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M. Edgard Gnansounou est un Béninois de la diaspora vivant en Suisse. Il est actuellement au pays dans le cadre des activités de son projet pour le dialogue apaisé et efficace au Bénin. Professeur en Systèmes énergétiquesà l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, il est le président de la Communauté des Béninois de la Confédération suisse.
Dans cet entretien, M. Gnansounou parle des actions que mène son projet pour le renforcement du dialogue social au Bénin et des opportunités qui s’offrent pour le renforcement de la coopération avec la Confédération helvétique. Le président de la Communauté des Béninois de Suisse exhorte chaque citoyen à apporter sa contribution à la résolution des problèmes du pays.
• Bonjour Monsieur Gnansounou ! Quel est l’objet de votre visite actuellement au Bénin ?
Ma visite a plusieurs objectifs. Il y a des objectifs au niveau professionnel. Je suis en train de définir un certain nombre de projets dans le domaine de l’approvisionnement en énergie électrique, non seulement du Bénin mais aussi de la sous-région. Deuxième objectif : j’ai été aussi associé à la visite de la Présidente de la Confédération helvétique Doris Leuthard ici au Bénin, dans le cadre du projet que je mène sur le dialogue social. Et troisième objectif : Sur ce projet de dialogue social, j’ai rencontré différents ministres pour mettre en œuvre le mécanisme d’anticipation des crises proposé.
• Vous avez initié depuis 2015 un projet sur le dialogue apaisé et efficace au Bénin. Quel bilan peut-on en faire aujourd’hui ?
Ce projet est mené en partenariat avec le gouvernement du Bénin avec les sept centrales et confédérations syndicales avec le patronat et le premier objectif, c’est d’identifier un mécanisme d’anticipation des conflits professionnels collectifs, c’est-à-dire les grèves. Ce mécanisme a été identifié à travers le projetForum Bénin-Suisse. Le mécanisme a été identifiédès le premier le Forumqui été organisé en août 2015 et qui consiste pour le gouvernement à associer les autres partenaires sociaux et en particulier les syndicalistes en amont des grandes réformes, telles que la réforme de la fonction publique et toutes les grandes réformes.
Deuxième mécanisme, c’est de les impliquer dans le processus d’élaboration du budget et dans le suivi de l’exécution du budget, de façon à ce que les syndicats puissent être informés des marges de manœuvre, c’est-à-dire des ressources à disposition, de l’emploi de ces ressources et à ce que les revendications acceptées par le gouvernement puissent être programmées dans le temps.
Voilà les deux mécanismes d’anticipation que nous avons trouvés et que nous essayons de mettre en œuvre à l’issue du deuxième forum qui a eu lieu en août 2016. Donc, nous avons organisé plusieurs ateliers.
J’ai été reçu par le chef de l’Etat, à la fin du mois d’avril 2017, qui a donné son soutien à ces mécanismes et nous essayons maintenant de les appliquer au niveau des différents ministères.
• En dehors de votre projet, que faites-vous concrètement en tant que Béninois de la Diaspora pour mobiliser des investisseurs pour soutenir le Programme d’actions du gouvernement ?
(Rire) Ce n’est pas notre tâche de mobiliser les investisseurs. Le gouvernement a des agences qui font ce genre de travail. Donc, il n’appartient pas aux Béninois de la Diaspora de se mettre à mobiliser des investisseurs. Je pense que les Béninois de la Diaspora investissent eux-mêmes déjà dans le pays par la construction de maisons, par l’envoi d’argent à leurs familles ici au Bénin. S’ils ont l’opportunité d’entrer en contact avec des investisseurs potentiels, je pense que dans le cadre des réseaux auxquels ils appartiennent, ils peuvent informer le gouvernement et les pouvoirs publics. Mais ce n’est pas dans leur tâche de commencer à chercher des investisseurs pour le Bénin. Cela étant, dans le cas de la Suisse, la Communauté des Béninois de Suisse est partenaire, par exemple, cette année, de la co-célébration de la fête nationale. Le 1er août, c’est aussi la fête nationale de la Suisse. Et cette année, la ville de Genève nous invite ainsi que l’Ambassade à co-célébrer la fête du 1er août.
