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Monsieur le président, bondissez si vous voulez !
Encore une sortie de trop ; un virage manqué, disons-le sans détour, une intervention médiocre. Quand on n’a pas les talents d’orateur, on se prend un porte-parole, quand on ne sait pas improviser, on prépare son speech. Yayi Boni vient de recycler son disque rayé d’août 2012. Les erreurs sont corrigées par d’autres erreurs dans une sorte de fuite en avant sans fin. Lui le bon face aux mauvais citoyens qui ne rêvent que de le renverser ; lui le Saint face aux syndicalistes véreux. La République des tricheurs, une classe politique médiocre. On sait bien par où il a grimpé en 2011. Cette fois-ci, la république est grippée. Le peuple a l’air hagard face à la gravité des propos. La République et Yayi étaient en instance de divorce, cette fois-ci, le divorce est consommé.
En réalité, depuis 2006, le peuple attendait un bond de son président. Seulement, nous n’avons pas la même cible ; le peuple voulait un bond dans le sens de la consolidation de l’unité nationale, de la promotion de l’intégrité, du développement, dans le sens de l’emploi des jeunes.
En ressassant de manière ostentatoire sa Talonphobie, Yayi Boni s’éloigne de plus en plus de la réalité. Il explose sous le poids de ses contradictions et des haines accumulées. Talon ou Yayi, c’est la peste ou le cancer. La réalité est déplaisante, mais elle est irrémédiable. Circulez, il n’y a rien à voir. La guerre entre Yayi et Talon est un poison lent qui n’en finit pas de pourrir le corps du pays ; elle est éternelle, de nouvelles métastases se révélant sans cesse quand on croyait le patient guéri.
Qui a d’ailleurs le numéro de Talon pour qu’on lui demande de nous retourner les fameux 1% pour sauver ce pays. C’est quoi cette banalisation de la fonction présidentielle pour qu’un président de la République puisse réduire benoitement un pays à un seul homme ! Le mouton à cinq pattes n’existe nulle part. Si tant est que Talon soit la solution, que fait-il dans le froid en France ? Les problèmes du pays sont connus. Et la Conférence épiscopale, un organisme neutre a bien dressé la liste depuis des mois. On a peine à le croire. Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. C’est à croire que Yayi Boni est le premier et le seul président que ce peuple a connu. Peut-être, il fait sienne cette galéjade de François Mitterrand : « après moi, il n’aura plus de grand président ».
Après avoir passé sept ans à faire du surplace, à tourner en rond, à méconnaitre sa propre signature, à multiplier les remaniements ; le refondateur se rend compte qu’il fallait bondir. Iréné Agossa, le conseiller V.I.P du président est formel, le président voulait effectivement bondir. Mais sur quoi ou sur qui ? Bondir sur ce peuple tannant ? Bondir sur ces jeunes qu’ils ne veulent pas lui coller la paix ? Bondir sur cette classe politique médiocre ? Iréné Agossa voulait colmater les brèches, mais le mal est fait. C’est du flagrant délit !
D’ailleurs, à quoi sert-il des vœux un 27 janvier. J’ai rangé depuis des lustres mon Sapin de noël ; les bouteilles de Béninoise ont été retournées à la brasserie. La fête était bien derrière le peuple. Mais quand on a des responsables oisifs, toutes les occasions sont bonnes pour s’occuper. Les enseignants abandonnent leurs élèves ; les cultivateurs, leurs champs ; les infirmiers, leurs malades ; les vœux au président ont presque l’air d’un service militaire obligatoire. Quand on a un pays à construire, on ne peut s’asseoir au palais de longues heures à écouter et réécouter les mêmes rebuts depuis huit ans. Les vœux, à ma connaissance, ne constituent pas une panacée à la crise actuelle, à l’emploi, et encore moins à la cachexie économique. Trouvez mieux, monsieur le président.
Vous voulez bondir Monsieur le président, bondissez ; mais de grâce, n’arrachez la robe aux avocats, n’arrachez pas les pattes aux syndicalistes, n’arrachez pas la plume aux journalistes, n’arrachez les pères à leurs fils, n’arrachez pas les maris à leurs femmes, …
Bondissez si vous voulez, mais n’entrainez pas le peuple dans votre chute. Bondissez, si vous voulez, mais attention à la chute, elle peut être brutale. Bondissez si vous voulez, mais attention, vous pouvez vous retrouver de l’autre côté de la frontière. Bondissez si vous voulez, mais attention, vous pouvez vous retrouver dans l’océan Atlantique. Bondissez si vous voulez, on vous attend à l’atterrissage.
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