour éviter que son cas ne s’aggrave.
Dans le cas de Julienne et Bachirou, il avait été recommandé aux parents de favoriser aux enfants « la consommation de légume vert et la consommation d’aliment de croissance », souligné Joinville Essey.
En mars 2022, de nouvelles prises des mesures sont faites et les deux enfants sont passés d’un état de malnutrition légère à un état normal. Le défi est de les maintenir définitivement dans cet état. « Avant l’avènement des séances d’éducation nutritionnelle, les enfants ici tombaient régulièrement malades si bien que en une semaine, dans une classe, on peut avoir cinq à six absents pour cause de maladie », se rappelle le directeur de l’Epp Ouokon-Ahlan.
Avec l’ensemble des activités connexes à la cantine scolaire, les cas de maladies deviennent de plus en plus des faits du passé reconnait Hervé Zoungan.
Il est donc clair que l’éducation nutritionnelle dans les écoles s’appuie sur le programme d’alimentation scolaire pour renforcer et promouvoir une alimentation saine au sein des communautés bénéficiaires (écoliers, cuisinières, parents d’écoliers et communauté). L’Epp Ouokon-Ahlan est un exemple de ce qui est possible d’apprendre aux communautés sur la nutrition, l’hygiène en partant de la relation école-communauté créée autour de la cantine scolaire pour le bien-être de tous.
J.M.