Voilà des opportunités qui permettent d’entrer en contact avec des décideurs et comme effet induit, on peut être aussi en contact avec des personnes qui sont intéressées à développer des relations avec le Bénin.
• En tant que Béninois de la Diaspora, comment appréciez-vous les quinze premiers mois de gouvernance du Président Patrice Talon ?
Je ne peux pas parler au nom de tous les Béninois de la Diaspora. Je ne peux que donner mon propre avis. Je pense que le président de la République et son gouvernement ont l’envie de changer les choses. Ils ont de grandes ambitions pour le pays. Mais cela étant, les changements sont toujours difficiles à intervenir. Donc, cela demande du temps et puis, surtout les changements qui consistent à mettre de l’ordre dans les affaires dans une situation où l’environnement économique du Bénin est un peu morose, ces changements sont difficiles à être acceptés. Donc, je sais qu’au niveau de l’opinion, il y a quelques difficultés. Je pense que la volonté y est mais pour que les résultats puissent apparaître réellement, il faudra du temps.
Et puis l’orientation politique, c’est une orientation très libérale qui n’est pas la mienne. Mais le président de la République a été élu avec cette orientation, je pense que, dans l’intérêt du pays, il faut tout faire pour que les résultats puissent être à la mesure des problèmes que rencontrent les populations. Il ne faut pas perdre du temps, il faut soutenir les actions qui peuvent contribuer à apporter des solutions aux problèmes du pays, aux problèmes de la population, à la résorption du chômage,à la création d’emplois. Il faut que les revenus des gens puissent augmenter, surtout les personnes pauvres, donc la lutte contre la pauvreté, bref toute mesure qui peut contribuer à apporter des solutions mêmes imparfaites à ces problèmes,je pense qu’il faut la soutenir de sorte que le Bénin puisse progresser.
• Pourquoi vous insistez beaucoup sur la cohésion sociale ?
Il est important dans toutes les solutions qui sont envisagées de ne pas oublier les personnes à faibles revenus. Le coût de la vie est de plus en plus élevé dans notre pays. Et il y a beaucoup de personnes qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts. Sans cohésion sociale, il peut difficilement y avoir un développement inclusif. Le plus important,c’est lorsqu’on pense à la croissance économique, lorsqu’on pense àdévelopper des activités, il faut toujours avoir la préoccupation derrière de la cohésion sociale, c’est-à-dire le partage équitable des revenus. Pas beaucoup de revenus pour une minorité de personnes en oubliant la majorité des gens qui souffrent parce qu’ils n’ont pas suffisamment de revenus pour finir le mois, je dirai même pour survivre au quotidien. Et c’est important à tous les niveaux d’être conscient du fait que la vie est difficile pour beaucoup de Béninois.
• Quel est votre mot de fin ?
J’aimerais que tous mes compatriotes sachent qu’il ne suffit pas d’élire quelqu’un et attendre qu’il apporte toutes les solutions aux problèmes que rencontre le pays. Donc il est important que chaque Béninois se mette dans la tête que sa contribution à la résolution des problèmes est essentiel, si nous voulons progressivement atteindre les objectifs de développement économique, des objectifs d’épanouissement pour chacun et pour tous, nous devons nous dire qu’il est possible pour chacun, au niveau où il est d’améliorer la situation, par son implication à la gestion des choses. Il doit exiger cette participation car il en va de son devoir de citoyen. Mais il doit le faire en respectant les prérogatives de ceux qui sont légitimes pour décider du fait du système démocratique qui est notre religion civique.
Merci.
Propos recueillis par Ignace FANOU
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