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« Notre rôle de banquier est d’accompagner les PMI/PME »Lazare NOULEKOU,

DG ECOBANK BÉNIN




Directeur Général d’Ecobank Bénin et 2e Vice-Président du CNP (Conseil National du Patronat), Lazare NOULEKOU participait cette semaine à Cotonou au 50e anniversaire de la CPCCAF et aux Rencontres d’Affaires Francophones et Africaines (RAFA). Entretien exclusif.
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Propos recueillis par Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP) @africa_presse

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APP – Commençons par une courte présentation de vos titres, charges et responsabilités...

Lazare NOULEKOU – Administrateur Directeur Général d’Ecobank Bénin, je suis également Président de l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers du Bénin (APBEF-Bénin) et Deuxième Vice-Président du Conseil National du Patronat (CNP).

Après avoir fait toute ma carrière à Ecobank, je dirige actuellement Ecobank Bénin, qui fait partie des meilleures banques de la place. Celle-ci assure la collecte des dépôts, l’octroi des crédits et offre toute une panoplie de produits digitaux à sa clientèle. En effet, la Banque réalise de belles performances et apporte une contribution au financement de l’économie béninoise.

APP – Voulez-vous nous dresser d’abord un rapide tableau macro-économique de la situation au Bénin ?

Lazare NOULEKOU – Tous les indicateurs macro-économiques de l’économie béninoise sont au vert actuellement. À la fin décembre 2022, le taux de croissance du PIB est de 6 %, les crédits accordés à l’économie ont connu une nette progression sur l’ensemble du marché de 33,4 %. Les dépôts ont aussi progressé de 15,13 % et le ratio de dégradation brute de portefeuille est à 7,18 % contre une moyenne de 8,40 % à l’échelle régionale.

En outre, le taux de dégradation net est à 1,7 % et le ratio de solvabilité consolidé de l’industrie bancaire est de 14,67 % contre une norme réglementaire de 11,25 %, suivant les dispositions de Bâle II et III. Ce qui confirme la résilience de la place bancaire béninoise.

Sur la même période, le total bilan a cru aussi de 12,56 %. L’économie béninoise se porte donc assez bien et les banques participent pleinement au financement de l’ensemble des secteurs de l’économie. En outre, le taux d’inflation aussi est maîtrisé et clôture à 1,4 % en décembre 2022 contre une norme régionale de 3 %. J’ajouterai également que le Bénin a une meilleure cotation des agences Fitch, Moody’s et Standard & Poor’s qui donnent une meilleure perspective.

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  • « Notre rôle de banquier est d’assurer le financement de l’économie et d’accompagner les PMI/PME »

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APP – Avec de tels résultats et ce contexte économique, vous êtes donc un homme heureux ?

Lazare NOULEKOU – En notre qualité de banquier, notre rôle est d’assurer le financement de l’économie. L’ensemble du secteur y participe pleinement dans la mesure où – en ce qui concerne les PMI et PME – l’instance faîtière a signé un accord de partenariat (APBEF-Bénin), un accord-cadre avec le Fonds national de développement agricole (FNDA) qui garantit 50 % des engagements accordés par les établissements de crédit. Dans le même accord de partenariat, les taux d’intérêt sont bonifiés à 7 % l’an en faveur des entreprises qui ne paient que 2 % sur les crédits dont elles sont bénéficiaires.

Pendant la période Covid, l’APBEF-Bénin a aussi signé un accord cadre avec l’État béninois qui assure une bonification totale des taux d’intérêts appliqués aux engagements des PMI/PME.

Par ailleurs, la banque centrale accompagne les entreprises qui sont essentiellement des PMI/PME à travers le dispositif de financement des PMI/PME. L’un des éléments moteurs de ce dispositif, est le Comité d’identification des structures d’accompagnement et d’encadrement (CISAE) des PMI/PME. À travers l’instance faîtière, les SAE jouent un rôle très important dans l’accompagnement et dans la formation en matière de gouvernance et de gestion des PMI/PME. Ce sont elles qui facilitent la mise en place des crédits au travers des points focaux installés dans les banques.

APP – Comme le secteur privé crée des entreprises et donc des emplois, que faudrait-il faire de plus – selon le Vice-Président du Patronat – pour améliorer encore le climat des affaires ?

Lazare NOULEKOU – Je peux dire d’entrée que le gouvernement fait beaucoup d’efforts en ce qui concerne l’amélioration du climat des affaires, en matière notamment de gouvernance et de transparence, aussi bien dans la liquidation des droits aux cordons douaniers que pour la collecte des impôts et taxes.

