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La tenue vestimentaire des instituteurs et institutrices est suivie de près cette rentrée scolaire 2019-2020. Ayant constaté quelques dérapages, le ministre des enseignements maternel et primaire Salimane Karimou a notifié aux enseignants les tenues qu’ils peuvent porter pendant les heures de cours. Plus de deux mois après la rentrée scolaire, nous nous sommes rendus dans quelques établissements publics de Cotonou pour constater le mode d’habillement des enseignants.
Le ministre des enseignements maternel et primaire suite à sa tournée de vérification du démarrage de l’année scolaire 2019-2020 a interdit le port des tenues sexy (décolletés prononcés, pantalons collants ou cintrés, robes et jupes mi-cuisses) dans les salles de classe. Il a aussi proscrit les pagnes que les institutrices sont obligées d’ajuster à longueur de cours et les hauts-talons en raison des risques de chute devant les apprenants.
Selon la note ministérielle, à titre indicatif, les hommes en position de classe peuvent porter entre autres une chemise à manches courtes ou longues sur un pantalon, le tout repassé, avec des chaussures fermées ou nu-pieds à lacets. Quant aux dames, elles pourront porter des jupes et robes de longueur raisonnable.
« J’ai toujours l’habitude de porter des tenues décentes pour venir à mes cours. A plus forte raison que je suis une femme mariée, je me dois de veiller à mon habillement. Si le ministre a interpellé les enseignants sur leur style vestimentaire, c’est sûrement parce qu’il a constaté des anomalies. Mais je crois que depuis que cette décision est prise, certaines institutrices ont revu leur mode d’habillement », a déclaré Jeanne Kodjo, institutrice dans une école primaire.
« Vous savez cette décision concerne plus les femmes. Les hommes n’ont pas trop de problèmes pour s’habiller puisqu’on est souvent en pantalon et en chemise longue ou courte. J’avoue que certains instituteurs s’habillent mal et je pense qu’après la note du ministre, ils ont commencé par prendre soins de leur apparence », a confié Ludovic Houngbo, instituteur dans un établissement à Cotonou. Selon lui, l’habillement d’un enseignant est très important parce que les apprenants peuvent le copier.
« Imaginez un élève de CP après les cours s’approche de moi et me dit : Maître, j’aimerais bien tenir le stylo comme vous. Je lui demande pourquoi et il me dit parce que je crois que c’est la meilleure manière. Un exemple pour vous faire comprendre que nos apprenants peuvent copier nos manières, nos habitudes et même au-delà », a-t-il ajouté.
Pour une instructrice ayant requis l’anonymat, si celui ou celle qui donne l’enseignement est à l’aise dans son habillement, le problème ne se pose pas. « J’ai toujours adopté une tenue vestimentaire propre à moi. Je ne dirai pas que c’est sexy mais raisonnable. Tout le monde n’a pas les mêmes goûts en matière d’habillement. Mais je suis consciente qu’il ne faut pas aussi trop oser », a déclaré l’institutrice, habillée dans une robe pas trop collante dépassant légèrement ses genoux.
Certains élèves affirment que l’école est un lieu d’apprentissage des valeurs de la vie et leurs instituteurs se doivent de bien s’habiller.
Elève en classe de CM1 dans un établissement public, Anselme Dossou confie : « C’est vrai ce qu’un enseignant porte peut nous distraire. Des fois à la récréation, on parle de ce que l’enseignant a porté, sa chaussure et tout. Ce n’est pas pour se moquer mais on en parle juste. Il y a un maître du groupe B qu’on a surnommé le ‘’sapologue’’ parce qu’il s’habille toujours très bien ».
« Vous savez, la tenue de la maîtresse ne nous intéresse que lorsqu’elle porte un habit inhabituel qui est un peu sexy. Et on parle de cela entre nous. Sûrement qu’une élève peut vouloir faire comme elle », a affirmé Liliane Gbosa, élève en classe de CM2.
Saturnin Soudé, parent d’élève félicite cette décision ministérielle et souligne que dans une société, il faut imposer des règles et conduites pour une bonne évolution. « C’est l’école qui éduque nos enfants aujourd’hui puisqu’ils y passent la majeure partie de leur temps. Tout ce que l’instituteur fait peut influencer les enfants », a-t-il indiqué.
« Nous sommes en Afrique et bien s’habiller fait partie des valeurs morales et vestimentaires. Si un enseignant s’habille de manière dépravée, les élèves peuvent imiter cela », a souligné Mohamed Gbani, aussi parent d’élève.
Tenue extravagante, une distraction pour l’élève
L’enseignant n’enseigne pas seulement ce qu’il connaît mais aussi ce qu’il est. D’après Anselme Amoussou, Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA-Bénin), « on a beau dire que les temps ont changé, qu’il y a la modernité mais nous devons faire en sorte que l’école continue de promouvoir les valeurs qui sont les nôtres ».
Les enfants explique-t-il, veulent s’identifier à leur maître, à leur maîtresse et une tenue extravagante c’est déjà une distraction pour l’enfant qui ne suivra pas correctement l’enseignement.
« Le cours passe mieux lorsque les enfants aiment leur maître donc il y a de l’amour de part et d’autre. Vous savez qu’on ne peut aimer que ce qui est beau et l’enfant est installé devant ce qui est beau, ce qui est correcte, ce qui est réglementaire », a-t-il indiqué.
Une tenue extravagante n’est donc pas permise pour un enseignant qui est appelé à transmettre aux enfants le savoir mais également les valeurs morales.
A.A.A
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