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Le Groupe de recherche, d’action et de formation en épidémiologie et en développement (Grafed Ong) a réuni les acteurs des secteurs public et privé oeuvrant dans le domaine de la Planification familiale (Pf) autour d’une table ronde d’échange et de dialogue sur les enjeux de la Pf. L’objectif de la rencontre qui s’est déroulée, vendredi 15 décembre 2023, à l’hôtel Bel azur de Cotonou est de joindre le secteur privé au financement de la Pf au Bénin. Tous les acteurs clés dont les leaders religieux étaient conviés à cette rencontre d’une demi-journée.
L’accès des femmes au service de la Pf demeure une préoccupation majeure à laquelle il faut associer tous les acteurs à divers niveaux pour une solution durable, efficace et efficiente. C’est dans ce cadre que s’inscrit cette table ronde initiée par Grafed Ong et dont l’objectif est de solliciter des acteurs du secteur privé, leur contribution au financement de la Planification Familiale en la promouvant auprès de leurs employés, en leur offrant des services de planification familiale, et en finançant l’acquisition des produits contraceptifs et des programmes de planification familiale au Bénin. Elle a réuni entre autres : les acteurs clés du ministère de la santé, ceux des organisations de la société civile, des journalistes, des jeunes ambassadeurs de la Pf, et certaines personnes ressources.
La rencontre a été marquée par des allocutions, de projections des films ENGAGE et une histoire de vie d’une femme qui a tout bravé pour la Pf à Za-Kpota, de messages de plaidoyers des jeunes ambassadeurs Sr Pf, d’animation culturelle sur la question puis de débats.
Cette assise a permis aux participants de réfléchir davantage sur les interventions à programmer au profit des adolescentes et jeunes et même les femmes en vue d’engager le secteur privé dans le financement de la Pf et pour mieux repositionner la Pf dans les communautés et ménages du Bénin .
Au Bénin, 1,5 million de femmes n’ont pas accès au service de la planification familiale. Une situation qui expose les femmes à un risque accru de grossesses non désirées, d’avortements dangereux et de complications liées à la grossesse et à l’accouchement. Selon l’EDS V, le taux de prévalence contraceptive est de 12,4, les besoins non satisfaits sont de 32,3% et le taux de mortalité maternelle du Bénin est de 391 décès maternels sur 100 000 naissances vivantes. Or, la planification familiale est un investissement dans la prospérité des nations. Mieux dira Jérôme Chatigre, Directeur exécutif de Grafed-Ong « 100 FCFA investis dans la planification familiale peut générer jusqu’à 600 FCFA d’économie ».
Pour relever le défi de l’effectivité de l’accès des filles et femmes aux services de la Pf, Dr Oscar Djigbénoudé, personne ressource et maire de la commune de Dassa-Zoumé recommande des actions de concertation au niveau communal, départemental pour des stratégies pouvant contribuer à l’amélioration de l’accès des filles et des femmes au service de la Pf. « Il faut que les jeunes ambassadeurs, les journalistes et les Osc, informent les élus sur leur rôle dans la promotion de la Pf afin qu’ils aient un regard sur la question pour pouvoir dégager des ressources pour la Pf au niveau local », a recommandé l’autorité qui a fait la promesse d’instaurer des classes d’adulte partout dans sa commune pour inverser la tendance.
« Si on peut élever le niveau d’instruction des femmes à 70%, on aurait fini définitivement avec la question de l’accès des femmes à la Pf parce que quand le niveau d’instruction de la femme s’accroît, la réduction du nombre d’enfant par couple se fait naturellement parce qu’elle connaît ses droits et devoirs », a souligné Dr oscar Djigbénoudé.
Au cours des échanges, la représentante de l’Autorité de régulation du secteur de la santé, Marielle Gounongbé a rappelé que « l’’instruction de la femme est incontournable pour son accès à la Pf ». Il est urgent, selon elle, de multiplier les séances d’échanges avec les divers acteurs au plan national pour impacter et impliquer les hommes dans les sensibilisations afin d’espérer un bon résultat. Florence Bio Idrissou de la fondation Batonga a, pour sa part, insisté sur le renforcement de capacités en direction des femmes et des filles à travers les sensibilisations, les formations pour déconstruire les idées erronées que les gens ont de la Pf. Aussi a-t-elle invité Grafed Ong et tous les acteurs œuvrant dans le domaine de la Pf à travailler sur les questions de masculinité positive et à agir sur les normes socio-culturelles afin que nous passons de 5% d’engagement à 90% en faveur de la Pf chez les hommes d’ici à 15 ans.
Pour renchérir, le directeur exécutif de la plateforme du secteur sanitaire privé du Bénin (Pssp), Pascal Fafeh, propose des actions intégrées en communauté pour élever le niveau de conscience des hommes afin d’inverser cette tendance lourde d’ici à 15 ans. « Sans la communication on ne peut pas faire bouger les lignes », a soutenu Imorou Assan de l’Abms. Il appelle à investir dans l’éducation des filles, à financer la communication pour un changement de comportement, le renforcement de la multisectorialité et de la coordination des interventions du niveau national jusqu’au niveau départemental tout en priorisant le dialogue avec les hommes.
Dans son message de plaidoyer à l’endroit de toutes les parties prenantes, la présidente des jeunes ambassadeurs Sr Pf Bénin a insisté sur l’importance des financements supplémentaires dans l’amélioration des conditions de vie des femmes et des filles.
« Financer la planification familiale, c’est contribuer davantage à améliorer la santé, la sécurité et le bien-être des femmes et des filles du Bénin », a indiqué Roliane Yèbou-dodo. Il urge que les responsables d’entreprises privées et les autorités gouvernementales du Bénin jouent convenablement leur rôle dans la promotion de la Pf auprès des communautés afin de faire de la planification familiale une réalité pour toutes les femmes et les filles du Bénin d’ici à 2030.
J. M.