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Que réserve l’année 2013 au continent africain et à son milliard d’habitants sur le plan économique et social ? Le continent a de quoi se réjouir même si les défis sont légion, à en croire Lionel Zinsou, économiste franco-béninois et président du fonds d’investissements PAI Partners.
Par Nicolas Champeaux
RFI : Que faut-il souhaiter à l’Afrique en cette nouvelle année ?
Lionel Zinsou : Vraiment, s’il fallait lui souhaiter une chose (mais il faut lui en souhaiter beaucoup), il faudrait d’abord lui souhaiter la paix, ou au moins la médiation, la négociation dans les quelques conflits latents qui sont en ce moment bien présents dans l’esprit de tous les Africains, où qu’ils soient dans le monde. La paix est vraiment le vœu de l’année.
Au-delà des conflits, quelles bonnes nouvelles se profilent en 2013 pour le continent africain ?
La bonne nouvelle, c’est qu’il y a de la croissance dans l’économie africaine. 2013, c’est une année un peu particulière parce que tous les instituts de prévision pensent qu’on aura à nouveau une croissance de 5% et peut-être même 6%. Ca voudrait dire que l’Afrique échapperait à la morosité européenne et à une croissance mondiale moyenne, ça voudrait dire que l’Afrique est « décorrélée » en 2013, c’est-à-dire qu’elle a son propre chemin de croissance.
On parle beaucoup de croissance, mais la croissance, c’est plus qu’une courbe à 5%. Elle gonfle les rangs de la classe moyenne mais les bidonvilles continuent de se remplir. A 8%, c’est autre chose ?
A 7% ou 8% de croissance, il y a suffisamment à distribuer pour que les plus pauvres et les exclus commencent à rentrer dans le système. Il y a une Afrique des villes qui va un petit peu mieux que l’Afrique des campagnes. Mais surtout, il y a un problème qui est l’Afrique autour des villes, l’Afrique périurbaine.
On a une croissance démographique tellement forte qu’il y a à la fois un peu plus de gens qui sont un peu plus riches, mais il y a aussi un peu plus de gens qui sont exclus et des gens qui ne trouvent pas d’emploi. A 7% ou 8% de croissance, en général, on peut estimer que les économies sont capables de réduire le nombre de pauvres. C’est vraiment le défi non seulement de l’année 2013, mais des dix années qui sont devant nous. Si on ne réussit pas cela, on aura des tensions sociales terribles, des inégalités terribles, une frustration terrible de la jeunesse.
Comment parvenir justement à une croissance à 8% en Afrique et est-ce un vœu totalement fou ?
Dans les dix pays qui ont la croissance la plus forte au monde, tout continent confondu, il y a six pays africains. Vous allez avoir en 2013 le Ghana et la Côte d’Ivoire qui seront à ces niveaux. Puis surtout, il y a une idée ancienne, probablement à ressusciter, qui est celle du panafricanisme. D’ailleurs, l’Union africaine est en train d’avoir une petite poussée de panafricanisme et c’est fondamental !
Quand vous avez des communautés économiques qui fonctionnent, comme c’est en train d’apparaître en Afrique de l’Est, entre la Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya, alors vous levez les barrières intérieures, vous vous rassemblez pour faire un marché important, vous créez des infrastructures, des corridors, des voies ferrées, des routes qui vous sont communes, et vous avez à ce moment-là un grand marché intérieur. Ce n’est pas à 54, notamment avec des barrières de toutes sortes, des barrières douanières, qu’on arrive à faire un grand marché.
Vous avez sans doute twitté vos vœux pour 2013, envoyé des cartes de vœux, posté des messages sur Facebook... Quelle est la part des nouvelles technologies, des réseaux sociaux dans cette croissance robuste ?
C’est une fierté pour l’Afrique. L’Afrique compte aujourd’hui avec 500 millions d’abonnés au téléphone portable. Même dans nos régions qui n’ont pas d’électricité, vous trouvez un panneau solaire et une borne à laquelle les gens viennent pour recharger leur téléphone portable. Ca veut dire qu’il y a des nouveaux usages sociaux, beaucoup plus de paiements lorsque que l’on doit assurer les transferts entre la diaspora solidaire et les parents restés dans le pays. Tout cela se fait beaucoup plus que sur les autres continents avec des technologies de téléphone mobile. C’est très important.
Cette modernisation va sauter une génération technologique. Vous pouvez être très loin au fond de l’Afrique, loin des capitales, vous achetez des mots clés de Google et votre production est connue. Vous existez. Ca, c’est une révolution, c’est une nouvelle technologie, c’est créateur d’emplois, mais surtout, ça touche les entreprises et donc ça va développer de l’emploi salarié. Ce qui est une façon comme une autre de rentrer très vite dans l’Histoire.
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