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Qui connaît Montan, comprend Banamè





Le phénomène de Banamè, qui n’est pas nouveau selon l’histoire, nous instruit et nous donne des raisons d’espérer.

 

La communauté chrétienne vient de célébrer dans la joie la fête de Pentecôte qui a pris un relief particulier en cette année de la foi. Mais malgré la ferveur et la profondeur des célébrations, les chrétiens catholiques au Bénin ne peuvent manquer de se demander : qu’est-ce qui nous arrive au sein de notre Eglise ? L’Esprit-Saint descendu sur les apôtres à la naissance de l’Eglise dont Saint Luc témoigne dans les Actes des apôtres et qui accompagne l’Eglise tout au long de l’histoire pouvait-il laisser la place à autre chose ?

« Historia magistra vitae est  » (l’histoire est maîtresse de vie). Cette expression de Cicéron (De Oratore, II, 36) ne vaut-elle pas à un plus haut point pour l’histoire de l’Eglise ? Notre jeune Eglise au Bénin qui donnait l’impression de vivre son histoire comme un « fleuve tranquille » est surprise, au lendemain de son jubilé des 150 ans d’évangélisation, de vivre des situations inédites qui ne manquent de la secouer profondément. Qu’elle ait été prise dans des bourrasques n’est pas chose nouvelle : les anciens se souviennent de la question de l’école dans les années 70. Et qui n’a pas gardé en mémoire la traversée de la période révolutionnaire ?

Mais tous ces différents soubresauts venaient en fait de l’extérieur de l’Eglise.

Avec un phénomène comme Banamè dont beaucoup de chrétiens n’ont pas pris la mesure dès le départ, et qui, selon les indications sociologiques, ne semble pas accuser de recul, l’interpellation vient du dedans. L’Eglise au Bénin, en sa phase de relève missionnaire, est sans doute en train de rencontrer sa première vraie crise, à cause du terreau sociologique sur lequel elle s’enracine : le mal-être diffus où le merveilleux fleurit. La peur des mauvais sorts, l’angoisse des démons et l’hypertrophie de la mentalité sorcelleresque font qu’actuellement au Bénin, il n’y a plus de maladies naturelles : même le cancer et le sida seraient aujourd’hui provoqués par la sorcellerie ! Si Banamè est manifestement une mauvaise réponse, il cache cependant une vraie question. L’avons-nous circonscrite ? Prenons-nous les moyens appropriés pour y répondre ? Des analyses importantes déjà publiées par La Croix du Bénin sur la question (Père André Quenum, Père André Kpadonou, Mgr Pascal N’Koué, etc.) ont indiqué des pistes de réflexion que nous gagnerions en Eglise à articuler dans une réflexion théologique et pastorale d’ensemble.

« Mon peuple périt faute de connaissance » (Os 4, 6) dit Yahvé. L’année de la foi est un moment propice pour notre jeune Eglise de prendre la mesure de cet avertissement du Seigneur. Si dans toutes les communautés un effort réel est fait pour l’enseignement doctrinal (formation permanente systématique des fidèles laïcs, enseignement sur le Credo, surtout sur les personnes divines, sur la révélation, sur le mystère de l’Eglise), il est à souhaiter que cette formation engage l’exercice de la raison à un niveau proprement existentiel : comment le Dieu de Jésus-Christ, celui que nous professons entre-t-il dans le drame de notre existence, nous éclaire, nous libère et nous sauve ?

« Historia magistra vitae est ». Si important qu’il soit, le défi que Banamè pose à notre jeune Eglise ne doit cependant conduire à aucun catastrophisme

Sans le banaliser, les fidèles du Christ doivent se rappeler que l’Eglise a deux mille ans d’histoire et qu’elle a connu bien des situations sans que la barque de Pierre ne sombre. Insérer les fidèles du Christ dans cette histoire vivante en formant leur âme ecclésiale et en développant leur conscience historique constitue sans doute une piste pastorale à explorer. Beaucoup de choses dans la vie de nos frères et sœurs ont été nouées dans des récits mythologiques qui peuplent leur imaginaire. Il faudrait peut-être retrouver la voie du récit historique pour libérer leur imaginaire, un récit qui ne manquera de toucher leur propre récit de vie parce que actualisant pour eux l’histoire du salut.

Combien de fidèles catholiques connaissent-ils l’histoire de Montan et du montanisme (IIesiècle) ? Devant les interrogations autour de Banamè au sein de notre Eglise locale qui vit elle aussi son IIe siècle, en faire le récit ne serait pas sans intérêt.

Montan (Montanus) prêtre de l’Eglise catholique, originaire d’Ardahan (Phrygie), est issu d’une famille païenne où était développé le culte de Cybèle (déesse phrygienne ressemblant au Minon-Nan du panthéon vodun). À en croire Eusèbe (Histoire ecclésiastique) et Epiphane (Sur les hérésies), le montanisme s’est développé à partir de la moitié du IIe siècle (vers 160-170). Montanus se présentait comme l’organe du paraclet, sinon comme le paraclet lui-même. Il lui arrivait même de passer du paraclet à Dieu le Père et vice-versa. De lui, Epiphane conserva un fragment qui ressemble étrangement à des paroles que l’on entend actuellement au Bénin. Montanus, organe du paraclet, a pu dire : « Je suis venu non comme un ange ou un ambassadeur, mais comme Dieu le Père ». Il annonçait un nouvel âge de l’Église, l’âge de l’Esprit, et l’imminence de la fin des temps.

La Jérusalem nouvelle doit descendre du ciel près de la ville de Pépuze en Phrygie, et le Seigneur régnera avec les élus durant mille ans. Il avait avec lui, au départ, deux femmes particulièrement douées pour les extases : Prisca ou Priscilla et Maximilia. Elles eurent un grand succès. Des foules entières venaient de loin pour assister à leurs prophéties. Devant ces manifestations, il y eut des réactions au sein du peuple de Dieu. Certains chrétiens clairvoyants, y ayant discerné les ruses de l’Ennemi, ont demandé que ces femmes soient exorcisées. Mais les tenants du mouvement ont repoussé la demande comme injurieuse pour l’Esprit-Saint, qui les aurait choisies pour organes. Les évêques de la région se réunirent en synode pour examiner la question. Ils ne tardèrent pas à condamner le montanisme et à en excommunier les partisans. Le mouvement a par la suite évolué en groupe sectaire. Après une mort surprenante de Priscilla, Maximilia devint comme une compagne de Montanus, se considérant comme la dernière des prophétesses, attendant la Jérusalem céleste.

L’un et l’autre moururent de façon tragique laissant derrière eux une secte qui a eu des adeptes jusqu’au VIe siècle, surtout en Afrique du Nord, avant de disparaître du paysage chrétien. Ce courant hérétique et sectaire a cependant réussi à faire dévier le grand Tertullien. De quoi nous faire réfléchir ! 

Il y a beaucoup d’autres pages de l’histoire de l’Eglise qui pourraient non seulement nous instruire en nous donnant des critères de discernement mais aussi en nous donnant des raisons d’espérer et de marcher sereins au milieu des tempêtes vers un avenir que seul Dieu construit. Notre prière est que nos frères et sœurs, sortis de chez nous, reviennent à la maison, dans la profession de l’unique foi en la Trinité Sainte, reçue des apôtres et transmise fidèlement par l’Eglise, sans altération, depuis deux millénaires. L’Eglise notre Mère ne leur a pas fermé son cœur, elle qui ne cesse d’espérer pour tous !

Edouard ADE

CURE DU BON PASTEUR

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