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En attendant la proclamation des résultats du second tour de la présidentielle par la respectée Cour constitutionnelle, il est temps de revenir sur les moments forts du processus électoral à travers ce qui a été vu et entendu.
René Adéniyi
Dans une classe avant le premier tour de la présidentielle, un enseignant envoie un élève au tableau pour un exercice. Subitement , ce dernier montre sous sa chemise , un tee-shirt bleu ciel tout en faisant rire la classe. C’est alors qu’il jette un coup d’oeil autour de lui pour constater que beaucoup d’élèves arborent le même tee- shirt , emblème d’un candidat à la présidentielle. Dans un bar à Cotonou, un jeune hommes d’affaires très proche d’un candidat, faire manger et boire ses amis et leurs camarades. Rapidement, il fait un signe à son chauffeur qui se rend dans l’énorme et rutilante 4 x4 garée non loin de là et ramène des posters et affiches à l’effigie de son candidat. Tout ceci est vite distribué et on mange et boit à gogo devant des dizaines de bouteilles de bière et des plats pleins de viande. Dans la foulée, plusieurs buveurs invétérés collent les affiches sur les tables mouillées par l’eau de bière .
Ailleurs, j’aperçois la nuit , une dame qui dit à une vendeuse de nourriture et de vente de crédit , de voter pour son candidat pour le compte du second tour moyennant un achat de 5000f de crédit. " N’oubliez pas de conseiller votre famille d’en faire de même demain". Samedi 19 mars. ,Il est minuit moins quelques minutes. Le quartier est désert. Mais les ateliers de coiffure ou de couture, sont ouverts. Malgré la musique jouée par les postes-radios ou les téléviseurs, j’entends quelqu’un dire en une langue locale qu’on attend les sous pour fermer ou pour rentrer. Dans un terrain de sport , quelques minutes après la fin d’un meeting, les gens sont toujours là ; ce , malgré la petite pluie qui tombe. Soudain, il y a un mouvement de foule et une personne surgit et brandit un cahier. Rapidement, il fait savoir qu’il fera l’appel et que c’est ceux qui auront entendu leurs noms qui auront les frais de déplacement qui s’élèvent à 2000 fcfa. Devant l’éhonté spectacle, deux dames décident de rentrer en maugréant que ce n’est pas ce petit billet de banque qui les fera perdre le temps ou qui va les nourrir ou voter le candidat qu’elles supportaient jusque-là. Dans une place de Cotonou très fréquentée par les conducteurs de taxis-motos et autres désœuvrés, malgré la fin de la campagne , les gens sont couchés sur des bancs avec des yeux de crocodiles . En vérité, ils surveillent les affiches de leur candidat encore intacts sur les murs et sur les arbres car ils n’ont pas été déchirés. Après mes renseignements , on m’informe que la nuit, un quidam arrivera les payer pour leur garde et leur mobilisation pour la victoire d’un candidat du second tour. Dans mon quartier, à cinq heures , six jeunes apprentis apposent sans avertissement des affiches d’un candidat sur les murs et portails des gens . Un papa surprend l’un d’eux et s’apprête à lui donner une paire de gifles. Rapidement , le reste de la bande rapplique et fait savoir à l’adulte qu’il risque d’être battu s’il ne retournait pas se coucher très vite...Ce n’est pas tout. Il y a conseil des professeurs dans un collège. Très vite , dans les divers , les intervenants emploient dans une atmosphère joyeuse, les termes de rupture ou d’impunité pour aborder tel problème ou tel autre problème lié à la vie scolaire ou aux difficultés des enseignants. Or , dans trois jours , c’est le second tour de la présidentielle. Moi-même , un jour je reçois un appel du village. C’est mon oncle qui me demande le candidat pour lequel il faut voter puisque selon lui , je suis en ville et en bon intellectuel , je suis supposé connaître le meilleur candidat qu’il faut choisir. Je lui réponds que c’est à lui de suivre sa conscience. Alors, il me dit à demain et coupe la conversation. Non loin du siège de la Céna, un chauffeur d’une voiture fait descendre un passager. Les militaires qui surveillent la maison et ses alentours lui font savoir qu’il est en infraction surtout que des haies ou barrières en fer sont disposées un peu partout . Comme s’ils avaient le feu aux fesses , le chauffeur et son passager qui était remonté dans le véhicule démarre rapidement. Enfin, enfin, à la fin du débat entre Alain Louis et Athanase Guillaume, dans la rue d’un quartier , les avis sont partagés : "Yovo" est fort ; il a convaincu , il a gagné. Talon baba !!!...