Plus d’une quarantaine de prétendants sont cités comme candidats à la présidentielle dont le premier tour est prévu pour le 28 février 2016. Mais parmi eux, seule une poignée de prétendants se présentera comme de sérieux candidats à la succession du Président Boni Yayi en avril prochain. Ils ont divers profils : politiciens, technocrates, banquiers, indépendants, hommes d’affaires....
Zoom sur les prétendants favoris au Palais de la Marina.

Abdoulaye Bio Tchané

Ancien ministre de l’économie et des finances, Abdoulaye Bio Tchané (ABT), a un parcours élogieux dans les milieux financiers au niveau régional et international. L’ex-fonctionnaire du FMI et ancien Président de la Boad est le seul parmi les favoris à se présenter à une élection présidentielle au Bénin. Sa participation au scrutin de 2011 lui a valu la troisième place derrière Adrien Houngbédji et Boni Yayi. Le leader de l’ABT, Alliance pour un Bénin triomphant (devenue Avenir pour un Bénin triomphant) est aujourd’hui très engagé dans la course avec plusieurs députés, des maires et plus d’un millier de conseillers communaux. Pour ABT, l’heure de la victoire est proche.

Eric Houndété
Le député Eric Houndété a un parcours atypique sur la scène politique nationale. Tout a commencé dans les années 90 lorsque le jeune informaticien s’est engagé dans le Mouvement pour une alternative du peuple (MAP) aux côtés de Lazare Sèhouéto, Christian Lagnidé et autres camarades de sa génération. Leur slogan : « MAP ! Gagner l’avenir ! » Le parti va devenir plus tard Force Clé.
L’honorable Houndété qui est au Parlement depuis quatre législatures s’est fait remarquer surtout à travers les questions orales et le contrôle de l’action gouvernementale. Il force aussi bien l’admiration des acteurs de l’opposition que de la mouvance. Désormais, son avenir politique est tracé. Houndété qui n’a jamais occupé de poste dans un gouvernement rêve de devenir Président de la République. Il n’attend que les primaires de l’UN pour se lancer dans la course. Selon des sources concordantes et vu le profil et le parcours de la personnalité, le député Eric Houndété a la faveur des pronostics pour être désigné le porte-flambeau de cette alliance de partis de l’opposition pour briguer la magistrature suprême.

Pascal Irénée Koupaki
L’ancien ministre des finances et Premier ministre de Boni Yayi n’a qu’un rêve : devenir Président de la République. L’ex fonctionnaire de la Bceao se comporte aujourd’hui comme un technocrate sur la scène politique nationale. Après avoir flirté avec le régime, il prône aujourd’hui la « Nouvelle conscience ». Très apprécié pour sa rigueur danse la gestion des affaires de l’Etat, beaucoup de citoyens estiment que son départ du gouvernement a conduit l’économie nationale dans le gouffre. Il a beaucoup de soutien dans les milieux d’affaires pour sa campagne et mène selon plusieurs sources, une précampagne sans trompette et sans tambour, sûr de concrétiser son rêve.

Léhady Soglo
C’est l’héritier politique de la famille Soglo. L’adjoint au maire devenu maire de Cotonou rêve de devenir Président de la République comme son père Nicéphore Soglo (1991-1996). Son handicap aujourd’hui est que le parti la Renaissance du Bénin (RB) qu’il dirige est en perte de vitesse et perd du terrain. Pour atteindre son objectif, il va falloir aller en alliance avec les grands partis politiques qui s’activent sur le terrain. Il pourrait compter sue les Fcbe pour concrétiser ses ambitions mais ce n’est pas une garantie parce que le Président sortant est imprévisible et peut porter son choix sur d’autres candidats pour préserver ses intérêts.

