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Au Bénin, 10% à 50% des femmes ont des complications suite à l’avortement selon les résultats des dernières Etudes Démographique et de Santé (EDS IV). Au nombre de ces complications, le décès maternel, la stérilité… Pourtant des méthodes contraceptives existent. Et leur utilisation contribuerait à réduire le taux de la mortalité maternelle.
Murielle D. était, il y a un mois et demi, élève en classe de terminale au Collège d’Enseignement Général de Lokossa dans le département du Couffo. Cette jeune fille de 17 ans, très brillante à l’école, a trouvé la mort en essayant de se faire avorter par un agent de santé non qualifié pour pratiquer l’avortement. « J’ai retrouvé le corps sans vie de ma fille Murie qui a essayé de se faire avorter au petit matin du lundi 10 octobre 2015 », déclare la mère de la jeune fille, les yeux larmoyants et visiblement très accablée par le décès de sa fille ». Témoigne Béatrice H., la mère de la jeune fille. « J’ai su ce qui est à la base de sa mort grâce aux messages entrant et sortant de son téléphone », poursuit-elle.
Dame Rafath quant à elle, la trentaine, réside à Tankpé dans la commune d’Abomey-Calavi. Elle vit en couple depuis 4 ans, mais n’arrive pas à concevoir des suites de complications dues à des avortements répétés lorsqu’elle était plus jeune. « Après un an passé au ménage sans enfants, mon mari me proposa de faire des analyses », déclare la jeune dame d’une voix à peine audible. « Mais, contre toute attente, les analyses ; selon le gynécologue ont révélé que mon utérus a été raclé lors d’un avortement provoqué. Pis, il m’annonce pour finir que je ne pourrai pas concevoir », a-t-elle confié, toute abattue et désespérée.
Comme Murielle et Rafath, plusieurs adolescentes, jeunes et femmes risquent au quotidien leur vie en se rendant dans les structures où les conditions sanitaires ne répondent pas aux normes et standards de l’Organisation mondiale de Santé (Oms) pour bénéficier des services complets d’avortement.
Selon François Kossouho, Directeur départemental de la Santé dans les départements du Zou et des Collines, l’avortement est la perte d’un embryon ou d’un fœtus lors d’une grossesse. Il peut être involontaire comme volontaire. Dans ce cas précis puisque c’est de ça qu’il s’agit, on parle d’Interruption volontaire de Grossesse (Ivg). Les avortements clandestins sont l’une des principales causes de la forte mortalité maternelle au Bénin, a-t-il fait remarquer.
De la nécessité pour les femmes d’adopter une méthode contraceptive
Pour docteur Serge Kitihoun, directeur des programmes de l’Association béninoise pour la Famille (Abpf), « 43% des avortements sont à risque et dangereux ». Celui-ci, pour attirer l’attention des femmes sur les bienfaits de la Planification familiale (Pf) martèle que : « seule la contraception, l’une des sous composantes de la planification familiale peut prévenir les grossesses non désirées et leurs conséquences ».
La Planification familiale étant entre autres, un ensemble de moyens et de mesures mis à la disposition des individus, des couples et de la communauté pour permettre à chacun d’avoir le nombre d’enfants voulus au moment voulu. C’est aussi permettre une prise en charge responsable de la sexualité y compris la prévention des Ist/Sida. Docteur Serge Kitihoun lors d’une communication intitulée : ‘‘Planification familiale comme stratégie de réduction de la mortalité maternelle et de développement’’, a exhorté non seulement les adolescentes mais aussi les jeunes et surtout les femmes à adopter les méthodes contraceptives de leur choix afin d’éviter les nombreuses conséquences liées avortements à risque et surtout de préserver leur vie.
La honte de supporter le regard des autres
Le témoignage des adolescentes, jeunes et femmes qui ont pratiqué au moins une fois l’avortement est le même. La honte de supporter le regard des tiers. Il y a environ deux ans, M. Dochamou a cherché à éviter cette honte, 6 mois après la naissance de son premier fils. Mais aujourd’hui, elle gère au quotidien des ennuis de santé car la tentative d’avortement a échoué. « J’ai pris en vain divers produits traditionnels pour me débarrasser de la grossesse de 16 semaines d’âge. J’ai finalement accouché d’un mort-né, suite à des complications. Et depuis plus d’un (1) an, ma santé est fragile à cause de l’effet des produits que j’avais avalés. », étaye Marguerite d’un ton coupable. « Je l’ai fait car je tenais à respecter l’intervalle intergénésique de deux ans ». Mais ceci sans aucune précaution pour éviter les grossesses non désirées.
Juliette MITONHOUN/Le Grand Matin
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