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Le dossier ICC-Services ouvert, lundi 17 décembre 2018, à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), s’est poursuivi ce mardi avec des révélations qui compromettent l’ancien chef de l’Etat. Selon les déclarations faites ce mardi devant les juges de la CRIET à Porto-Novo, le PDG de ICC-Services a avoué que l’ancien président de la République Boni Yayi a fait emporter par hélicoptère plus de 27 milliards de francs CFA de chez l’un des promoteurs de la société.
« Nous n’avons jamais eu de problème pour payer nos clients avant la crise. Je souhaite qu’on pose la question au président Boni YAYI puisque c’est entre lui et mon confrère Émile Tégbénou que tout se passait. Au moment de la crise, ils sont allés chercher avec hélicoptère 27 milliards entassés dans des conteneurs dans la maison de Émile Tégbénou’’, a déclaré le PDG Guy Akplogan devant la CRIET ce mardi.
Une information confirmée par le mis en cause lui-même. ‘’(…) c’est mon garde de corps qui leur a dit que je mets de l’argent à la maison. Ils ont par la suite ouvert toutes mes chambres et ont ouvert tous les coffres forts pour ramasser tous les avoirs que j’ai mis chez moi. C’est comme ça ils ont ramassé les 27 milliards 50 millions qui étaient chez moi. Après avoir ramassé les sous, ils m’ont ramené au commissariat central de Cotonou, et par la suite ils sont répartis à Cotonou avec les sous et m’ont déposé par la suite à la prison civile de Cotonou’’, a détaillé Emile Tégbénou.
Ces déclarations des hauts responsables de ICC-Services montrent clairement les accointances entre l’ancien chef de l’Etat et les promoteurs de cette structure illégale de placement d’argent.
Même le Procureur Général près la Cour d’Appel de Cotonou au moment des faits ne nie pas la responsabilité de l’ancien président dans le dossier. ’’ J’avais à l’époque écrit un mémorandum pour expliquer le dossier Icc services et la connaissance que j’ai du dossier était clair. Le promoteur de Icc Services est bel et bien Monsieur Thomas Boni Yayi avec la complicité de ses collaborateurs. Mme Séverine Lawson a été un des principaux artisans de la tentative de coup d’Etat contre la justice dans ce dossier’’, a confirmé le magistrat Constant Georges Amoussou.
Par ailleurs, les dépositions des inculpés indiquent aussi que l’argent des déposants servait à financer les activités politiques au profit du pouvoir du changement et de la refondation. La preuve est cette déclaration du sieur Tégbénou : ‘’ Le président Boni Yayi m’a envoyé son beau-fils Tinkpon André aux fins de l’aider à financer les femmes chrétiennes dans tous les départements pour faire la promotion des actions du gouvernement. C’est finalement dans 10 départements que j’ai pu réunir des femmes que j’ai financé selon les instructions du président Boni Yayi’’.
Mais là où le bât blesse, ce sont certaines déclarations tendancieuses du Procureur Général près la Cour d’Appel de Cotonou au moment des faits. M. Constant Amoussou qui dit ne pas connaître ICC services, reconnaît à la fin avoir placé 3 millions FCFA appartenant à sa femme, pour soi-disant comprendre comment fonctionne le système. La CRIET a réussi à l’amener à reconnaître qu’il connaissait le sieur Tégbénou qu’il allait le voir de temps en temps, même s’il précise que c’est dans le cadre d’une affaire de parcelle. Dans les déclarations du sieur Amoussou, les avocats ont relevé de nombreuses contradictions.
Contrairement à l’ex Procureur général, le ministre d’Etat Pascal I. Koupaki a fait sa déposition lundi dernier sans incriminer quelqu’un mais en se contentant de dire ce qu’il sait de l’affaire pour éclairer la lanterne des juges et de l’opinion publique.
Compte tenu de la complexité du dossier, il serait bien séant que l’ex chef de l’Etat Boni Yayi demande de son propre gré à être auditionné pour dire sa part de vérité sans attendre d’être convoqué par les juges. Il est vrai, l’ancien chef de l’Etat, compte tenu de son statut, n’a rien à craindre puisque la CRIET n’a pas compétence pour le juger. Elle peut juste prendre sa déposition et si éventuellement il devrait être inculpé, cela revient uniquement à la Haute Cour de justice qui a cette compétence.
Avec les révélations de ce mardi, l’affaire ICC-Services réserve encore de nombreuses surprises.
Les audiences se poursuivent ce mercredi
D. M.