Lors du lancement de l’appel de fonds pour la reconstruction de la mosquée centrale de Sakété, ce week end, 40 millions de FCfa ont été mobilisés surplace. Le ministre d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur, François Abiola, sur la base des fonds trouvés sur les lieux ce jour-là, a annoncé le démarrage effectif des travaux de la reconstruction de ladite mosquée pour cette semaine (jeudi prochain). Pour avoir pris une telle initiative, il a été félicité par le maire de Sakété, Raliou Arinloyé. Maintenant, un problème se pose : les conditions sont-elles déjà réunies pour lancer le démarrage des activités de la reconstruction de la grande mosquée de Sakété ? Non. Selon les investigations menées, les 40 millions de FCfa mobilisés ne font pas la moitié du financement attendu pour reconstruire le haut lieu de prière des musulmans de la Sakété.

Pour le chef d’arrondissement de Sakété-centre, Désirée Kougbomissi, c’est la première phase du financement qui est bouclée. « Le financement de la première phase est bouclé à 100%... », a-t-il déclaré au téléphone, avant d’ajouter qu’il y a deux autres phases prévues pour mobiliser les fonds. Pour sa part, le maire Raliou Arinloyé (aujourd’hui proche du ministre Abiola) est allé loin dans les délais. Il a révélé qu’il faut 97 millions de Cfa pour boucler ledit financement. « Ce que nous avons trouvé représente à peu près la moitié du financement. Nous sommes en train d’œuvrer pour boucler le financement… », a-t-il déclaré. Selon ses propos, le bouclage du financement de la réhabilitation de cette mosquée ne posera pas de problèmes.

Selon les normes, il faudra d’abord attendre le bouclage du financement avant de lancer avec plus d’assurance les grandes infrastructures. Ce qui n’est pas le cas pour la reconstruction de la mosquée centrale de Sakété dont les travaux démarrent, jeudi prochain. Que deviendra ce chantier en cas de difficultés financières dans les mois à venir ? Eléphant blanc sans doute. Le régime Yayi en compte assez. Les chantiers abandonnés après la pause de la première pierre sont légion pour défaut de financement. Ecoles, universités publiques, infrastructures routières et bâtiments administratifs, lancés à grands renforts médiatiques, sont dans l’oubliette à telle enseigne que le Bénin est devenu un pays jonché d’éléphants.

Pour les observateurs avertis de la vie politique nationale, c’est la conséquence du populisme à outrance érigé en système de direction au Bénin depuis 2006. La situation risque de s’empirer à l’approche des élections communales, municipales et locales. Comme tel père, tel fils, des ministres du gouvernement emboitent le pas au Chef de l’Etat pour tenter de séduire les populations. Le cas de Sakété en dit long. Et pour cause ! Dans un passé récent, le ministre François Abiola a été toujours vu par certaines populations, à tort ou à raison, comme le bras droit des adeptes du culte ‘’Oro’’ contre les musulmans majoritaires dans la localité. Est-ce sa manière de se réconcilier avec la communauté musulmane de Sakété ? Beaucoup voient le geste de ce samedi dans le sens. Mais, la grande préoccupation des uns et des autres est que le financement soit bouclé afin que la mosquée de la localité ne soit pas un éléphant blanc.