samedi, 5 juillet 2025 -

634 visites en ce moment

Société

Cotonou, la ville généreuse qui encourage la mendicité des enfants




Ils prennent leurs quartiers aux alentours des mosquées, dans les feux tricolores, autour des églises, devant les officines de pharmacie et les centres de santé. Leurs corps frêles parfois habillés en haillons abordent le premier passant pour lui réclamer une ‘’dette’’ de générosité. Enfants mendiants, enfants mendigots, ces petits êtres abandonnés ou commandés par des adultes, font parfois montre d’une certaine agressivité pour arracher à leur cible, une aumône. A Cotonou, la population aussi joue le jeu, au nom de certains principes religieux ou de solidarité, encourageant de ce fait un fléau qui s’enracine au fil des ans.

Cotonou, il est 10h. Au carrefour du marché Missébo, le feu vient de passer au vert, Adjarath, vautrée dans un fauteuil roulant s’empresse de quitter la chaussée pour rejoindre le trottoir. Visage caché dans une burqa sale, elle pose un regard triste sur sa main droite qui expose quelques pièces de monnaie. Cette fille de 12 ans pratique la mendicité depuis l’âge de 8 ans. Autour d’elle, une nuée de petites filles de la même confrérie s’anime. Elles font partie des protégées d’Adjarath qui leur montre les ficelles de ce qu’elle considère comme un métier. La pitance quotidienne qu’elle tire de cette activité a du mal à lui donner tort.

« Je gagne entre 2500 et 3000 FCFA par jour », dit-elle avec un regard qui semble avoir renoncé à toute dignité.

Une partie de l’argent gagné permet de satisfaire quelques besoins féminins comme l’achat de chaussures, de tissus et de boucles d’oreilles. L’autre partie, Adjarath la remet à sa mère qui mendie comme elle au quartier Zongo, situé non loin de là.

Cette confession de la jeune mendiante étaye la thèse d’une filière de mendicité qui se développe à Cotonou.

Les géniteurs de ces enfants, qui ne sont pas moins des mendiants, n’ont aucun scrupule à en parler.

« J’ai quatre enfants et je les envoie tous mendier sur divers carrefours de la ville. Moi aussi, je fais la manche ici à Zongo. Je suis consciente que c’est mauvais. Mes enfants souffrent souvent de fièvre, de diarrhée et de fatigue, nous sommes très pauvres. Mon mari qui a quitté le Niger avec moi pour venir au Bénin est déjà décédé. Je n’ai pas le choix », explique Maïmouna.

Des histoires difficiles à vérifier

Selon le sociologue Abdoulaye Benon Mora, rien ne justifie ce phénomène qui n’a même pas le prestige d’un fait social. Cet enseignant de l’Université d’Abomey-Calavi n’est pas convaincu par ces histoires que racontent les mendiants pour justifier leur comportement.

« La mendicité des enfants n’est pas un fait social. C’est un fléau au même titre que le vol, les braquages et les autres crimes. Elle fait partie des interdits sociaux. En conséquence, tous ces enfants doivent être ramassés des rues de Cotonou », préconise-t-il.

Sur le plan confessionnel, les religieux aussi ont leur point de vue sur le phénomène.

« Il n’est pas question de relier ce fléau à l’Islam », s’emporte d’emblée Roufaï Rashid, assistant du président de l’Union islamique du Bénin.

« L’Islam encourage l’aumône mais pas la mendicité ; encore moins la mendicité des enfants. Il n’y a aucune similitude entre ces deux faits », tranche-t-il radicalement.

Même si cette pratique n’est pas prônée par l’Islam, « l’apprenant de l’école coranique peut être amené à mendier pendant un mois. C’est considéré comme un rite de passage dans l’éducation religieuse de l’enfant », clarifie Dr Abdoulaye Bénon Mora.

L’universitaire précise que ce rituel religieux n’existe pas dans les villes du Sud Bénin comme Cotonou.

Selon une enquête réalisée en 2015 auprès d’un millier d’enfants impliqués dans la mendicité au Bénin par Princeton, une prestigieuse université américaine, Cotonou n’abrite pas d’enfants talibés comme Dakar au Sénégal (généralement un garçon âgé de 5 à 15 ans, issu d’une famille pauvre, confié par ses parents à un maître coranique ou marabout afin que celui-ci se charge de son éducation religieuse. Cette éducation a lieu dans un daara, une école coranique. En contrepartie, le talibé doit s’acquitter des travaux domestiques, et est généralement contraint à mendier dans les rues afin de subvenir à ses besoins et aux besoins de son maître et de sa famille.). Mais il n’y a pas de quoi pavoiser. La ville enregistre la deuxième plus forte population d’enfants mendiants du Bénin après Malanville (située à 800 km au nord de Cotonou), d’après la même enquête. Ils seraient au nombre de 1 404 à Cotonou contre 1 688 à Malanville.

