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Le phénomène de la mendicité des enfants dans les rues reprend de plus belle à Cotonou. Ils errent à longueur de journée le long de la Route des pêches, dans la zone du supermarché Erevan, sur la plage et autres endroits très fréquentés.
Regard pensif, les bras croisés, le petit Adama âgé de 11 ans est adossé contre un mur, non loin d’un bar au carrefour Houénoussou. Alors que le soleil disparaît sous l’horizon, Adama est à la recherche de quelques pièces d’argent pour apaiser sa faim. Il s’approche par moment des passants, motocyclistes et conducteurs de voitures pour tenter sa chance. A son âge, la rue est devenue son seul foyer et la mendicité son unique espoir de survie. Il fait partie de la triste réalité des enfants sans-abri qui recolonisent peu à peu les rues de la ville de Cotonou. Ils sont de plus en plus aperçus le long de la Route des pêches, dans la zone du supermarché Erevan sur la plage et d’autres très fréquentés. Certains parmi eux dorment à la plage et se contentent des petits boulots mais surtout de la mendicité.
Il y a deux ans, l’association Main d’Espoir s’est intéressée au bien-être des enfants de la rue après la rencontre de Hervé Aguebozo, ancien enfant de la rue. Ayant pu s’en sortir, il s’est fait le devoir d’aider comme il peut ses camardes de la rue. Il tient chaque samedi à la plage de Erevan, une séance de Rugby avec eux et leur prodigue des conseils.
Grâce à des sponsors, l’association Main d’Espoir a pu parrainer un certain nombre d’enfants. « On a décidé d’ouvrir la Maison de l’Espoir et de recréer une ambiance familiale. On a commencé la première étape, c’était de placer des enfants en apprentissage. Le but c’est qu’en sortant de la maison qu’ils soient autonomes. Avant d’intégrer les enfants à la maison, on a demandé l’accord de chaque parents », a confié Gaëlle Hazoumè, première responsable de l’association Main d’Espoir. Sur 15 enfants parrainés, poursuit-elle, il y a 3 qui ont voulu retourner dans la rue. « On ne pouvait pas les retenir. Ils sont retournés dans la rue. Après quelques mois, ils sont revenus et on ne pouvait plus les reprendre », a-t-elle indiqué.
Depuis près de 10 ans, l’association Main d’Espoir mène des actions en faveur des orphelins à travers la distribution des kits scolaires dans les écoles, la célébration de la fête de Noël avec les enfants, l’ouverture d’une cantine dans une localité du département de l’Ouémé etc.
S’occuper des enfants de la rue a été pour la Maison de l’Espoir, une véritable case tête. Selon la responsable, il est très difficile d’assurer l’éducation des enfants de la rue. « On sort facilement les enfants de la rue mais sortir la rue de leur identité, c’est là qu’il y a le défi et le vrai travail », a souligné Gaëlle Hazoumè.
A la Maison de l’espoir, les enfants ont comme repère leur coach Hervé. « Il tisse un lien social avec eux. Il a appris à les connaître, à cerner un peu leur caractère. Ils ont une figure emblématique de quelqu’un qui lui-même a été dans la rue et qui s’en est sorti. L’essentiel pour moi, c’est de garder cette relation sociale », a-t-elle confié. La Maison de l’Espoir dispose aussi d’un centre de formation au profit des jeunes filles et femmes ainsi qu’une classe d’alphabétisation pour les enfants. Récemment, elle a ouvert son atelier de couture.
Nécessité de renforcer les actions
Les enfants de la rue sont confrontés à une multitude de défis quotidiens qui compromettent leur bien-être et leur avenir. Ils s’adonnent très tôt à la consommation de stupéfiants, à la violence et apprennent à former des gangs. Cette situation n’est que le résultat de divers facteurs tels que la pauvreté, les conflits familiaux, les déplacements forcés etc.
Des associations telles que Terres rouges Bénin, Citoyen des Rues mènent aussi des actions en faveur des enfants et jeunes en danger dans la rue. Ces associations sont confrontées à des défis à savoir ; le manque de ressources financières, l’absence de coordination entre les acteurs etc. Elles ne bénéficient non plus du soutien du gouvernement béninois. « On se débrouille pour trouver du financement. Ce sont pour la plupart des dons des entreprises françaises et des particuliers. S’occuper des enfants de la rue, c’est une grande responsabilité », a affirmé Gaëlle Hazoumè.
Pour surmonter les nombreux défis, il est nécessaire selon elle d’adopter une approche concertée impliquant le gouvernement, les ONGs et les communautés locales. « Je souhaite l’organisation d’une table ronde avec les responsables à divers niveaux. On fait une table ronde et on trouve ensemble des solutions. Le Bénin ne peut pas toujours copier sur les autres modèles. (…) il faut aider des gens comme nous, avec l’appui du gouvernement. Il faut aussi que les acteurs du domaine travaillent ensemble », a suggéré la première responsable de l’association Main d’Espoir.
La question des enfants de la rue au Bénin nécessite une réponse multidimensionnelle. Il reste encore beaucoup à faire pour garantir le bien-être et l’intégration sociale de ces enfants. En attendant des mesures concrètes, les enfants qui n’ont pas la chance de se faire aider continuent leur vie sans avenir dans les rues de Cotonou.
Akpédjé Ayosso
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