Le prix du camion du sable a connu une grande inflation à cause de la pénurie engendrée par la fermeture des sites de Cotonou et environs. Populations et acteurs de la filière crient désespérément dans l’intention de se faire entendre par un gouvernement qui jusque là est resté muet. Et pourtant les conséquences de sa décision, comme l’ont relevé, plusieurs journaux ces derniers jours, commencent déjà à peser énormément sur les activités de la filière du sable, surtout les camionneurs, les travailleurs mis en chômage, les opérateurs privés qui ont perdu leurs investissements importants et furieux de la trahison de l’Etat…

Béatrice KOUMENOUGBO

Avant, le prix du camion de sable, six roues, varie entre 30.000f.cfa et 45.000f.cfa. Maintenant il est de 75.000 f.cfa à 80.000 f.cfa, tandis que le prix du camion dix roues est passé de 55.000 f.cfa ou 75.000 f.cfa à plus de 120.000 f.cfa, actuellement. C’est que rapportent la plupart des journaux qui sur le terrain on rapporté des propos tels que « Nous n’avons pas le choix …Il faut 5 à 6 voyages par jour pour répondre aux exigences financières du propriétaire du camion. Mais difficilement nous arrivons à faire 2 voyages par jour. Nous sommes obligés d’augmenter le prix au mètre cube sinon nous ne serons plus en mesure de respecter nos engagements vis-à-vis du propriétaire du camion… » venant d’un conducteur de camion. « Nous venons ici très tôt le matin, certains sont obligés de passer la nuit ici et pourtant tous les camions ne viennent pas ici. Une bonne partie va faire l’exploitation clandestine à Ouidah… ».

Dans la population et au cours des émissions interactifs le cri de désespoir se fait entendre. Certains se demandent si les autorités sont réellement préoccupées par le bien-être de la population surtout en cette période électorale. Face à une demande de plus en plus forte, les quelques carrières de sable encore en activité ne peuvent répondre aux besoins des villes en pleine urbanisation comme Cotonou, Abomey-Calavi et environs. Sur le terrain, la situation est catastrophique. Outre les populations utilisatrices de cette précieuse matière pour la construction de bâtiment, les acteurs de la filière des BTP crient leur ras-le-bol. La pénurie du sable affecte le délai de livraison des multiples chantiers en cours d’exécution dans la ville. A tous les niveaux de la filière d’exploitation du sable lagunaire, le mécontentement se généralise. Les chauffeurs de camion sont obligés de passer plusieurs jours avant de se servir tandis que les exploitants de carrière se plaignent des pannes cycliques de leurs machines à cause de la forte demande qu’ils ne peuvent satisfaire.

Colère des populations et chantiers au ralenti

Comme l’ont rapporté les journaux, par ailleurs, le passage incessant des camions a causé une dégradation rapide des voies d’accès aux sites de dragage de sable et le lundi 2 mars 2015, la population de Togbin se serait soulevée et aurait barricadé la voie principale d’accès au site se trouvant dans cette zone, empêchant les camions de circuler et qu’il a fallu l’intervention des forces de l’ordre pour ramener le calme. D’un autre côté, la pénurie de sable créée actuellement d’énormes préjudices aux acteurs de la filière des Btp à cause de l’insuffisance de l’offre face à la demande. En conséquence, on observerait un ralentissement des travaux sur les multiples chantiers en cours d’exécution dans la ville. Le constat est général dans les villes de Cotonou et d’Abomey-Calavi où la majeure partie des chefs chantiers seraient en détresse à cause du surcoût des travaux induits par la décision de fermer certaines carrières de sable. Face à cette situation le gouvernement a intérêt à revoir sa décision au risque de donner l’impression qu’il reste insensible à la souffrance des populations, des promoteurs et investisseurs privés, des acteurs vivant de l’activité.