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Travail des enfants dans le Mono

Des mineurs exploités dans les carrières de gravier à Lokossa




Dans la commune de Lokossa, nombreux sont les enfants exploités dans les carrières de gravier pour l’extraction et le traitement de gravier silex. Cette activité hypothèque l’avenir de ces mineurs qui sont obligés d’abandonner l’école pour aider les parents à subvenir aux besoins de la famille.

Dans la carrière de gravier du quartier Prison civile de Lokossa, située non loin de l’école primaire d’où il pouvait entendre les enfants de son âge répéter à tue-tête : ‘’ p, i = pi ; p, a = pa…’’, le petit Nicolas tente tant bien que mal de séparer les gros cailloux des plus petits. A côté de lui, un autre gosse déployait toutes ses forces pour envoyer, à coups de pelle, le mélange du sable et de gravier, que venait de déverser sa mère sur le tamis.
A quelques centaines de mètres là, sur une vaste étendue de terre éventrée par les pioches, Vincent, âgé de 13 ans, est aussi chargé de tamiser le gravier.
« Moi, j’aide ma maman à séparer les grands cailloux des petits », raconte le petite Brigitte Aboki. « Moi avec la pelle, je relaie ma grand-mère pour tamiser le gravier », témoigne la petit Vincent qui, tant bien que mal jetait sur le tamis le mélange sable-gravier à coups de pelle.
D’après les témoignages de ces mineurs, la pauvreté est l’une des causes du travail des enfants dans les carrières de gravier. Ce que confirme le Chef d’arrondissement de Lokossa. « La pauvreté contraint les enfants à travailler pour couvrir les dépenses de subsistance de leur familles, atténuer les risques d’endettement, les conséquences de mauvaises récoltes, de maladies ou de perte d’emploi des adultes’’, souligne M. Sévérin Hounnou.

Ils travaillent pour aider les parents

Sur tous les sites de la localité, il a été reconnu que les enfants font ce travail pour aider les parents. Le Chef d’arrondissement fait remarquer que, de nos jours, ce ne sont plus les parents qui se battent pour nourrir les enfants. « Au contraire, les enfants, au-delà de se supporter, viennent également à aider les parents dans les charges du foyer », a-t-il conclu.
Bon nombre de parents gardent leurs enfants dans cette situation d’esclavage et d’exploitation. Très souvent, les mamans interrogées se lamentent toujours de manque de moyens. « J’emmène ma fille ici pour m’aider à aller vite pour accroître le gain journalier. Elle est d’une aide capitale, si on veut survivre. Avec son aide, pendant que moi je charge les mélange, elle se met à tamiser. Ainsi, à la fin de la journée, on peut gagner jusqu’à 3.500 voire 4.000 francs CFA, se réjouit une mère.
Ainsi, au nom de la pauvreté, les enfants sont sujets aux travaux forcés dans les carrières sous le regard impuissant des autorités. Toutefois, il n’est pas rare d’entendre certains parents avoué que ce n’est pas de gaieté de cœurs qu’elles emmènent les progénitures dans les carrières pendant que des enfants de leur âge sont en classe entrain d’assimiler des connaissances qui feront des cadres pour la nation de demain. « C’est avec les larmes dans l’âme que nous amenons nos enfants en ce lieu. Nous n’avons pas les moyens d’assurer leur scolarité. Et pour avoir le maximum de gain pour pouvoir tout au moins les nourrir, nous avons besoin de leur main d’œuvre », a confié dame Soglonou Jeannette. Ces enfants sont entraînés dans les lieux de travail contre leur gré et des fois malgré les parents eux-mêmes. Et de toute évidence, ils sont bien exposés à de très graves dangers.

Les dangers qui guettent les enfants sur les sites

Le travail de l’extraction et de traitement de gravier silex est très harassant pour les adultes, qui ne manquent pas de s’en plaindre chaque fois que l’occasion s’offre à eux. Il est aisé de comprendre que c’est un enfer que vivent les enfants dans les carrières de gravier. Si la dangerosité de ce travail n’est plus à démontrer, il apparaît quand même judicieux de parler de ces conséquences sur les enfants. En effet, dans les carrières, les enfants courent de dangereux accidents de travail avec de multiples lésions. Et par manque d’une hygiène corporelle et environnementale appropriée, ces lésions sont le plus souvent surinfectées. De plus, pendant les saisons pluvieuses, ces enfants sont aussi exposés à toutes sortes de maladies hydriques et il arrive aussi qu’ils se noient dans les plans d’eaux servant au lavage du gravier. Et ceci, c’est sans compter avec les maladies qu’ils contractent par le contact avec les plantes irritantes ou vénéneuses ou par les piqûres des insectes et les morsures de certains animaux sauvages. Etant habituer à inhaler de la poussière, ces enfants sont le plus souvent assujettis à l’éthylisme et autres assuétudes ; ils sont ainsi livrés à la consommation de toutes sortes de drogues. Le plus graves des dangers qui guettent ces enfants est la mort. Et pour cause, par suite d’une chute en plein pied ou de hauteur, les enfants peuvent mourir ou garder des séquelles toute leur vie. Ou alors, c’est quand il y a éboulements que ces enfants meurent par ensevelissement. Ce sont de tristes réalités que vivent des centaines d’enfants dans les carrières de traitement de gravier silex. Ils sont sans voix. Ils subissent des horreurs à longueur de journée au nom de la pauvreté de leurs parents.
Selon Togbédji Deha, Directeur exécutif de l’Ong Gracee, les conséquences sont aussi d’ordre psychologique et national. « Sur le plan psychologique, les expériences douloureuses précoces laissent des séquelles irréversibles à l’âge adulte : le manque d’estime de soi et confiance en soi, l’introversion, l’agressivité... Mais sur le plan national, le travail de l’enfant entraîne la non jouissance du droit à l’éducation, ce qui met en péril le renouvellement des ressources humaines capables d’impacter directement le développement économique durable du pays », déplore-il.
Face à la situation, l’Etat et certains organismes nationaux et internationaux ne sont pas restés insensibles au travail des mineurs. Des dispositions sont entrain d’être prises pour retirer ces enfants des carrières.