Le phénomène préoccupe les autorités du Ministère de la fonction publique, du travail et des affaires sociales qui ont du mal à s’y attaquer sans en maîtriser les contours.

« Les enfants ne mendient pas de leur plein gré. Ils sont envoyés par des adultes à qui ils rendent compte en fin de journée. Il faut remonter à ces personnes et comprendre leurs motivations. C’est très important. Cela permet de savoir s’il s’agit d’un réseau de mendicité ou de parents en situation d’indigence avancée. C’est après avoir réuni toutes ces informations, qu’on pourra envisager une solution efficace contre ce fléau », affirme Bruno E.S.Y Gbehinto, directeur de la famille, de l’enfance et de l’adolescence.

Son département a mis en place une commission qui travaille à comprendre les contours du phénomène. En attendant ses recommandations, les populations de Cotonou, consciemment ou inconsciemment, continuent d’alimenter les réseaux d’enfants mendiants.

Rufin PATINVOH

www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel

Abonnez-vous à la chaîne WhatsApp officielle de 24h au Bénin, en cliquant ici, pour suivre les infos.

25 juin 2021 par Judicaël ZOHOUN




Un homme meurt en pourchassant un mouton


2 juillet 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou, Ignace B. Fanou
A Setto, une localité de la commune de Djidja, dans le département du (…)
Lire la suite

Un homme tue sa femme et l’enterre dans une fosse


1er juillet 2025 par Akpédjé Ayosso
Un homme a été interpellé par la police républicaine après avoir tué et (…)
Lire la suite

La Garde nationale se renforce avec l’opération « Bouclier »


1er juillet 2025 par Akpédjé Ayosso
Depuis le 30 juin 2025, la Garde Nationale béninoise a lancé (…)
Lire la suite

13 décès après le chavirement d’une barque


27 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Une pirogue transportant des passagers et des marchandises a chaviré (…)
Lire la suite

Le corps d’un nouveau-né retrouvé dans les ordures


25 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Ce mardi 24 juin 2025, au quartier Djrado, dans le 5e arrondissement de (…)
Lire la suite

Deux jeunes hommes se noient dans un puits à Djougou


24 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Au quartier Djèroga, dans l’arrondissement de Bougou, commune de (…)
Lire la suite

Deux jeunes hommes arrêtés pour tentative de trafic d’organes humains


23 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
A Kakpouihoué, localité située dans la commune de Toviklin, département (…)
Lire la suite

Tinubu passe la main à Maada Bio de la Sierre Leone


23 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Après quelques années à la tête de la Communauté des Etats de l’Afrique (…)
Lire la suite

3 morts dans l’incendie d’un camion d’essence frelatée


23 juin 2025 par Marc Mensah
Un camion transportant de l’essence de contrebande a pris feu ce (…)
Lire la suite

Un jeune homme écope de 24 mois de prison pour vol de motocyclette


17 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Le tribunal de première instance de première classe de Cotonou a (…)
Lire la suite

Un jeune homme jugé pour vol de numéraire au domicile d’un avocat


17 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Un jeune homme a été jugé, mardi 17 juin 2025, par tribunal de première (…)
Lire la suite

Un corps sans vie retrouvé à Kandi


12 juin 2025 par Marc Mensah
Le corps d’un homme a été découvert, mercredi 11 juin 2025, à Kandi (…)
Lire la suite

D’importants dégâts après une tempête à Malanville


7 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Un vent violent accompagné de fortes pluies s’est abattu sur la ville (…)
Lire la suite

Le couvent d’un féticheur fermé pour abus sexuels sur une patiente


7 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Ce jeudi 5 juin 2025 à Zè-Centre, dans la commune de Zè, des chefs (…)
Lire la suite

Un bus percute un camion en panne, trois blessés enregistrés


4 juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
A Yawi, une localité de l’arrondissement de Kilibo, dans la commune de (…)
Lire la suite

Des mineurs employés sur des chantiers à la Haie Vive


2 juin 2025 par Akpédjé Ayosso
Le travail des enfants continue au Bénin en violation de la législation (…)
Lire la suite

Plusieurs morts et des blessés après un accident à Dassa


1er juin 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Ce dimanche 1er juin 2025 à Gankpintin, une localité de la commune de (…)
Lire la suite

Deux ressortissants français condamnés à 36 mois de prison


30 mai 2025 par F. Aubin Ahéhéhinnou
Le tribunal de première instance de première classe de Cotonou a rendu (…)
Lire la suite




Derniers articles



Autres vidéos





Les plus populaires