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(Par Roger Gbégnonvi)
‘‘Mon peuple périt, faute de connaissance’’, a dit le prophète Osée. Il a raison. Mais le péril pour les gens de mon espèce, c’est la Rupture. Elle nous reproche l’aspect génération spontanée de nos fortunes. Mais si Dieu a choisi de me rendre riche par voie oblique, rapide et secrète, où est le crime ? Or la rupture nous culpabilise. Alors nous ramassons nos sous et allons les entasser en Suisse, à Monaco, aux Bahamas, etc. Le Bénin n’a pas de problème de connaissance puisque nous collons à l’humanisme captateur et limpide de nos bons ancêtres : ‘‘Tout en mangeant du mouton au sol, tu abats la tourterelle en vol’’, car ‘‘Une personne repue n’est jamais repue de viande’’. Nous entrons donc en colère quand Patrice Talon ose affirmer : ‘‘Je n’ai pas besoin de grand-chose pour vivre. J’ai ce qu’il faut pour assouvir mes caprices’’, ‘‘Je suis à l’abri du besoin.’’ Non ! Talon fait de la provocation. On n’a jamais assez de pognon. Et le Béninois ne collera jamais à Benjamin Franklin, modèle de Barack Obama : ‘‘Je préfère qu’on dise ‘Il a vécu utilement’ plutôt que ‘Il est mort riche’.’’ Pure sottise ! Il y a du bonheur, il y a honneur et gloire à mourir riche, quand la misère vous a épargné et s’en est allée étaler ses victimes autour de vous. Béni soit l’Eternel des Armées !
Talon, Obama, Franklin et Cie pensent de travers, et nous devons les regarder de travers. On ne vit que pour soi. Prendre sur mon confort pour aider l’autre ? Non, merci ! Moi qui vous parle, j’ai à Cotonou trois immeubles loués à des Institutions qui payent très bien. Ma nouvelle maîtresse dispose du quatrième immeuble, à l’insu des habituelles : je ne veux pas des plaintes de jalousie idiote sur l’oreiller. Mon appartement sur les Champs-Elysées m’héberge à Paris pour mon check-up trimestriel. A Cotonou, je suis entre ma villa de la Patte-d’oie et celle de la Haie-Vive. Le bon Dieu m’a donné une grosse vie abondante. Je Le bénis chaque fois que ma télé fait défiler nos affamés, esclaves en Libye, ou engloutis par la mer et empêchés d’accomplir le vœu imbécile d’étalage de leurs guenilles en Europe. L’enfer ! C’est leur destin, je n’y peux rien. Ils soldent leur karma. Dans une vie future, Dieu leur montrera un bout de paradis. Moi je le remercie pour le vaste paradis qu’il m’a donné.
Oui, c’est exact ! Collés à nos ancêtres, nous collons aussi à tout ce qui vient d’ailleurs et qui éclaire la misère du monde mieux que les sociologies baveuses. Nous collons à la réincarnation, à la métempsychose, etc. Nous collons à la Rose-Croix, à la Franc-maçonnerie, aux Eglises, aux vaudous protecteurs, etc. Parlant d’église, l’autre dimanche, l’abbé a cité la boutade de Jésus : ‘‘Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent.’’ C’est une erreur que d’opposer Argent et Dieu. Moi je les sers en couple, et ça me réussit. Le prêtre a commenté que, par Dieu, il fallait comprendre Beauté et Bonté, et que Dieu existe en intensité plus forte chaque fois qu’un homme se montre bon et pose des actes beaux. Tu parles ! Beauté et bonté, ça signifie quoi ? Ce type est fou ! Nos Seigneurs les Evêques devraient procéder à un meilleur tri des garçons qu’ils nous balancent comme gourous. Des hérésiarques ensoutanés pour des visions charabia et fumeuses ? Non, merci ! Grâce à Dieu, notre bon Vaudou dahoméen a les idées bien en place. A Ouidah, Aïzan, protecteur du marché Zobê, encourageait et bénissait la vente des esclaves pour que, par eux aussi, arrive le règne de Dieu Amour et Miséricorde.
L’humanisme béninois est sans équivoque et sans béninoiserie. La marmite-univers tient sur trois cônes : 1- Je ne suis responsable de rien, Dieu seul est responsable de tout. 2- Chacun s’assoit et Dieu le pousse, Dieu seul attise le feu sous la marmite-univers. 3- J’empêche Talon, Obama, Franklin et Cie de déranger Dieu en s’occupant de ce qui ne les regarde pas. Le sort de leurs concitoyens dans la marmite-univers regarde Dieu et Dieu seul.
A bon entendeur salut, et que Dieu le comble de vie et l’en comble en abondance.