Une lueur d’espoir pointe à l’horizon

Les constats faits dans les carrières de gravier de Lokossa montrent que les parents utilisent les enfants comme main-d’œuvre bon marché. Ces mineurs, issus de milieux défavorisés, sont soumis sans protection à des tâches pendant des heures dans un milieu à risque et nécessitant l’utilisation d’outils et de matériaux dangereux ou obligeant l’enfant à porter de lourds fardeaux. Les conditions pénibles de travail engendrent, selon les spécialistes, de nombreux problèmes tels que le vieillissement précoce, la malnutrition, la dépression, la dépendance aux drogues. Par ailleurs, un enfant qui travaille sera davantage exposé à la maltraitance, aux violences physiques, mentales, et sexuelles.
Les activités que mènent les enfants aux côtés de leurs parents contreviennent à leur bien-être. La plupart d’entre eux n’arrive pas à suivre une scolarité normale et sont voués à devenir des adultes analphabètes n’ayant aucune possibilité d’évoluer dans leur vie professionnelle et sociale.
Aujourd’hui, des voix plus autorisées ont aussi aperçu la gravité de la situation et se sont mises à combattre le phénomène et à chercher des solutions au fléau. C’est dans cette logique que l’Ong Ared, en partenariat avec le Bureau international du travail et le ministère de la fonction publique, a piloté le projet Ecowas II entre 2010 et 2014.
Le but de cette opération est de retirer progressivement les enfants travaillant dans les carrières afin de leur offrir une chance de mettre pied à l’école. « Ce projet nous a permis d’assister plus de 250 enfants en kits scolaires et 500 femmes pour leur autonomisation financière. Nos actions sur le terrain ont eu un impact considérable. Même si le phénomène n’a pas encore disparu complètement, on note cependant de moins en moins d’enfants de 8 à 15 ans dans les carrières. Par contre, les adolescents et adolescentes de 16 à 18 ans y sont toujours pour cause purement économique », a reconnu Togbédji Déha.
Pour les ONG de défense des droits des enfants, le travail des mineurs est à bannir à jamais. ‘’Nous ne nous fatiguerons pas. Nous travaillerons en synergie d’actions avec les gouvernants pour retirer jusqu’au dernier enfant des carrières et œuvrer pour punir sévèrement les parents qui continuent d’amener leurs enfants dans ces lieux. Car, nous avons déjà suffisamment sensibilisé. Il nous faut aller à la phase répressive’’, a martelé Togbédji Déha.
Une note d’espoir se pointe déjà à l’horizon grâce aux luttes acharnées qui se mènent contre ce fléau. ‘’ Tout comme la bataille contre l’esclavage des enfants, à travers le phénomène de « Vidomègon » (enfant placé, ndlr) a été gagnée, celle contre le travail des enfants, sous quelle que forme que ce soit, prend peu à peu du terrain. Et d’ici à là, on n’en entendra plus parler’’, espère-t-il.

C. R. AHLINVI (Mono-Couffo)

Entretien avec Vincent Aboki
« Je veux bien aller à l’école mais, mes parents n’ont pas les moyens »

Vincent Aboki fait partie des enfants qui ont abandonné l’école pour travailler dans les carrières de gravier à Lokossa. Il a été renvoyé de l’école pour n’avoir pas payé les droits de scolarité. Aujourd’hui, il travaille avec ses parents sur un site d’extraction de gravier. Le petit Vincent ne perd pas l’espoir de retourner un jour sur les bancs de l’école, dès que les moyens le permettront.

24 heures au Bénin : Comment t’appelles-tu ?

Je m’appelle Vincent Aboki.
Tu as quel âge ?
(Après hésitation) J’ai 14 ans
Tu vas à l’école ?

Oui. Je suis en classe de 6ème
Dans ce cas, que fais-tu ici à l’heure là pendant que tous les enfants de ton âge sont en classe ?
J’ai été renvoyé pour les frais de scolarité. Et mes parents ont dit qu’ils n’ont pas les moyens. La seule solution est que j’aide ma mère ici d’abord. Je veux bien être avec mes camarades en classe en ce moment mais, je n’ai pas le choix. Mes parents n’ont pas les moyens, donc je dois travailler pour les aider d’abord. Quand on aura un peu d’argent, je vais retourner en classe.
Cela ne te gênes pas de rater les cours ainsi ?

Je n’ai pas le choix. Je fais avec ce que Dieu m’a donné. Ça ira.

Du courage alors et surtout retournes en classe.

Merci. Je vais retourner en classe. Cette fois-ci, je vais beaucoup travailler pendant les vacances pour aider les parents.

Réalisé par C. R. AHLINVI

www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel

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