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Gestion des inondations et des catastrophes au Bénin : État des lieux et perspectives. Comment faire face à cette situation. C’est le thème de l’émission 90 minutes pour convaincre de ce dimanche 22 avril 2018 qui a reçu, Lambert Aïtchéhou, Directeur des services techniques (Dst) de la mairie de Cotonou et Edmond Sossoukpè, Ancien directeur général de l’Agence béninoise pour l’environnement (ABE), enseignant chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi.
Les informations qui circulent de plus en plus sur les réseaux sociaux font état de ce que l’année 2018 s’annonce véritablement pluvieuse. Des informations qui ne laissent pas les responsables de la mairie de Cotonou insensibles. Le Directeur des services techniques de la mairie de Cotonou Lambert Aïtchéhou confirme que « nous avons eu beaucoup de rumeurs sur l’abondance de pluie en 2018. Nous nous sommes rapprochés de l’ANPC qui pourrait avoir les précisions qui a dit que c’est effectif ». Des allégations confirmées par l’ancien directeur général de l’Agence béninoise pour l’environnement (ABE).
« Les climatologues avec des projections ont indiqué avec force que l’année 2018 sera très arrosée sur toute l’étendue du territoire. Avec probablement des inondations et de catastrophes liées à ce phénomène », renseigne-t-il. Ce phénomène n’est pas nouveau mais dépend aussi d’un certain nombre de paramètres. « Les phénomènes de catastrophes liés aux inondations ne sont pas forcément cycliques mais on est frappé pratiquement à intervalle de 4 et 5 ans. 2012, 2015, peut-être 2018 ou 2020 », indique le chercheur. Cette situation est devenue très préoccupante parce qu’elle occasionne des pertes en vies humaines mais également des pertes économiques importantes. « C’est pour cela qu’il sera prudent de prendre des dispositions afin de prévenir cette situation. Un dispositif existe pour donner l’alerte par rapport à des risques majeurs d’inondation », fait-il comprendre. Le directeur des services techniques de la mairie de Cotonou, tout en étant convaincu des informations dira que « les inondations de 2010 ont permis de mettre en place un certain nombre de dispositifs pour faire face au phénomène notamment le PUGEMU qui a permis d’avoir le pont de Fifadji et qui règle en partie les inondations dans cette zone ». Cette disposition du gouvernement n’est pas restée unique. C’est donc pour soulager les populations en ces périodes que les 3CI ont été initiés. Ce programme s’est poursuivi, dira-t-il, sous une autre forme que nous continuons d’exécuter. « Cette année en particulier, nous prenons des dispositions pour éventuellement contrer l’inondation et les dégâts que ça pourrait causés. Le programme est prévention et protection des populations de Cotonou contre les inondations », explique le Dst.
Dispositions idoines
Pour Edmond Sossoukpè, « la première chose est qu’il existe un système d’alerte précoce. Ce système qui a fait un maillage du territoire avec 40 stations installées près des principaux cours d’eau ». Il s’agit des hydromètres qui renseignent sur le niveau du cours d’eau. Lorsque ce niveau atteint un seuil critique, affirme-t-il, l’alerte est donnée aux populations. « A travers les médias, on annonce que dans les prochains jours, il y a risque d’inondation. Le gouvernement prend donc des dispositions pour évacuer les populations des zones à risque ou apporter des appuis nécessaires pour traverser les périodes d’inondation, si celle-ci venait à s’installer », renseigne-t-il. La méthode est simple. Il y a des kits qui sont entreposés prêts à être mis en opérationnel pour secourir les populations. « Lorsqu’on prend le Bénin, il y a des points chauds qui sont plus exposés. Il y a par exemple Cotonou qui du point de vue géomorphologique se trouve sur un territoire dont le niveau est plus bas que le niveau de la mer. Les eaux pluviales ne peuvent pas être drainées vers la mer. C’est la première difficulté. La deuxième difficulté est qu’il n’y a pas eu suffisamment de collecteurs pour drainer les eaux et les évacuer vers la lagune, le lac, … C’est ce qui rend Cotonou vulnérable par rapport aux inondations ». Aussi, note-t-on sa proximité d’avec le lac Nokoué. Selon lui, « c’est un lac qui sort de son lit chaque fois que les pluies sont prolifiques dans