Cela fait qu’aujourd’hui les entreprises ont une meilleure lecture de l’environnement économique, de la transparence fiscalo-douanière et il n’y a plus de faux frais à supporter lors des démarches administratives.

Ce qui reste maintenant à faire aux entreprises, c’est d’asseoir les règles de gouvernance à tous les niveaux. Il est important que le CNP accompagne davantage les entreprises dans la formation en renforçant les capacités managériales des dirigeants d’entreprises d’une part et dans la vulgarisation des textes et lois votés afin d’en avoir une meilleure connaissance.

Intervention de Lazare NOULEKOU durant la conférence modérée par Denis DESCHAMPS, Délégué général de la CPCCAF. © BF

Je peux vous rassurer que le CNP continue d’assumer parfaitement son rôle en assistant les entreprises afin de leur permettre de jouer pleinement un rôle dynamique de pourvoyeur d’emplois et de créateur de richesses.

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  • « Pour dé-risquer l’Afrique, il faut dire aux Africains de travailler »

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APP – Lors des Rencontres d’Affaires Francophones et Africaines (RAFA), vous venez de souligner lors d’un panel fort intéressant que le Bénin est « en train de changer de business modèle et de cap ». Pouvez-vous nous en dire plus ?

Lazare NOULEKOU – C’est une réalité qu’il faut prendre en compte. Avant, le Bénin avait une économie tournée vers l’extérieur où les matières premières étaient exportées à l’état brut. Aujourd’hui, le Bénin s’est lancé dans la transformation des matières premières en ajoutant de la valeur.

Le Bénin, vous savez, est à mi-chemin entre les États-Unis et l’Asie et pourrait jouer pleinement un rôle important dans l’approvisionnement des marchés européens et américains. À ce niveau, le challenge est de former les ouvriers pour la réussite de ce projet assez ambitieux d’installation de zones franches industrielles. Il s’agit d’un défi qu’il faudra impérativement relever.

APP – Notre dernière Conférence des ambassadeurs africains à Paris, le 12 avril, avait pour thème : « Comment dé-risquer l’Afrique pour mieux la financer ? ». Que répondriez vous à cette même question ?

Lazare NOULEKOU – C’est une question assez simple. Pour « dé-risquer » l’Afrique, il faut dire aux Africains de travailler ! Il n’y a rien d’autre à dire.

Aujourd’hui, le Bénin a accès au marché international pour lever des « eurobonds » et cela s’est fait avec intelligence et méthode et tous les pays peuvent faire la même chose.
Les pays africains sont côtés de la même façon que les États européens par les cabinets ou agences de notation comme Moody’s, Standard & Poor’s etc.

Il faut donc mettre aujourd’hui l’accent sur :

 La bonne gouvernance qui oblige à mieux gérer sa dette.
 La mise en place des réformes foncières, fiscalo-douanières, économiques et sociales.
 L’amélioration du climat des affaires.
 L’amélioration de la situation socio-politique.
 La maîtrise réelle du chômage.
 La formation professionnelle et développer le « local content »

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  • « Bon anniversaire à la CPCCAF ! »

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APP – Et le secteur bancaire, ici, n’a-t-il pas déjà été assaini ?

Lazare NOULEKOU – Bien sûr, l’industrie bancaire est mieux assainie que par le passé à la faveur de la mise en œuvre des dispositions bâloises et des réformes engagées par les autorités politiques.

APP – Un dernier mot pour rendre hommage à la CPCCAF, créée le 11 mai 1973 et qui fêtait ce 11 mai ses 50 ans à Cotonou...

Lazare NOULEKOU – Je souhaite bon anniversaire à la CPCCAF ! Je félicite les chambres consulaires pour tout le travail accompli jusqu’à présent, tout en soulignant que le chemin sera long parce qu’il reste encore bien du chemin à faire...

Le conseil que je pourrai donner, c’est de faire un état des lieux pour voir les modèles qui ont réussi ailleurs et de s’ajuster en cas de besoin. Les entreprises chinoises par exemple – qui emploient une main d’œuvre à bas prix – sont arrivées ces 20 ou 30 dernières années en Afrique et ont eu du succès. Il faut donc faire cette analyse afin de voir ce qui n’a pas marché ou a bien marché ailleurs afin de nous mettre sur les bons rails pour les prochaines décennies.

https://www.africapresse.paris/Lazare-NOULEKOU-DG-Ecobank-Benin-Analysons-ce-qui-a-bien-marche-ailleurs-afin

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