(Par Roger Gbégnonvi)

​L’on ferait preuve de mauvaise foi si l’on prétendait que Pascal Irénée Koupaki aura attendu la quasi insurrection du 4 mai 2015 à Cotonou pour se démarquer du Chef de l’Etat. Ce serait croire que l’auteur de nos malheurs actuels lui a facilité la tâche pendant sept ans au gouvernement. Ce serait considérer comme rien sa démission sans porte claquer (il n’aime pas le bruit), comme rien les trois tomes de ses Livrets Bleus où il indique à tous la voie à suivre pour le redressement et le progrès de notre pays, comme rien sa tournée de nos 77 communes pour constater par lui-même que notre pays végète et se meurt, comme rien sa prise de position contre toute révision opportuniste de la Constitution lors de son intervention télévisée du 23 avril 2015. Ce sont là des actes devant être vus comme des marqueurs de rupture entre l’ancien Premier Ministre et le Chef de l’Etat.
Cela dit, ceux qui espèrent en PIK ont toujours souhaité de sa part qu’il ruât dans les brancards de l’auteur de nos malheurs, par exemple lors de cette intervention du 23 avril. Or ils ont été déçus d’observer que PIK s’est interdit de critiquer le Chef de l’Etat. Il n’a pas dit que son ancien patron a couvert délibérément moult scandales et qu’il a été à l’origine de certains. Il a dit que le patron n’était informé des scandales qu’après leur survenue, et qu’alors il ordonnait des commissions d’enquête que lui PIK présidait. Il n’a rien dit des assassinats et tentatives d’assassinat politiques depuis 2006. Il n’a rien dit des Béninois que le patron a contraints à l’exil. Et PIK de se peindre tel qu’en lui-même, exécutant parfait et homme lisse (on le savait), alors que ces admirateurs voulaient le voir dans la posture du leader nouveau prêt à prendre les risques et les décisions douloureuses qui feront avancer le pays. Ses admirateurs se seront-ils mépris sur l’objectif de l’intervention du 23 avril 2015 ?
​Parce qu’elle n’a pas été perçue comme un moment de vérité, de la dure vérité, cette intervention a peut-être desservi la Nouvelle Conscience prônée par PIK. A propos de celle-ci, on peut lui faire observer que sa démarche n’est pas tout à fait inédite. Des coups d’Etat à la Refondation en passant par Révolution, Renouveau et Changement, et une kyrielle d’ONG dont l’une s’appelle Nouvelle Ethique (presque Nouvelle Conscience), le Dahomey-Bénin est toujours déjà à la recherche d’une nouvelle conscience. Si cette quête n’a pas abouti jusqu’á ce jour, c’est la faute aux dirigeants politiques qui disent le droit chemin et prennent ensuite par des chemins obliques en direction du clientélisme, et abandonnent le peuple sur le bord de la route. C’est donc d’abord à eux que doit s’adresser la Nouvelle Conscience de PIK, avec analyse approfondie des raisons de l’échec du Changement, que le peuple, enthousiaste, a adopté en 2006, avant de découvrir en son initiateur un despote amateur d’assassinats. Or nul n’imagine Pascal Irénée Koupaki, chevalier de la nuit et acteur du malheur du peuple.
​ Et l’espoir placé en lui se renforce à l’idée que l’audace monstrueuse du Chef de l’Etat le 4 mai 2015 a révélé chez beaucoup un début de nouvelle conscience en acte et opéré chez PIK un déclic. Le peuple debout. Debout à ses côtés le premier Président de l’ère du Renouveau démocratique. Pour dire non à la déstabilisation du pays. PIK sort de sa réserve légendaire et va porter son soutien au député désigné par le Chef de l’Etat comme son ennemi à abattre. PIK prend ensuite sa plume, écrit et fait diffuser : ‘‘J’attire l’attention des dirigeants de notre pays sur la responsabilité qui est la leur…’’ Oui, la responsabilité en politique. ‘‘Un leader politique doit être moralement fort…’’ Oui, la morale en politique.
Et nous voulons PIK désormais présent. Puisse le volume 4 de ses Livrets Bleus ne pas être celui d’un exécutant parfait épris de morale, mais celui du leader debout, en vigilance et résistance avec le peuple, un leader épris de responsabilité et de morale en politique.