la région septentrionale du pays. Donc, pris entre l’océan d’un côté et le lac Nokoué de l’autre, Cotonou est naturellement étouffée. Les eaux pluviales qui tombent sur Cotonou ne sont pas facilement drainées ». Le chercheur explique que « Cotonou aurait pu être à l’abri lorsqu’on capitalise tous les moyens qui sont déployés pour sécuriser cette ville par rapport à l’inondation ». Il affirme que les grands collecteurs, les collecteurs à ciel ouverts sont encore des réceptacles d’ordures ménagères. La trajectoire prévue selon lui, par le plan d’aménagement pour pouvoir optimiser le captage des eaux de ruissellement et les convoyer vers les exutoires naturels est parfois déviée parce qu’un citoyen est là avec un titre foncier et qui décide de ne pas dégager. Selon Lambert Aïtchéhou, « Cotonou est subdivisé en 50 bassins versants. Les études ont montré que de ces 50 l’eau ne circule pas dans 34. Mais les 16 où l’eau circule normalement, c’est là aussi les ordures encombrent. Cotonou est aussi l’exutoire du fleuve Ouémé et quand ça déborde là-bas, les eaux montent », a-t-il soutenu. Ce que confirme le professeur Sossoukpè qui indique que « Cotonou a des points bas (bas-fonds) où les eaux sont convoyées et gérées de façon naturelle mais bon nombre de ces points sont anthropisés ». Il ajoute par ailleurs qu’il y a des quartiers comme Vossa et Akogbato par exemple qui sont des couloirs de l’eau. Quant à la situation d’Agla, elle a été engendrée par le remblai de la cité de Houéyiho. « Toute l’eau qui séjournait est déviée et c’est Agla qui reçoit l’eau. Au niveau d’Agla, il n’y a pas eu de travaux d’aménagement », rappelle-t-il.
L’autre situation
Lambert Aïtchéhou explique qu’au niveau d’Agla, il y a eu des interventions. Maintenant, le problème selon lui, est pris dans une approche globale. A l’en croire, la mairie ne peut pas gérer à elle seule cette situation compte tenue des ressources limitées. « C’est pour cela que le gouvernement a pris le problème dans une approche générale », confie-t-il. Il dira qu’il y a eu par exemple le Programme de gestion des déchets solides ménagers de grand Nokoué. Aussi, va-t-on régler le problème de la praticabilité des voies grâce à l’asphaltage. Mais le directeur des services techniques de la mairie de Cotonou soutient que « le programme le plus important actuellement qui peut régler à long terme la situation, c’est le Programme d’assainissement pluvial de Cotonou ». Dans ces explications, il affirme que les partenaires ont pris des engagements pour financer ce programme dans son entièreté. « Il s’agit de construire des réseaux de drainage pour faire évacuer des eaux sur les 34 bassins qui ne fonctionnent pas », dévoile-t-il. Pour ces travaux, la mairie prendra des dispositions pour qu’en son temps les sites soient dégagés. Pour Edmond Sossoukpè, il n’est pas prudent d’attendre les derniers moments pour lutter contre les inondations. Car l’inondation ne prévient pas ; surtout avec le dérèglement climatique, les pluies peuvent être précoces. « La preuve, c’est que cette année on a commencé par avoir des quantités de pluie de plus en plus importantes alors qu’on est pas encore en plein dans la grande saison. Il faut donc être prévoyant quant aux dispositifs préventifs, à savoir curer les caniveaux », prévient-il. Il appelle aussi à la vigilance et à l’anticipation ainsi qu’aux comportements citoyens des populations. « Il faut renforcer la police environnementale tant en personnel et en moyens », souhaite-t-il.
Lambert Aïtchéhou n’est pas resté insensible à cet appel du professeur puisqu’il fera comprendre que malgré les difficultés financières et celles liées à la dernière crise de la mairie de Cotonou, les dispositions sont en cours et même des actions se mènent dans cette direction notamment le curage des caniveaux qui a commencé depuis peu.
Les deux invités de Henry N’dah Sékou et Marie Léa Yémadjro ont aussi abordé le problème des sachets plastiques qui reste un danger quant à l’infiltration de l’eau. Ils se réjouissent du vote de la loi interdisant l’utilisation des sachets non biodégradables.
Reste la vulgarisation et l’application de cette loi pour inculquer aux populations les dangers de l’utilisation de ces sachets et les répressions y afférentes.
Giscard AMOUSSOU
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