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Connaissez-vous le pays où il est presque impossible d’organiser un scrutin, quel qu’il soit ? Motif : absence de fichier électoral utilisable. Sans qu’on ne sache quand est-ce que cet outil pourrait être disponible. Cela se passe au Bénin, berceau des conférences nationales en Afrique, modèle de démocratie. Imaginez-y une vacance du pouvoir à l’instar de ce qui s’est passé au Ghana ou au Venezuela, ou encore au Vatican ! En effet, si Yayi devrait quitter la Marina précocement – non par empoisonnement, encore moins par coup d’Etat – mais pour des raisons évoquées par la constitution en son article 50 (décès, démission, empêchement définitif). le pays serait alors incapable de pourvoir à son remplacement dans les délais constitutionnels c’est-à-dire 45 jours.
Non seulement il n’existe pas de fichier électoral fiable, mais le mécanisme de son élaboration ou de sa correction a été rendu quasiment inextricable par la Cour constitutionnelle. Le fichier ayant réalisé le consensus durant 20 ans a été frappé irrémédiablement d’indignité pendant que celui contesté par les acteurs de tous les camps a est érigée en principe biblique. On se retrouve finalement dans une démocratie en quarantaine de toute élection, quelle qu’elle soit, pour une durée indéterminée, du fait du défaut de fichier électoral crédible et acceptable de tous. La Cour constitutionnelle, elle-même, intraitable lorsqu’elle sacralisait l’instrument des K.O. électoraux en 2011 ne semble plus convaincue de son infaillibilité moins de 2 ans plus tard.
De la révolution de son processus électorale, le Bénin ne retient que le blocage total dont la première victime n’est rien d’autre que les élections municipales. En dehors de la certitude que le scrutin ne saurait avoir lieu, à bonne date, comme promis par le chef de l’Etat, aucun acteur ne se hasarde à pronostiquer la moindre échéance plausible. Les plus optimistes évoquent 6 mois de retard sur le calendrier initial, sans grande conviction. L’incertitude tient son fondement de l’ampleur du chantier. La fameuse Liste électorale permanente informatisée (Lépi) poserait plus de problème à sa correction que lors de son élaboration. Il fallait d’abord s’entendre sur sa matérialité (son existence physique), l’étendue des imperfections, le profile des correcteurs éventuels, le délai convenu avant d’envisager la programmation du scrutin.
Rien ne garantit qu’au bout de ce labyrinthe s’ouvrirait de nouveau la possibilité pour le Bénin de tenir des élections moins scabreuses que celle de 2011. On serait curieux de voir la tête de tous ceux proclamaient que l’avènement de la Lépi ferait entrer le pays dans une ère de transparence, de fiabilité, de paix et d’équité dans les scrutins. Des dizaines de milliards de FCfa engloutis dans un truc qui aurait pu couter à ce havre de la paix des tourments très douloureux n’eut été la légendaire passivité des Béninois. Pendant ce temps, des hôpitaux manquent de kits pour la césarienne, des élèves prennent des cours assis à même le sol, des campagnes sont coupées du reste du pays du fait des pistes défoncées, trois repas quotidiens continuent d’être un luxe inaccessibles pour des milliers de ménages à travers le pays.
Le plus ubuesque dans l’histoire c’est que personne n’emporte la responsabilité de ce grand désordre. Oui ! Il y a des milliards à jamais perdus par la nation. Oui ! Le pays ne peut plus organiser des élections. Oui ! Des millions de citoyens ont perdu leur droit de vote. Mais personne n’est responsable de tout ça. Au contraire, les mêmes députés, les mêmes partenaires techniques et financiers, les mêmes acteurs de l’impasse, à quelques nuances près, se retrouvent au chevet de ce qu’ils ont si mal fait. Sous le contrôle des mêmes sages de la Cour constitutionnelle. Ce qui donne envie de dire qu’on se rapproche davantage des mêmes résultats.
En attendant, c’est tout le Béni qui a perdu le droit de vote !!!
arimi choubadé arimi.freehostia.com
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