Robert Gbian
Le général Robert Gbian est un candidat sérieux à la présidentielle. L’ex directeur du cabinet militaire de la présidence de la République mobilise des soutiens à travers le pays pour succéder à son chef, le Président Boni Yayi. Il a réussi à se faire élire député grâce à l’alliance Soleil avant de se faire hisser au poste de deuxième Vice-président de l’Assemblée nationale. Désormais fort de ses soutiens le général à la retraite se bat pour devenir le chef suprême des armées. Un pari qu’il tient à gagner à tout prix.

Komi Koutché
Membre influent des Forces cauris pour un Bénin émergent FCBE (alliance au pouvoir), Komi Koutché est le plus jeune parmi les favoris au Palais de la Marina. L’actuel ministre des finances rêve de devenir le dauphin de Boni Yayi. Il a raté de justesse d’être élu en mai dernier président de l’Assemblée nationale. Mais l’atout de son jeune âge peut aussi constituer un handicap pour sa candidature. Il n’aura pas 40 ans au moment du dépôt de sa candidature comme le stipule la Constitution. En cas d’un éventuel rejet de sa candidature, le parti au pouvoir ne manquera pas de trouver un autre joker. Et pour cause, les FCBE sont encore très influentes sur le terrain bien que leur leader charismatique soit en fin de mandat.

Sébastien Ajavon
Le nom du patron du patronat béninois est de plus en plus cité comme candidat pour la prochaine présidentielle. L’intéressé ne crachera pas sur le morceau même s’il n’a pas encore confirmé ou infirmé l’information. Après ses déboires avec le gouvernement Yayi, il y a eu ces derniers mois, un rapprochement entre lui et le Chef de l’Etat. Le PDG de Cajaf Comon a fermé plusieurs entreprises et délocalisé ses activités dans les pays de la sous-région. Le milliardaire tranquille a beaucoup de soutiens dans les milieux d’affaires et les réalisations de sa fondation séduisent les populations surtout dans les zones défavorisées. On entend dire, que fort de ses atouts, qu’il veut aussi s’engager dans la course présidentielle pour traduire son rêve en réalité.

Patrice Talon
Le roi du coton béninois sera l’un des poids lourds de la présidentielle 2016. Il a été le bras financier de l’élection en 2006 de Boni Yayi et de sa réélection par KO en 2011, avant d’entrer en disgrâce avec son mentor. Son retour d’exil est annoncé pour le week-end prochain. Celui qui a été cité comme l’instigateur des affaires tentatives de coup d’Etat et d’empoisonnement du Président Boni Yayi risque de peser sur l’alternance au pouvoir en 2016. Certains le traitent de revanchard mais sur le terrain ses supporters et sympathisants ne manquent pas d’arguments pour le présenter comme le favori des favoris. Mais il y a un obstacle qu’il doit franchir à son retour d’exil. Il s’agit d’une affaire de gestion de fonds à payer aux cotonculteurs que ses détracteurs exhibent pour lui barrer la route. Le puissant opérateur économique qui a vu pire que çà pourrait bien se tirer d’affaire.

Lionel Zinsou
Il apparaît comme un intrus dans la course à la présidentielle de 2016. Financier de renommée internationale, la nomination de Lionel Zinsou au poste de Premier ministre a suscité beaucoup d’espoir dans les milieux diplomatiques et d’affaires. Ses détracteurs le présentent comme un candidat « Made in France ». Sa présence dans l’arène du pouvoir gène beaucoup de prétendants qui rêvaient de devenir le dauphin de Boni Yayi. N’étant ni de près ni de loin mêlé aux scandales financiers qui défraient la chronique avec la gouvernance qui s’achève, des barons du pouvoir en place et bien d’autres présidentiables craignent qu’il leur ravisse la vedette. 
Comme on peut le constater, la bataille s’annonce rude pour la succession à Boni Yayi. On est loin du KO de 2011 vu la correction de la Liste électorale permanente informatisée et la vigilance des acteurs impliqués dans l’organisation des élections.

I. F./Le Grand Matin