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Cela devrait être un truc de femme, exclusivement. Mais c’est devenu presque la chose de leur ennemi juré, le mâle. L’évidente est là que le 08 mars subi désormais une vaste récupération voire usurpation. C’est devenu, sous certains cieux, le jour de la polémique, de la controverse, de la diatribe. Des inégalités, on n’en parle que très peu puisque sont conviés aux célébrations des gens qui n’ont aucun intérêt à une véritable révolution en la matière. Où a-t-on déjà vu quelqu’un invité son adversaire direct à l’élaboration de la stratégie de combat ? Pareille incongruité n’est possible que lors de la journée internationale de la femme. Par un subtil jeu d’hypocrisie, les initiateurs se sont gardés de désigner l’ennemi du mal-être des femmes qui n’est rien d’autre que le mâle arrogant et totalitaire. Ce devrait être, logiquement, une journée internationale contre le mâle. Ce mâle oppresseur auteur de tous ces us et coutumes à l’origine de la résolution de l’ONU de mars 1977. Malheureusement, cette journée n’a pu échapper à l’hystérie du crime sans coupable désigné.
Chaque année, cohabitent les criminels et leurs bourreaux dans une idylle ubuesque dont seule la communauté internationale a le secret. Passée la fausse pudeur des premières années, le mâle se remet à tirer à boulets incandescents sur cette condescendance dont il ne semble jamais avoir été sincèrement consentant. Dans de nombreuses contrées comme le Bénin, la marche de l’émancipation de la femme s’est limitée à des mesures cosmétiques telles que la ratification par le parlement des conventions abolissant toute discrimination à l’égard des femmes, la suppression de la "polygamie légale", le droit de vote, l’égalité de droit notamment dans l’administration publique etc... Une avancée aussitôt atténuée par des pratiques presque officialisées comme la polygamie informelle, le droit de cuissage, les pesanteurs sociologiques ouvertement admises. Comme toujours en ces circonstances, il s’est trouvé quelques femmes pour servir de caution à la perpétuation de cet ordre établi ou rétabli.
Pour des questions de parallélisme des formes, il convient de retourner à l’ONU pour corriger ce qui peut encore l’être. Peut-être remplacé le 08 mars pas une journée internationale contre (ou sans) le mâle. Un moyen de rétablir, effectivement, l’exclusivité de la femme dans la gestion de la célébration, de la manifestation et de la rentabilisation de cette journée. De quoi donner échos au coup de gueule de mon confrère Henri Ndah Sekou qui s’indignait sur son mur facebook de constater combien des mâles s’enrichissent par le truchement de cette journée à travers les mirobolants budgets consacrés à cet effet. La journée sans mâle ferait que budgets, gadgets, tissus, discours, réjouissances retourneraient désormais aux bénéficiaires seules et à personne d’autres surtout pas à leurs adversaires naturels. A elles alors de proposer les formulations à négocier certes mais après avoir nettement distingué les lignes de fracture entre les deux camps.
Assurément, des pays ont pu réaliser des bonds prodigieux dans la réduction de ces lignes de fractures entre les deux belligérants (mâle et femelle). La parité acquise dans la représentativité homme-femme au sein des institutions de la République au Rwanda en si peu de temps en est une illustration. Mais des États- tricheurs comme le Bénin méritent une coercition spéciale à la manière d’une "journée internationale sans mâle". Sankara avait tenté la méthode d’inversion des rôles le temps d’une journée en contraignant les mâles à faire les emplettes au marché ou à faire la cuisine. Mais la trouvaille s’est révélée folklorique et trop démonstrative. Pour éviter la répétition des jamborees sans lendemain, chaque 8 mars, il faut en venir à l’initiative exclusivement réservée aux femmes, excluant toute espèce de masculinisation. La confusion des genres chaque 08 mars n’arrange qu’un sexe.
Femelle à part, mâle à part donc...
Par Arimi Choubadé
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