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Six mois après son entrée en fonction, Patrice Talon, sollicité sur plusieurs fronts, le nouveau Chef d’État élu au Bénin a plusieurs défis à relever. S’il a réussi à contenir les ardeurs vengeresses de son prédécesseur, le cas Lionel Zinsou sera par contre difficile à gérer. Et pour cause.
Le franco-béninois Lionel Zinsou ancien premier ministre du Bénin n’a certainement pas dit son dernier mot après les élections présidentielles. Malgré son échec à la présidentielle de mars 2016 aux côtés des Fcbe, Lionel Zinsou continue de faire l’actualité. Chaque sortie médiatique sur les ondes hexagonales de l’économiste franco-béninois est scrutée sous tous les angles. Beaucoup de ses électeurs et partisans n’arrivent visiblement pas encore à conjuguer au passé le court passage politique de ce personnage particulier et atypique dans son pays d’origine. Il avait suscité tant d’espoirs. Il était pour ses admirateurs partisans et sympathisants celui qui incarnait le salut du développement au Bénin. Venu presque à la dernière minute dans une bataille présidentielle engagée de longues dates par les principaux protagonistes, l’ancien Premier ministre , qui n’a pas démérité au demeurant, a raté le coach de très peu. L’intérêt que ses allers-retours et sorties politique suscite aujourd’hui, s’explique en partie par le désir de nombre de ses concitoyens de le voir animer fièvrement le landerneau politique local, d’occuper l’espace médiatico-politique, et, pourquoi pas, de constituer le chef de fil d’une certaine opposition à Patrice talon et son régime. En ligne de mire, la présidentielle de 2021 pour voir, à défaut d’un remake de l’élection de mars dernier, une confrontation entre Lionel Zinsou et l’un des lieutenants de Patrice Talon. Car, au fond, ce qui plaît chez Lionel Zinsou, c’est l’envergure de sa culture économique et son entregent, qui ne peuvent laisser indifférent. D’aucuns, auraient souhaité qu’il en fasse largement profiter à son pays. Mais le hic, c’est que Lionel Zinsou, trop sollicité de par le monde, et surtout apprécié par ses amis de la classe politique française, ne peut jouer ce rôle longtemps. En tous cas, pas dans les termes actuels, et de sitôt. Le passage de 2015 était presque un accident de parcours pour cette éminence grise bien introduit dans les milieux d’affaires internationaux. C’était un passage pas assez bien mûri, instrumentalisé et destiné à effacer les erreurs et nombreuses aberrations vécues les dix dernières années. L’échec fut d’autant plus fracassant, que beaucoup de ses compatriotes ont eu du mal à comprendre qu’une intelligence aussi pointue qu’exceptionnelle, puisse se laisser convaincre et embarquer dans une aussi vilaine aventure.
Du bout des lèvres
Yayi Boni n’avait pas fini de régler ses comptes avec son peuple, et Lionel Zinsou ne devrait pas accepter de se compromettre à ce point à ses côtés. Dans l’entretien accordé à nos confrères de la Bbc le weekend écoulé, tout au plus, Lionel Zinsou a accepté d’endosser un rôle politique. Du moins, s’il était ponctuellement sollicité pour faire valoir son expertise. « Je ne vois pas la politique comme un métier ; mon métier c’est banquier des affaires », a-t-il rappelé. Il faut donc comprendre Lionel Zinsou. Il porte son pays dans le cœur, mais a des envies d’ailleurs. Il faut en quelque sorte lui « foutre » la paix. Les anciens barons et affidés du "yayisme" doivent se retenir pour le dire. On ne s’improvise pas politicien, et à plus forte raison, dans un contexte politique étriqué que celui du Bénin, où tous les coups sont permis. On devrait utiliser autrement les qualités de Lionel Zinsou, pas en l’embrigadant dans les liens pervers et inefficaces de la politique politicienne. Ce serait faire du tort à cet immense talent.