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Le dossier Ignace Sossou a défrayé la chronique à Cotonou suite à l’arrestation de ce journaliste, qui a participé à un des ateliers organisés par CFI, pour une série de tweets citant les propos tenus, dans le cadre de ce séminaire, par le procureur de la République du Bénin. L’arrestation est survenue le 20 décembre et notre confrère a depuis été condamné à 18 mois de prison. CFI a donné le sentiment de varier dans ses déclarations depuis le début de cette affaire. Tantôt en expliquant que le journaliste avait sorti les déclarations de leur contexte, et tantôt, comme dans votre communiqué du 8 janvier 2020, pour réclamer la libération dans les plus brefs délais de M. Sossou. Aujourd’hui, qu’en est-il de la position de CFI ? Pouvez-vous clarifier les choses ?
Vous avez lu nos dernières déclarations du 8 janvier, qui sont les seules qui valent aujourd’hui, les seules qui expriment la position officielle de CFI. Ces tweets n’ont aucun caractère diffamatoire, il faut le souligner. Ils ne justifient certainement pas une arrestation, ni a fortiori une condamnation à une peine aussi disproportionnée. Tout ce qui a pu être dit ou suggéré par le passé n’était que le fruit d’erreurs d’appréciations et de jugement, qui sont la marque d’un grave dysfonctionnement interne. Nous le regrettons et nous présentons encore une fois nos excuses. Nous en avons tiré les leçons pour que cela ne se reproduise plus. La seule parole qui vaille aujourd’hui, et la seule parole que la justice béninoise doit prendre en compte, c’est ce que nous disons aujourd’hui : à savoir que les tweets d’Ignace Sossou n’étaient pas diffamatoires et ne méritaient pas la moindre minute de prison. On ne va pas en prison pour tweet !
Néanmoins, ce journaliste est aujourd’hui en prison. Il a été lourdement frappé par les lois de la République du Bénin et beaucoup de gens estiment que CFI porte une part de responsabilité dans son incarcération. Qu’avez-vous à répondre aux gens qui pensent cela ?
Je leur dis que toute notre maison est blessée, profondément blessée, et même meurtrie, par l’amalgame entre cette arrestation injuste, et cette lettre, qui n’aurait jamais dû être écrite et signée par quelqu’un de CFI. Depuis 30 ans, CFI s’implique dans la promotion des médias et de la liberté de la presse au bénéfice de ses partenaires de la communauté des journalistes et des médias sur le continent. CFI prend des risques en essayant de faciliter le dialogue entre les professionnels des médias et les différentes autorités nationales, ce qui était précisément le but du séminaire organisé en décembre à Cotonou. Mais CFI, à aucun moment, ne peut accepter d’être associé à une décision de justice que nous estimons totalement inacceptable au regard des principes et des valeurs que nous défendons. On ne met pas un journaliste en prison pour un tweet ! La lettre à laquelle vous faites référence n’avait absolument aucune valeur juridique. Cette lettre a fuité sur les réseaux sociaux dès le jour de l’arrestation d’Ignace Sossou, et ce n’est certainement pas innocent. Cette lettre était totalement inappropriée et n’engage que les personnes qui l’ont rédigée et signée. Il s’agissait d’une démarche inconcevable, doublée d’une défaillance de nos propres mécanismes de contrôle. Une procédure disciplinaire a été engagée à l’encontre des deux salariés qui ont produit ce courrier. Mais derrière, le fuitage sur les réseaux sociaux et l’utilisation de ce courrier pendant le procès est un procédé tout à fait choquant, pour nous, pour notre communauté, pour tout le monde.
Que pensez-vous pouvoir faire pour qu’Ignace Sossou retrouve sa liberté ? Est-ce que la direction générale de CFI envisage de venir au Bénin pour plaider sa cause auprès des autorités ou de la justice béninoise ?
Vous me donnez une occasion importante de faire passer un message. CFI fera tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter la libération d’Ignace . Pour nous, c’est la seule chose qui compte. L’image de CFI, ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est la libération d’Ignace. Je lance un appel à l’entourage d’Ignace, à ses défenseurs, que nous essayons de joindre, et à ses employeurs : nous sommes à leur disposition pour envisager tout ce qui pourrait aider à la libération d’Ignace et faciliter la période très dure qu’il vit, que vit sa famille et que vit son entourage. Nous voulons leur dire toute notre solidarité.
Le dossier Ignace Sossou sera bientôt porté en appel. Que compte faire CFI concrètement ?
Il est difficile pour nous de dire ce qui est souhaitable pour Ignace, nous nous en remettons à ses avocats, à sa famille. Nous sommes prêts à envisager tout ce qui pourrait favoriser sa défense, mais il faut peut-être garder une certaine forme de discrétion. Nous sommes entièrement à la disposition de ses avocats, ainsi qu’à celle de la famille d’Ignace, pour leur faciliter les choses.
Avez-vous un dernier message à faire passer ?
Je souhaite redire, au nom de CFI, nos plus sincères excuses pour ce courrier qui n’aurait jamais dû exister. Personne, aujourd’hui, à CFI, ne comprend comment ce courrier a pu être rédigé en ces termes et envoyé au ministère de la Justice. Mais tout ce qui compte, maintenant, c’est la libération d’Ignace. Nous espérons qu’elle surviendra très vite et que les autorités comprendront qu’il n’est pas concevable qu’Ignace soit maintenu en prison aujourd’hui.
Propos recueillis par A.A
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